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Auroville, reformuler le monde

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Auroville, reformuler le monde

Auroville, capitale du Rêve
Auroville, capitale du Rêve

Lorsque Sri Aurobindo arrive à Pondichéry dans les années 1910, rien ne laisse deviner l’ampleur du mouvement spirituel qui l’accompagne. Poursuivi pour  »Nationalisme » par les Britanniques, il quitte Calcutta pour rejoindre les comptoirs français.

Après de bonnes études en Angleterre, Sri Aurobindo (1872 – 1950), fils de médecin Indien, exerce le métier de journaliste à Calcutta. Ses articles dérangent et remuent l’opinion. Le gouvernement Anglais veut le faire taire. Accusé d’avoir fomenté des attentats – ce que Sri Aurobindo a toujours nié – il est incarcéré en mai 1908. En prison, au-delà des humiliations, des privations et des murs, il approfondit sa découverte de la dimension spirituelle de la vie.

Libéré depuis le 30 mai 1909, des rumeurs de nouvelles poursuites s’amplifient en juillet. Sri Aurobindo embarque pour Chandernagor en février 1910 avant de rejoindre Pondichéry. Du simple Ermitage créé en 1914 et qui attire de plus en plus de disciples va naître un grand Ashram. La pensée du Sage inspire une forme de yoga qu’il nomme  »Yoga Intégral » où la transformation de l’être, comme dans le Zen, passe par le silence et la vacuité*. En résumé, autour des êtres vivants une force cosmique, divine, cherche à s’incarner. Pour l’accueillir, le cerveau humain doit se libérer du vacarme intérieur. Cette attitude méditative, vraisemblablement anti-stress, peut aussi accompagner divers instants de la vie, en marchant, en travaillant.

Comme une marée, cette force lumineuse arrive par vagues d’intensité croissante pour préparer l’incarnation d’une énergie de transformation et d’évolution nommée  »Supra-Mental » par Sri Aurobindo. En 1920 Mirra Alfassa (1878 – 1973) arrive à Pondichéry après des années de recherche dans le monde de la spiritualité. Pour la jeune française d’origine juive, c’est le choc.

Cet homme, ce Maître, dont elle a si souvent rêvé et qu’elle a dessiné sans jamais le voir, existe bien. Instantanément elle sait que son destin se révèle, sa vie commence vraiment ici à 42 ans. Rapidement, tout le monde l’appelle Mère. Son sens de l’organisation lui permet d’organiser l’Ashram pour assurer le quotidien des disciples et accueillir les nombreux visiteurs. Lieux de travail, de production et de vie, cliniques, guest-houses (hôtels simples) fleurissent.

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Après la disparition de Sri Aurobindo en 1950, la Mère réalise leur idée d’Auroville. Une cité expérimentale, sans argent, sans police, où rien n’appartient à personne en particulier. Un laboratoire où les aspirations et les inspirations des participants relèvent d’une  »Divine anarchie » pour une société nouvelle en accord avec la Nature, libre, harmonieuse et sans violence. Auroville a été inaugurée en 1968 sous l’égide de l’Unesco.

Des liens existent avec le gouvernement Indien mais aussi avec le Conseil de l’Europe et différentes organisations internationales. Résolument tournée vers l’écologie, Auroville entre maintenant dans sa phase de reconnaissance comme en témoignent les nombreux colloques et congrès réunissant des personnalités du monde entier. L’expérience ne fait que commencer car l’argent reste un problème et la police exerce une présence discrète. Comme dans toute société humaine, des conflits germent périodiquement.

Aux débuts agités d’Auroville, quand une personne quittait son habitation pour plus de 6 mois, tout nouvel arrivant pouvait s’y installer. Maintenant, il faut s’absenter plus de 5 ans pour rendre libre la maison ou la case. Cependant, la réflexion continue pour de nouvelles adaptations. Et l’espoir reste vif car les Aurovilliens ont déjà réussi à transformer cette terre rouge et aride en forêt.


Auroville, une cité dans la forêt

Prévue pour accueillir 50 000 habitants, Auroville compte actuellement 1700 résidents. Mais près de 250 000 villageois vivent autour.

La cité expérimentale est une source de travail pour les indiens Tamouls. Principalement des activités manuelles de construction, de jardinage mais aussi du gardiennage et de l’entretien. Certains ont cru voir là un nouvel esprit des colonies. Erreur, car dans les années 70 – 80 la question de la vie en harmonie des aurovilliens, principalement occidentaux, et des paysans Tamouls se trouvait au centre des préoccupations afin d’éviter tout rejet ou évènement dramatique. Et le Consulat de France à Pondichéry réfléchissait à une éventuelle organisation des secours. La solution est venue de l’équilibre par le travail, avec salaires plus élevés que la moyenne d’alors, et par la mise en place d’écoles et de centres de santé ouverts à tous.

En raison de leur défaut de scolarité, les villageois adultes ne peuvent prétendre encore qu’à des emplois de base mais leurs enfants accèdent peu à peu à toutes les possibilités du monde du travail. D’autre part, le territoire d’Auroville n’était qu’une terre désertique dont personne ne voulait à ses débuts. Irrigation, plantations, les Aurovilliens en ont fait un ensemble de jardins puis une forêt, avec l’aide des villageois. Grâce au taux d’humidité entretenu par la végétation, Auroville bénéficie d’une température inférieure de 2 à 3 degrés par rapport à Pondichéry.

Armelle Luz


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