RENAÎTRE AU TEMPLE PROMANI
Samedi 11 octobre 2008
Au Temple Promani, dans la grande banlieue de Bangkok, haut lieu du bouddhisme thaïlandais, il est question de dévotion, de prières et d’offrandes mais pas seulement…Ici, on pratique aussi la résurrection.
« Moi, je viens renaître ici pour avoir du succès dans les affaires ou avoir les bons numéros à la loterie » dit Sopon, un homme d’affaires de Bangkok. Ce temple bouddhiste n’est, en effet, n’est pas comme les autres. Ici, on meurt et on renaît, symboliquement, en une minute, pour se racheter une conduite ou s’attirer les bonnes grâces du destin. Ce matin là, plus de trois cents thaïlandais de tout horizon sont candidats. Le personnel du temple en profite pour vendre quelques amulettes porte-bonheur. Le succès est garanti.
Monsieur Sopon, l’homme d’affaires, est le premier à passer de vie à trépas. Il a une certaine expérience du rituel et des cercueils. C’est, en effet, la cinquième fois qu’il vient. Chaque résurrection s’est accompagnée selon de lui d’une période faste. Les bonzes veillent à la bonne marche des opérations. Tout est parfaitement organisé. Les candidats défilent par groupes de neuf. Ils passent d’une vie à une autre en moins d’une minute. Voici d’ailleurs le nouveau monsieur Sopon. Un homme qui a investi sur son avenir en s’acquittant auprès des moines, du forfait obligatoire pour renaître. Une somme minimum d’un euro mais qui peut atteindre des montants importants. Sopon est formel : « Je me sens vraiment neuf. Je suis prêt pour commencer une nouvelle vie… »
Les revenus générés par les dons au temple se chiffrent en dizaines de milliers d’euros par an, Une manne bien gérée par le moine supérieur. Qui accepte volontiers de bénir les participants, en l’échange d’une nouvelle offrande… Le moine supérieur le concède volontiers « Notre cérémonie des cercueils a beaucoup de succès. Elle permet aux commerçants et même aux étudiants de réussir leurs examens. Explique-t-il… Mais vous savez cela ne suffit pas pour avoir de la chance, il faut aussi bien prier le bouddha. C’est aussi très important ».
Entre Bouddhisme et superstition, ils sont des centaines à se presser ici, en période de crise économique, pour, comme je viens de le faire, mourir et renaître, pour un euro.
Par FRANCE 24 (texte) / Cyril Payen (vidéo)