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Carnet de voyage de deux tahitiennes à Sarnath

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Carnet de voyage de deux tahitiennes à Sarnath

(extraits)

Après le récit très apprécié de Nicole qui nous a transporté en Inde le mois dernier, nous vous proposons d’y retourner grâce à Shanti et Marie-Claude qui ont eu la gentillesse de partager avec nous quelques extraits de leur carnet de voyage.

« En raison de contraintes liées aux avions, nous sommes arrivées à Delhi huit jours avant nos compagnons de voyage. Nous devions les retrouver à la gare. Nous pensions repérer facilement un groupe d’occidentaux dans une salle des pas perdus. Ce fut plutôt une « équipée sauvage » à travers une foule compacte, pressée, qui avait l’air de savoir où elle allait ; nous non.

Sarnath
Sarnath
Nous les avons trouvés. Nous avons été chaleureusement accueillies et baptisées « tahitiennes ». Installées confortablement dans le train, gavées, heureuses, notre béatitude fut interrompue par l’arrivée saisissante du contrôleur et de son second. Le chef exigea de nous les billets en possession d’Elisabeth 1ère, installée plusieurs wagons plus loin, le groupe ayant été dispersé. 
Essais d’explications, en vain, un dialogue de sourds s’installe alors que le compartiment réprime un fou-rire. Marie-Claude va chercher de l’aide auprès de Françoise et d’Elio. Le contrôleur intraitable ne veut rien entendre. La situation s’enlise, les voyageurs pouffent. Enfin, son adjoint décide d’aller
trouver Elisabeth et le calme revient.


L’arrivée à Bodh Gaya étant prévue à 4h du matin, le groupe se réveille à 3h30, rassemble les bagages (encombrants), traverse le wagon en dérangeant peu ou prou les autres voyageurs. Nous commençons à descendre sur le quai, quand un « Péma frigorifié » nous apprend que nous ne sommes pas arrivés à destination, le train ayant pris beaucoup de retard. Nous essayons de regagner nos places, celles de nos compagnons étant déjà occupées par des « coucous dormeurs ». Nous nous regroupons et attendons l’arrivée en somnolant…

Vers 11h, nous sommes accueillies au temple par une foule pieusement rangée, moult forces de l’ordre : c’est le Karmapa qui quitte les lieux après le « Kagyu Monlam ». Nous avons eu le bonheur de le voir de près. « Khora » dans le site, sous l’égide d’Elio, foule nombreuse et dévote, laïcs et religieux occupés à accomplir de grandes prosternations. Toutes les formes du bouddhisme sont en communion : tibétains, sri-lankais, coréens, thaïlandais. Au dehors : cohorte de marchands de toutes sortes ; mendiants, estropiés, lépreux… En soirée, nous retournons au temple, pour une offrande de lumières.

Première bénédiction : départ de l’hôtel sous la pluie, nous sommes les derniers à quitter le site et la pluie s’arrête.

Le lendemain, nous assistons à un moment du « Kagyu Monlam » ; nous avons le privilège d’être installées par un jeune moine du service d’ordre, très ferme mais très souriant au demeurant, dans l’escalier face au trône du Karmapa sous l’arbre de la bodhi…

Que dire de Sarnath ? Il est difficile de traduire l’intensité de ce moment de bonheur lorsqu’on se trouve auprès de Sa Sainteté. Le premier jour des enseignements, deuxième bénédiction, il pleuvait sur les champs, sur la longue file d’attente des pèlerins, sous les bâches, le sol où nous avions posé nos coussins était détrempé, les gouttes du ciel emportaient l’encre des notes.

Prières, ferveur, enseignements, distribution de thé au beurre et de pain à la pause du matin, petits pains tibétains tout chauds à la pause du midi… Les jours passent trop vite… notre petit groupe se rapproche de l’estrade, nous entendons mieux la traductrice, nous en voulons juste un peu à quelques larges dos (des lamas, des rinpochés peut-être) qui nous masquaient parfois le visage de Sa Sainteté.

Summum de joie pour les étrangers, le Dalaï Lama, annonce le 12 janvier qu’il recevra ceux-ci le lendemain à 7h30 dans le parc du monastère. Il commence alors par se rapprocher de nous, avant de s’exprimer, puis se prête à une séance potos, dans un enthousiasme, difficilement descriptible. Nous retournons aux enseignements sur un petit nuage. ..

Autre fait remarquable, lors des initiations de Tchenrézi, Tara Blanche et des prières de longue vie pour le Dalaï Lama, les corbeaux couvraient parfois de leurs cris stridents la voix de la traductrice. Les enseignements se terminent, nous nous rendons compte que nous nous sommes intégrées aussi facilement à la foule des 40 000 auditeurs que dans le petit groupe si sympathique de Kalachakra.

Apprenant que Lama Zopa doit rencontrer les enfants de l’école du centre, nous décidons d’y aller. Le lieu est décoré de mandalas, d’arches fleuries, d’œillets d’Inde, notre attente sera vaine, Lama Zopa est retenu auprès d’un malade.

Notre dernière journée à Sarnath fut consacrée à une visite de la vieille ville de Varanasy et des ses ghats…

A la tombée de la nuit, une promenade en barque sur le Gange nous donne l’occasion de faire une offrande de lumières et de voir les petites flammes de notre groupe danser sur l’eau dans l’obscurité, un moment en dehors du temps et de l’espace. Il faut avoir assisté, du fleuve, à l’offrande de lumières des brahmanes sur les ghats, pour comprendre la beauté mystique de l’Inde, berceau de si grandes religions.

Ce moment, nous l’avons revécu le lendemain soir, presque par inadvertance, quand nous nous sommes retrouvées dans le petit temple de BodhGaya au milieu de moines tibétains qui psalmodiaient un office du soir, ces voix qui résonnaient étrangement profondes nous ont transportées.

Merci à Kalachakra de nous avoir donné l’occasion de vivre ces moments. »

Centre Kalachakra

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