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Quand le bouddhisme vient en aide au cadre dirigeant

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30.01.2009

Martine Boulart, coach, auteur de Coacher avec le bouddhisme (Eyrolles).
Martine Boulart, coach, auteur de Coacher avec le bouddhisme (Eyrolles).
Trois questions à Martine Boulart, coach et auteur de Coacher avec le bouddhisme aux éditions Eyrolles.

Qu’est-ce que le bouddhisme peut nous enseigner en matière de leadership ?

La confusion, l’insatisfaction, la colère, l’orgueil et la jalousie sont les cinq émotions de base selon la psychologie bouddhiste. Et ce sont aussi des états bien connus des cadres en entreprise ! Le bouddhisme a une pratique millénaire de l’introspection et peut enrichir la philosophie occidentale, basée sur l’action. Ce travail n’a rien de superficiel : en entreprise, tout part des émotions, ce sont elles qui conduisent à la motivation, la démotivation, le stress, la dispersion, le repli ou l’absence de communication… Le leader doit faire le ménage dans le fonctionnement des émotions, afin d’impulser une vraie dynamique de réussite de ses équipes.

Concrètement, comment procédez-vous avec des cadres dirigeants?

Ensemble, nous apprenons à identifier, à repérer les signes annonciateurs de cet état perturbateur, qu’il s’agisse de la colère, de l’insatisfaction… puis à traverser cette perturbation afin de la transformer en énergie positive et utile pour la performance collective. Puis, nous travaillons autour des cinq grands axes émotionnels. Le manager apprend à dépasser la confusion et la peur afin d’émettre des messages, avec clarté. Il découvre aussi comment faire la paix avec son sentiment d’insatisfaction chronique en développant une capacité d’adaptation, un esprit de flexibilité et de créativité. Il travaille aussi sur le développement de l’écoute, en développant un orgueil positif. Puis, avec le coaché, nous abordons la jalousie, que nous transformons progressivement en une capacité à sanctionner, à féliciter et à valoriser ses collaborateurs. Le cadre travaille par ailleurs à gérer la colère, véritable poison si nous en sommes le jouet. Le remède est de développer l’esprit de négociation pour mettre en place des compromis. La colère se transforme par la compassion pour l’autre bien sûr, mais aussi et d’abord envers soi-même. Et c’est sans doute le compromis le plus difficile à élaborer.


Quels sont les enseignements de base que le manager peut, dès aujourd’hui, commencer à méditer ?

Ils sont nombreux, mais en voici plusieurs qui peuvent être utiles au cadre dirigeant, au quotidien, particulièrement pour prendre du recul sur lui-même et son environnement en ces temps de crise. Le bouddhisme enseigne que la vie est « impermanence » : tout bouge et change tout le temps. Ainsi, la tension alterne avec la détente, la confusion avec la clarté… Cela rappelle combien le temps est précieux : tout peut s’arrêter si soudainement… Vivons toujours comme si c’était notre dernière journée de vie, pour nous éloigner des certitudes qui nous figent. Le bouddhisme rappelle aussi que toute action a une conséquence : il nous appartient de décider ce que nous voulons faire de notre vie. Et il ne tient qu’à nous de cesser de reproduire nos schémas négatifs de comportement.


Propos recueillis par Isabelle Hennebelle

Source : www.lexpansion.com

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