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Bhagavad-Gîtâ

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BHAGAVAD-GITA

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Le livre de l’Inde contenant les principes essentiels d’une religion spirituelle universelle.

La Bhagavad-Gita est un poème populaire qui, tout en ayant un contenu hautement ésotérique, n’est pas une oeuvre que seuls les initiés peuvent comprendre.

Dans cette oeuvre dont l’auteur est inconnu, comme d’ailleurs presque tous les ouvrages de la littérature primitive de l’Inde, et qui remonte au Vème siècle avant J.-C., sont exposés en termes simples clairs et pénétrants, les principes essentiels d’une religion spirituelle, sans que ces principes reposent sur des dogmes peu scientifiques ou des fantaisies arbitraires.

A l’image des puissants vers Orphiques, qui curieusement remontent à la même époque, ceux de la Bhagavad-Gita sont chargés d’une longue histoire et d’une inspiration spirituelle dont la force, telle une lame de fond, est irrésistible et possède le pouvoir de transmutation de l’âme qui en reçoit les lumières.

L’enseignement de la Bhagavad-Gita n’est pas à rattacher à une religion, un système métaphysique ou une école philosophique unique. C’est une tradition issue de la Doctrine Secrète, principe religieux universel qui est la trame de toutes les religions.

Cet enseignement est composé des aspects fondamentaux d’une vérité dans ses nombreuses manifestations ; il n’est donc pas propre à une secte particulière de l’Hindouisme, mais l’Hindouisme dans sa totalité, et il n’est pas que l’Hindouisme dans sa totalité, il est la religion dans son universalité.

Le message central de la Bhagavad-Gita est : qu’il ne nous est pas demandé de résoudre les problèmes qui sont à l’origine des Lois Universelles, mais de découvrir l’action que nous devons avoir pour les maîtriser afin d’accéder à la voie de la libération.

La Bhagavad-Gita est une oeuvre de métaphysique et de morale, Brahmavidya et Yogasasstra, science du réel et art de l’union avec le réel. C’est une discipline rigoureuse qui prépare et purifie l’intellect pour lui permettre de percevoir les manifestations des lumières de la vérité. L’âme ainsi illuminée agit alors comme un citoyen du royaume de Dieu.

La lumière de Dieu réside dans le soi et nulle part ailleurs. Elle brille identique en tout être vivant et l’on peut la voir quand l’intellect est paisible.

D’après son sous-titre officiel, la Bhagavad-Gita porte le non d’Upanishad. Sa rédaction est attribuée à Vyasa, le compilateur légendaire du Mahabharata, dont les 18 chapitres de la Gita correspondent aux chapitres XXIII à XL du Bhismaparvan du Mahabharata

Aldous Huxley disait : « La Gita est l’un des résumés les plus clairs et les plus complets de la philosophie éternelle qu’on ait jamais écrits. De là sa valeur permanente, non seulement pour les Indiens, mais pour toute l’humanité. La Bhagavad-Gita est peut-être la proclamation spirituelle la plus systématique de la philosophie éternelle. »

Dans son livre « La Bhagavad-Gita » S. Radhakrishnan nous indique :

La Gita n’apporte aucun argument à l’appui de sa position métaphysique. La réalité du Suprême n’est pas une question que puisse résoudre une dialectique incompréhensible pour la grande majorité des hommes. La dialectique, en soi, ne peut engendrer la conviction. Seule l’expérience spirituelle peut nous fournir des preuves de l’existence de l’Esprit.

LIVRE 1 DE LA BHAGAVAD GITA

Sur le champ de bataille de Kurukshetra.

verset : 1

Dhritarâshtra dit : « O Sanjaya, qu’ont fait mes fils et les fils de Pându après s’être assemblés au lieu saint de Kurukshétra, prêts à livrer bataille ?

verset : 1.2

Sanjaya dit : « O Dhritarâshtra, après avoir observé l’armée des fils de Pându déployée en ordre de combat, le roi Duryodhana s’approche de son précepteur et lui tient ces propos :

verset : 1.3

Contemple, ô mon maître, la puissante armée des fils de Pându, disposée de si experte façon par ton brillant élève, le fils de Drupada.

verset : 1.4

Y vois-tu ces vaillants archers, qui au combat, égalent Bhîma et Arjuna ? Et combien d’autres grands guerriers, dont Yuyudhâna, Virâta et Drupada !

verset : 1.5

Dhrishtaketu, Chekitâna, Kâshîrâja, Purujit, Kuntibhoja, Shaibya, et tant d’autres encore, tous grands héros à la force remarquable !

verset : 1.6

Vois le remarquable Yudhâmanyu, le très puissant Uttamaujas, le fils de Subhadrâ et les fils de Draupadî. Tous sont de valeureux combattants sur le char.

verset : 1.7

O toi, le meilleur des brâhmanas, laisse-moi maintenant te dire quels chefs très habiles commandent mon armée.

verset : 1.8

Ce sont des hommes de guerre renommés pour avoir, comme toi, obtenu la victoire dans tous leurs combats : Bhîshma, Karna, Kripa, Asvatthâman, Vikarna et Bhûrisravâ, le fils de Somadatta.

verset : 1.9

Et nombre d’autres héros, encore sont prêts à sacrifier leur vie pour moi, tous bien armés, tous maîtres dans l’art de la guerre.

verset : 1.10

On ne peut mesurer nos forces, que protège parfaitement Bhîshma, l’ancien, tandis que les forces des pândavas sont limitées, puisqu’elles n’ont pour les défendre que les soins de Bhîma.

verset : 1.11

Maintenant, vous tous, de vos positions respectives, apportez toute votre aide au vieux maître Bhîshma. »

verset : 1.12

A cet instant, Bhîsma, le grand et vaillant aïeul de la dynastie des Kurus, père des combattants, souffle très fort dans sa conque, qui résonne comme le rugissement d’un lion, réjouissant le coeur de Duryodhana.

verset : 1.13

Alors les conques, bugles, cors, trompettes et tambours, se mettent à retentir, et leurs vibrations confondues provoquent un grand tumulte.

verset : 1.14

Dans l’autre camp, debout sur leur vaste char attelé à des chevaux blancs, Krishna et Arjuna soufflent dans leurs conques divines.

verset : 1.15

Krishna souffle dans sa conque, Panchajanya, et Arjuna dans la sienne, Devadatta ; Bhîma, le mangeur vorace aux exploits surhumains, fait retenir Paundra, sa conque formidable.

verset : 1.16, 1.17, 1.18

Le roi Yudhishthira, fils de Kuntî, fait résonner sa conque, Anantavijaya ; Nakula et Sahadeva soufflent dans Sughosha et la Manipushpaka. Le roi de Kâshî, célèbre archer, le grand guerrier Sikhandi, Dhrishtadyumna, Virâta et Sâtyaki l’invincible, Drupada et les fils de Draupadî, et d’autres encore, ô roi, comme les fils de Saubhadrâ, tous puissamment armés, font aussi sonner leur conque.

verset : 1.19

Le mugissement de toutes ces conques réunies devient assourdissant, et, se répercutant au ciel et sur la terre, il déchire le coeur des fils de Dhritarâshtra.

verset : 1.20

A ce moment, ô roi, assis sur son char, dont l’étendard porte l’emblème de Hanumân, Arjuna, le fils de Pându, saisit son arc, prêt à décocher ses flèches, les yeux fixés sur les fils de Dhritarâshtra, puis s’adresse à Hrishîkesha.

verset : 1.21, 1.22

Arjuna dit : « O Toi, l’infaillible, mène, je T’en prie, mon char entre les deux armées afin que je puisse voir qui est sur les lignes, qui désire combattre, qui je devrai affronter au cours de la bataille imminente.

verset : 1.23

Que je voie ceux qui sont venus ici combattre dans l’espoir de plaire au fils malveillant de Dhritarâshtra. »

verset : 1.24

Sanjaya dit : « Sri Krishna a entendu la requête d’Arjuna, ô descendant de Bhârata, et Il conduit le char splendide entre les deux armées.

verset : 1.25

Devant Bhîshma, Drona et tous les princes de ce monde, Hrishîkesha, le Seigneur, dit à Arjuna : « Vois donc, ô Pârtha, l’assemblée de tous les Kurus. »

verset : 1.26

Arjuna voit alors, dispersés dans les deux camps, ses pères aïeux, précepteurs, oncles maternels, frères, fils, petits-fils et amis ; avec eux, son beau-père et tous ceux qui jadis lui ont montré tant de bienveillance. Tous sont présents.

verset : 1.27

Voyant devant lui tous ceux à qui des liens d’amitié ou de parenté l’unissent, Arjuna, le fils de Kuntî, est saisi d’une grande compassion et s’adresse au Seigneur. »

verset : 1.28

Arjuna dit : « Cher Krishna, de voir ainsi les miens, devant moi en lignes belliqueuses, je tremble de tous mes membres et sens ma bouche se dessécher.

verset : 1.29

Tout mon corps frissonne et mes cheveux se hérissent. Mon arc, Gândîva, me tombe des mains, et la peau me brûle.

verset : 1.30

O Késhava, je ne puis demeurer ici plus longtemps. Je ne suis plus maître de moi et mon esprit s’égare ; je ne présage que des événements funestes.

verset : 1.31

Que peut apporter de bon ce combat, où sera massacrée ma propre famille ? A pareil prix, ô Krishna, comment pourrais-je encore désirer la victoire, aspirer à la royauté et aux plaisirs qu’elle procure ?

verset : 1.32, 1.33, 1.34, 1.35

O Govinda, que servent tant de royaumes, que sert le bonheur, à quoi bon la vie même, quand ceux pour qui nous désirons ces biens se tiennent maintenant sur le champ de bataille ? O Madhusûdana, regarde. Toute ma famille, mes pères, fils, aïeux, oncles maternels, beaux-pères, petit-fils et beaux-frères, et mes maîtres aussi, tous prêts à sacrifier leur vie et leurs richesses, se dressent devant moi. Comment pourrais-je souhaiter leur mort, dussé-je par-là survivre ? O Toi qui maintiens tous les êtres, je ne peux me résoudre à lutter contre eux, même en échange des trois mondes, et que dire de cette Terre ?

verset : 1.36

Bien qu’ils soient nos agresseurs, si nous tuons nos amis et les fils de Dhritarâshtra, nous serons la proie de péché ; un tel crime serait indigne de nous. Et de quel profit serait-il ? O Krishna, Toi l’époux de la déesse de la fortune, comment pourrions-nous être jamais heureux après avoir tué ceux de notre lignage ?

verset : 1.37, 1.38

O Janârdana, si aveuglés par la convoitise, ces hommes ne voient aucun mal à détruire leur famille, nulle faute à se quereller avec leurs amis, pour quoi nous, qui voyons le péché, devrions-nous agir de même ?

verset : 1.39

La destruction d’une famille entraîne l’effondrement des traditions éternelles ; ses derniers représentants sombrent alors dans l’irréligion.

verset : 1.40

« Lorsque l’impiété, ô Krishna, règne dans une famille, les femmes se corrompent, et de leur dégradation, ô descendant de Vârshni, naît une progéniture indésirable.

verset : 1.41

L’accroissement du nombre de ces indésirables engendre pour la famille, et pour ceux qui en ont détruit les traditions, une vie d’enfer. Les ancêtres sont oubliés, on cesse de leur offrir les ablations d’eau et de nourriture.

verset : 1.42

Ceux qui, par leurs actes irresponsables, brisent la tradition du lignage, ceux-là provoquent l’abandon des principes grâce auxquels prospérité et harmonie règnent au sein de la famille et de la nation.

verset : 1.43

Je le tiens de source autorisée, ô Krishna : ceux qui détruisent les traditions familiales vivent à jamais en enfer.

verset : 1.44

Hélas, par soif des plaisirs de la royauté, n’est-il pas étrange que nous nous apprêtions maintenant à commettre de si grands crimes ?

verset : 1.45

Mieux vaut mourir de la main des fils de Dhritarâshtra, sans armes et sans faire de résistance, que de luter contre eux. »

verset : 1.46

Sanjaya dit : « Ayant ainsi parlé sur le champ de bataille, Arjuna laisse choir son arc et ses flèches ; il s’assoit sur son char, accablé de douleur.

BHAGAVAD GITA

LE CHANT DU SEIGNEUR

La Bhagavad-Gîtâ (भगवद गीता en devanāgarī, terme sanskrit se traduisant littéralement par « chant du Seigneur») est la partie centrale du poème épique Mahâbhârata. Ce texte est un des écrits fondamentaux de l’Hindouisme. La Bhagavad-Gîtâ est composée de 18 chapitres.

Les indianistes occidentaux s’accordent à penser que sa composition date du iie siècle av. J.-C.. L’histoire se déroule au commencement de la grande guerre de Bharata. Non loin d’Hastinâpura, Arjuna et Krishna sont au milieu du champ de bataille de Kurukshetra, entre les deux armées rangées de chaque côté d’eux. Arjuna doit souffler une conque pour annoncer le début des combats. Voyant des amis et des parents dans le camp opposé, Arjuna est désolé à la pensée que la bataille fera beaucoup de morts parmi ceux qu’il aime. Il se tourne vers Krishna pour demander conseil.

Le thème de la Bhagavad-Gîtâ

La Bhagavad-Gîtâ conte l’histoire de Krishna, 8e avatar de Vishnou (identifié comme une manifestation du Brahman), et d’Arjuna, un prince guerrier en proie au doute devant la bataille qui risque d’entraîner la mort des membres de sa famille qui se trouvent dans l’armée opposée. Le poème se compose de sept cents distiques, divisés en dix-huit chapitres.

Le récit est constitué du dialogue entre Krishna et Arjuna. Il enseigne que même si tous les chemins diffèrent, leur but fondamental reste le même : réaliser le Brahman et échapper au cycle des renaissances à travers la réalisation du Soi.

Verset : 2.39 :

« Tu as reçu de Moi, jusqu’ici, la connaissance analytique de la philosophie du Sâmkhya. Reçois maintenant la connaissance du yoga, qui permet d’agir sans être lié à ses actes.

Verset : 2.71 :

« Celui que les plaisirs matériels n’attirent plus, qui n’est plus esclave de ses désirs, qui a rejeté tout esprit de possession et qui s’est libéré de la tyrannie de l’ego, peut seul connaître la sérénité parfaite.

Verset : 6.17 :

Qui garde la mesure dans le manger et le dormir, dans le travail et la détente peut, par la pratique du yoga, adoucir les souffrances de l’existence matérielle.

Verset 4.41

« Celui dont le savoir spirituel a déraciné les doutes, et qui, ayant renoncé aux fruits de ses actes, s’est établi fermement dans la conscience de son moi réel, celui-là, ô conquérant des richesses, demeure libre des chaînes de l’action »

Krishna instruit Arjuna sur un grand éventail de domaines, à commencer par celui qui résout le dilemme d’Arjuna, la réincarnation, signifiant par là que les vies perdues dans la bataille ne le sont pas véritablement. Krishna continue d’exposer un grand nombre de sujets spirituels, parmi lesquels plusieurs yogas – ou chemins de dévotion – différents. Dans le onzième chapitre, Krishna dévoile à Arjuna qu’il est, en fait, une incarnation du dieu Vishnou.

À un niveau plus profond, la guerre est une métaphore des confusions, des doutes, des craintes et des conflits qui préoccupent toute personne à un moment ou un autre de sa vie. La Gîtâ s’adresse à cette discorde en nous et enseigne les yogas qui permettent de l’apaiser, le bhakti yoga la voie de la dévotion du Dieu personnel, le jnana yoga ou la voie de la connaissance, le karma yoga ou voie de l’action juste et le raja yoga, la voie de la méditation. Selon Krishna, la racine de toutes les douleurs et de tous les troubles est l’agitation de l’esprit provoquée par le désir. La seule manière d’éteindre la flamme du désir, indique Krishna, c’est de calmer l’esprit par la discipline des sens et de l’esprit.

Cependant, le refus total de l’action est considéré comme étant aussi nuisible qu’une totale indulgence. Selon la Bhagavad-Gîtâ, le but de la vie est de libérer l’esprit et l’intellect de leurs complexités et de les concentrer sur la gloire de l’âme. Ce but peut être réalisé par les yogas d’action, de dévotion et de connaissance. Le texte finit par un chant exposant la doctrine du renoncement, qui permet d’échapper au saṃsāra, le cycle des renaissances.
La structure du texte [modifier]

La Bhagavad-Gîtâ frappe par son unité de style, contrairement au reste du Mahâbhârata.

Bibliographie Bhagavad-Gîtâ

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La Bhagavad-Gîtâ, traduction de Camille Rao et Jean Herbert, commentaires de Shrî Aurobindo, Paris, Albin Michel, 1970.

La Bhagavad Gîtâ, traduction, introduction et commentaires par Anne-Marie Esnoul et Olivier Lacombe, Librarie Arthème Fayard, 1972. ISBN 2-02 004546

Jean Herbert, Réflexions sur la Bhagavad-Gîtâ, Albin Michel, 1994.

La Bhagavad-Gîtâ, édition bilingue, traduction d’Emile Sénart, Paris, Les Belles Lettres, 2004.

Bhagavad-Gîtâ, traduction d’Alain Porte, éditions Arléa, 2004.

La Bhagavadgîtâ, traduction de Marc Ballanfat, GF Flammarion, 2007.


Les chemins d’Hermès
– wikipedia

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