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Ajahn Chah — La Clé de la Libération (partie 2)

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LA CLÉ DE LA LIBÉRATION

par le Vénérable Ajahn Chah

Ajahn_chah.jpgLes gens qui ont beaucoup étudié et connaissent la théorie
sur le bout du doigt ont tendance à ne pas avoir de succès avec
la méditation parce qu’ils restent coincés au niveau de
l’information. Dans les faits, l’esprit n’est pas une chose que
vous pouvez réellement mesurer en utilisant des valeurs
externes et des textes. S’il est vraiment en train de s’apaiser,
permettez-lui de s’apaiser. C’est de cette manière qu’il peut
procéder à atteindre les plus hauts niveaux de tranquillité. Ma
propre connaissance de la théorie et des Ecritures n’était
qu’assez modeste. J’ai déjà raconté à certains moines la
période où je pratiquais pendant ma troisième retraite de saison
des pluies ; j’avais encore beaucoup de questions et de doutes
au sujet de samadhi. Je persévérais à essayer d’y comprendre
quelque chose avec mes pensées et plus je méditais, plus
l’esprit s’agitait. En fait c’en était arrivé à un tel point que je me
sentais plus paisible quand je ne méditais pas. C’était vraiment
difficile. Mais malgré la difficulté, je ne renonçais pas. Je
continuais à pratiquer tout autant. Si je parvenais à simplement
pratiquer sans avoir autant d’attentes, ça allait. Mais si je me
mettais en tête de rendre mon esprit calme et focalisé, ça ne
faisait qu’empirer les choses. Je n’arrivais pas à résoudre le
problème. « Pourquoi est-ce ainsi ? » me demandais-je.
Plus tard j’ai commencé à m’apercevoir que c’était pareil à
l’histoire de la respiration. Si vous vous décidez à ne prendre
que de petites respirations, ou que de moyennes respirations,
ou que de longues respirations, ça paraît être une chose
difficile à faire. D’un autre côté, quand vous vous promenez,
inconscients de l’état de la respiration, si vous inspirez ou
expirez, vous êtes confortables et à l’aise. Je me suis aperçu
que la pratique, c’était pareil. Normalement, lorsque les gens se
baladent et ne méditent pas sur la respiration, est-ce qu’ils
souffrent de leur respiration ? Non. Ce n’est en fait pas vraiment
un problème. Mais si je m’asseyais et me déterminais à rendre mon esprit calme, il devenait automatiquement upadana
(l’attachement), il y avait là aussi l’attitude de s’accrocher8.
J’étais tellement décidé à forcer la respiration à être d’une
certaine manière, soit longue, soit courte, qu’elle devenait
irrégulière et il devenait impossible de me concentrer dessus ou
de maintenir mon attention dessus. A ce moment-là je souffrais
encore plus que je n’avais souffert avant de commencer à
méditer. Pourquoi cela ? Parce que ma détermination elle-même
devenait attachement. Ça excluait la possibilité d’être
conscient et je ne pouvais avoir de résultats. Tout était un
fardeau, et difficile, parce que je prenais la soif (tanha) avec
moi dans la pratique.

Une fois j’étais en train de marcher cankama un peu
après onze heures du soir. Un festival se tenait au village qui se
trouvait à presque un kilomètre du monastère de forêt où j’étais.
Je me sentais bizarre, et m’étais senti comme ça depuis la mi-journée.
Je me sentais exceptionnellement calme et ne pensais
pas vraiment à grand’ chose. J’étais fatigué de méditer en
marchant, alors je suis allé m’asseoir dans ma hutte au toit de
paille. Au moment où je me suis assis, je me suis rendu compte
que j’avais à peine le temps de me replier les jambes que mon
esprit avait plongé dans cet endroit de calme profond. C’est
arrivé tout seul. Le temps que je me mette en position assise,
l’esprit était déjà calme et je me suis senti complètement ferme
et stable dans la méditation. Ce n’était pas que je ne pouvais
pas entendre les voix des gens qui chantaient et dansaient au
village ; je les entendais toujours. Mais en même temps je
pouvais diriger mon attention vers l’intérieur de sorte à moins
bien entendre les sons. C’était étrange. Quand je ne prêtais
aucune attention au sons, il y avait le silence, je ne pouvais rien
entendre. Mais si je le voulais, je pouvais les entendre sans me
sentir dérangé. C’était comme si dans mon esprit, deux objets
étaient placés côte à côte, mais pas connectés l’un à l’autre. Je
pouvais voir que l’esprit et l’objet étaient séparés et distincts, tout comme cette bouilloire et ce crachoir ici. Par conséquent
j’ai compris que quand l’esprit était calme en samadhi, si vous
dirigez votre attention vers des sons, vous pouvez les entendre,
mais si vous demeurez avec l’esprit, dans sa vacuité, il
demeure silencieux. Si un son apparaît dans la conscience et
vous observez ce qui se passe, vous voyez que le
« connaître » et l’objet de l’esprit sont assez distincts.
Alors j’ai réfléchi : « Si ce n’est pas ça, alors qu’est-ce qui
pourrait l’être ? C’est comme ça que c’est – les deux
phénomènes ne sont pas du tout connectés. ». J’ai continué à
contempler jusqu’à ce que je réalise l’importance de cette
trouvaille : lorsque santati (la continuité des choses) est
interrompue, la résultat est santi (la paix d’esprit). Auparavant il
y avait santati et maintenant santi en était né. D’en faire
l’expérience m’a donné l’énergie de persister avec ma
méditation. J’ai mis d’intenses efforts dans la pratique et étais
indifférent à toute autre chose, la présence d’esprit n’a disparu
à aucun moment, même pas un instant. Si j’avais voulu arrêter
de méditer, toutefois, j’aurais pu facilement. Et une fois que j’ai
cessé la pratique formelle, y a-t-il eu de la paresse, de la fatigue
ou de l’irritation ? Pas du tout. L’esprit était complètement libre
de telles souillures. Si j’arrêtais, ce n’allait être que pour reposer
le corps, et pour rien d’autre.

Finalement j’ai fini par faire une pause. J’ai simplement
arrêté de m’asseoir formellement, mais l’esprit ne s’est pas
arrêté. Il demeurait dans le même état et continuait la
méditation comme avant. J’ai sorti mon coussin et me suis
préparé à me reposer. En me couchant, mon esprit était
toujours aussi calme. Au moment où j’allais poser ma tête sur
mon coussin, l’esprit s’est penché vers l’intérieur – je ne savais
pas où il se dirigeait, mais il continuait à plonger de plus en plus
en profondeur. C’était comme si quelqu’un avait enclenché un
interrupteur et envoyé un courant sur un câble. Avec un BANG
assourdissant, le corps a explosé de l’intérieur. La conscience
dans l’esprit à ce moment-là était au plus fin. Ayant dépassé un
certain stade, c’était comme si l’esprit avait été libéré et avait pénétré à l’endroit le plus profond, le plus silencieux. Là il
s’installa dans un règne de vide complet. Après y être resté
pendant un certain temps, la conscience se retira ; je ne faisais
qu’observer – simplement le témoin de ce qui se passait. Ayant
fait l’expérience de ces choses, l’esprit se retira et revint
lentement à la normale.

Une fois que l’esprit était revenu à la normale, la question
apparut : « Qu’est-ce qui s’est passé ? ». La réponse suivante
est venue : « Ces choses sont des phénomènes naturels qui
surviennent en accord à des causes et des conditions ; il n’est
pas nécessaire de douter de ces choses-là. ». Je n’ai eu besoin
de réfléchir qu’un peu comme ça et l’esprit l’a accepté. Après
un moment de pause, il s’est incliné à nouveau vers l’intérieur.
Je n’ai pas fait d’effort conscient pour diriger l’esprit, il est allé
de lui-même. A mesure qu’il se déplaçait de plus en plus
profondément à l’intérieur, il percuta le même interrupteur
qu’avant. Cette fois le corps se brisa en particules les plus
minuscules et les plus raffinées. A nouveau l’esprit fut libéré et
glissa profondément en lui-même. Silence. Il était à un niveau
de calme encore plus profond qu’auparavant – rien ne pouvait
le pénétrer. Suivant sa propre inertie, l’esprit resta ainsi pendant
un certain temps, puis se retira comme il voulait. Tout se
déroulait automatiquement. Il n’y avait personne qui influençait
ou dirigeait les évènements ; je n’essayais pas de faire se
passer les choses, d’entrer dans cet état ou de m’en retirer
d’aucune façon en particulier. Je ne faisais que demeurer avec
la connaissance et l’observation. Au bout du compte l’esprit se
retira à un état de normalité, sans stimuler aucun nouveau
doute. Je continuai à contempler et l’esprit se pencha vers
l’intérieur encore une fois. La troisième fois je fis l’expérience du
monde entier qui se désintégrait complètement. La terre, la
végétation, les arbres, les montagnes, en fait la planète apparut
comme akasa-dhatu (l’élément de l’espace). Il ne restait plus de
gens ni quoi que ce soit d’autre. A ce dernier niveau il y avait le
vide total.

L’esprit continua à habiter l’intérieur, par lui-même,
paisiblement, sans être forcé. Je ne sais pas expliquer
comment c’est arrivé, ni pourquoi. C’est difficile de décrire
l’expérience, ou d’en parler d’une façon à ce que tout le monde
comprenne. Ce n’est comparable à rien du tout. La dernière fois
l’esprit resta dans cet état bien plus longtemps, puis lorsque le
temps fut venu, il se retira. En disant « l’esprit se retira », ça ne
signifie pas que je le contrôlais et que je le faisais se retirer – il
se retira de lui-même. Je ne fis que le regarder revenir à la
normale. Qui pourrait dire ce qui s’est passé lors de ces trois
occasions ? Qui pourrait le décrire ? Peut-être n’est-il pas
besoin de le décrire ?

Ce dont je vous ai parlé ici concerne la nature pure de
l’esprit telle qu’on en fait l’expérience dans la réalité. Ceci n’a
pas été un analyse théorique de l’esprit ou des facteurs
mentaux. Il n’y a aucun besoin de cela. Ce dont on a vraiment
besoin c’est d’avoir confiance en les enseignements et d’être
sincère dans la poursuite de l’approfondissement de la
pratique. Il vous faut mettre votre vie en jeu. Au moment venu,
le monde entier se retourne sens dessus-dessous. Votre vue et
votre compréhension de la réalité sont complètement
transformés. Si d’autres personnes vous voyaient à ce momentlà,
elles pourraient bien vous croire fou. Si ça arrivait à
quelqu’un qui ne parvenait pas à maintenir sa présence d’esprit
et sa rationalité, il pourrait bien devenir fou, parce qu’après une
telle expérience, rien n’est plus comme avant. La façon dont
vous percevez les gens dans le monde n’est plus pareille, mais
vous êtes le seul à avoir vu des choses comme ça. Tout votre
sens des réalité change. La manière dont vous pensez aux
choses change – quand les gens pensent d’une façon, vous
pensez d’une autre. Ils parlent des choses d’une manière, vous
d’une autre. Tandis qu’ils montent par-ici, vous descendez parlà.
Vous n’êtes plus le même que les autres êtres humains. A
partir de là vous faites cette expérience souvent et elle peut
durer longtemps.

Essayez par vous-même. Si vous faites ce genre
d’expérience dans votre pratique, vous n’aurez pas à aller
chercher quoique ce soit bien loin ; continuez simplement à
observer l’esprit. A ce niveau, l’esprit est à son plus hardi et son
plus confiant. C’est ça le pouvoir et l’énergie de l’esprit. Il est
beaucoup plus puissant que vous ne l’auriez jamais pensé.
C’est ça le pouvoir de samadhi. A cette étape c’est encore
juste le pouvoir que l’esprit tire de samadhi tout seul. Si
samadhi atteint ce niveau, il est à son plus profond et à son
plus fort. Il n’est plus question de contrôler l’esprit par la
suppression ou par des périodes momentanées de
concentration. Il a atteint son sommet. Si vous deviez utiliser
une telle concentration comme base de pratique pour le
vipassana, vous seriez capable d’être en contemplation
aisément. A partir d’ici il pourrait aussi être utilisé d’autres
manières, comme pour développer des pouvoirs psychiques ou
réaliser des faits miraculeux. Différents ascètes et pratiquants
religieux utilisent une telle concentration de différentes
manières, par exemple en jetant des sorts et en fabriquant de
l’Eau Sainte, des charmes et des talismans. Ayant atteint ce
niveau, l’esprit peut être utilisé et développé dans de
nombreuses différentes manières et chacune peut être bonne à
sa façon, mais ce genre de bien est comme une bonne cuite :
une fois que vous l’avez prise, vous êtes intoxiqués. Ce genre
de bien-là n’est que de peu d’utilité au bout du compte.

L’esprit calme est comme une aire de repos pour le
pratiquant. Le Bouddha se reposa ici puisque c’est ce qui
constitue la base à partir de laquelle il est possible de pratiquer
le vipassana et contempler la vérité. A ce stade, vous n’avez
besoin que de maintenir un niveau modéré de samadhi, votre
fonction principale est de diriger votre attention sur l’observation
des conditions du monde autour de vous. Vous contemplez
sans arrêt le processus de cause et d’effet. En utilisant la clarté
de l’esprit, vous réfléchissez à tous les sons, les visions, les
odeurs, les goûts et les sensations tactiles dont vous faites
l’expérience, et comment ils donnent naissance à différentes humeurs : bonne, mauvaise, plaisante ou déplaisante. C’est
comme si quelqu’un grimpait à un manguier et le secouait pour
en faire tomber les fruits tandis que vous êtes en bas à attendre
de récolter tous ceux qui tombent. Vous rejetez toute mangue
pourrie, ne gardant que celles qui sont bonnes. Ainsi vous
n’avez pas besoin de dépenser tant d’énergie, car plutôt que
grimper vous-même à l’arbre, vous attendez en bas pour
ramasser les mangues.

Ceci signifie que quand l’esprit est calme, tous les objets
de l’esprit dont vous faites l’expérience vous apportent de la
connaissance et de la compréhension. Parce qu’il y a la
conscience, vous n’êtes plus en train de créer et de proliférer à
partir de ces choses. Le succès et l’échec, la bonne ou
mauvaise réputation, les louanges et les critiques, le bonheur et
la souffrance, tous viennent et vont d’eux-mêmes. Avec un
esprit clair et immobile qui est empreint de vision pénétrante, il
est intéressant de les examiner et de les trier. Tous ces objets
de l’esprit dont vous faites l’expérience – que ce soit la louange,
la critique ou des choses que vous entendiez par d’autres
personnes, ou n’importe quelle autre sorte de bonheur ou de
souffrance dont vous fassiez l’expérience – deviennent une
source d’avantages pour vous. Parce que quelqu’un d’autre a
grimpé au manguier et le secoue pour faire tomber les
mangues à vos pieds. Vous pouvez les ramasser à votre aise.
Vous n’avez rien à craindre – pourquoi y aurait-il quelque chose
à craindre si c’est quelqu’un d’autre qui est dans l’arbre, en train
de faire tomber les mangues pour vous ? Toutes les formes de
gains ou de pertes, bonne ou mauvaise réputation, louanges ou
critiques, bonheurs ou souffrances sont comme les mangues
qui tombent à vos pieds. L’esprit calme forme la base de votre
contemplation, pendant que vous les ramassez. Avec la
présence d’esprit, vous savez quels fruits sont bons et lesquels
sont pourris. Cette pratique de réflexion, basée sur une
fondation de calme, est ce qui donne naissance à pañña ou
vipassana. Ce n’est pas quelque chose qui doit être créé ou
préparé – s’il y a une vision pénétrante authentique, alors la
pratique de vipassana suivra automatiquement, sans que vous n’ayez à lui inventer des noms ou des étiquettes. S’il y a une
petite quantité de clarté, cela donne naissance à un peu de
vipassana ; si c’est une vision pénétrante plus profonde, c’est
une vipassana « moyenne ». S’il y a une connaissance et une
vision pénétrante complète de la vérité des choses telles
qu’elles sont, c’est la vipassana « complète ». La pratique de
vipassana est une question de pañña. C’est difficile. Vous ne
pouvez pas juste le faire comme ça. Ça doit venir d’un esprit qui
est déjà parvenu à un certain état de calme. Une fois que cela
est établi, vipassana le développe naturellement avec
l’utilisation de pañña – ce n’est pas quelque chose que vous
puissiez imposer à l’esprit.

Comme résultat de sa pratique, le Bouddha a enseigné
que cette pratique doit se développer naturellement, en fonction
de conditions. A ce niveau vous permettez aux choses de se
développer d’après votre kamma et parami11 sains. Ceci ne
signifie pas que vous arrêtez d’investir des efforts dans la
pratique, mais vous continuez avec la compréhension que,
quelle que soit la vitesse à laquelle vous progressez, ce n’est
pas quelque chose que vous puissiez forcer. C’est comme
planter un arbre, il connaît lui-même la vitesse à laquelle
pousser. Si vous avez soif de résultats rapides, voyez cela
comme une tromperie. Même si vous voulez que ça pousse
lentement, voyez ça aussi comme une tromperie. Tout comme
en plantant l’arbre, ce n’est qu’en pratiquant que vous aurez les
résultats. Si vous plantez un buisson à piments, par exemple,
votre tâche consiste à creuser le trou, planter le petit germe, lui
donner de l’eau et de l’engrais et le protéger des insectes. C’est
ça votre travail, votre part du contrat. Puis c’est une affaire de
confiance. Pour la plante à piments, comment elle pousse est
son affaire à elle – ce n’est pas votre affaire. Vous ne pouvez
pas tirer dessus pour la faire pousser plus vite. La nature ne fonctionne pas comme ça. Votre boulot n’est que de lui donner
de l’eau et de l’engrais.

Quand vous pratiquez ainsi, il n’y a pas beaucoup de
souffrance. Que vous atteigniez l’illumination dans cette vie ou
la prochaine, ce n’est pas important. Si vous avez la foi et
confiance dans l’efficacité de la pratique, alors que vous
progressiez vite ou lentement, cela peut être laissé à votre bon
khamma accumulé, vos qualités spirituelles et vos parami. Si
vous le voyez comme ça, vous êtes à l’aise avec la pratique.
C’est comme quand vous conduisez des boeufs et une charrue,
vous ne mettez pas la charrue avant les boeufs. Avant vous
mettiez la charrue avant les boeufs. Ou si vous étiez en train de
labourer un champ, vous alliez devant les boeufs, en d’autres
mots, l’esprit aurait été agité et impatient d’obtenir des résultats
rapides. Mais une fois que vous réfléchissez comme ça et que
vous pratiquez en conséquence, vous ne marchez plus devant
les boeufs, vous marchez derrière.

Donc cette plante à piments, vous l’arrosez, vous mettez
de l’engrais et vous chassez les fourmis et les termites qui
viennent. C’est tout ce qu’il lui faut pour grandir et se
transformer toute seule en magnifique buisson. Une fois que la
plante est en bourgeons, ce n’est pas votre affaire d’essayer de
la faire fleurir tout de suite. Ne pratiquez pas comme ça. Ce
n’est que créer de la souffrance sans raison. La plante à
piments pousse selon sa propre nature. Une fois qu’elle fleurit,
n’essayez pas de la forcer à produire des graines
immédiatement. Ça ne marchera pas et vous ne ferez que
souffrir. Ça c’est vraiment de la souffrance. Lorsque vous
comprenez cela, ça signifie que vous connaissez votre rôle
dans la pratique et que vous connaissez le rôle des objets de
l’esprit et des souillures. Chacun a son propre rôle à jouer.
L’esprit connaît son rôle et le travail qu’il a à faire. Tant que
l’esprit ne comprend pas ce qu’est son travail, il essayera de
forcer la plante à piments à pousser, fleurir et produire des
piments, tout ça le même jour. Ce n’est rien d’autre que
samudaya – la Noble Vérité de la Cause de la Souffrance.

Si vous avez compris ceci, vous savez quand l’esprit est
induit en erreur et prend la tangente. Une fois que vous
connaissez la manière correcte de pratiquer, vous pouvez
lâcher prise et laisser les choses se faire selon votre bon
khamma accumulé, vos qualités spirituelles et vos parami. Vous
continuez simplement à pratiquer sans avoir à vous soucier du
temps que ça prendra. Vous n’avez pas à vous soucier de
savoir si ça prendra une centaine ou un millier de vies avant
d’être illuminé. Quelle que soit la vie où ça arrive, ça n’a pas
vraiment d’importance, vous continuez tout simplement à
pratiquer au rythme auquel vous êtes à l’aise.

Une fois que l’esprit est entré dans le courant il ne peut
pas faire rebrousser chemin. Il est allé au-delà de la mauvaise
action, aussi petite soit-elle. Le Bouddha a enseigné que l’esprit
du sotapañña (celui qui entre dans le courant)12 s’est penché
ou est entré dans le courant du Dhamma et ne peut pas s’en
retourner. Ceux qui ont pratiqué jusqu’à ce stade ne peuvent
pas retomber en arrière et être à nouveau nés dans les règnes
apaya13 ou les règnes infernaux. Comment est-ce possible
qu’ils retombent en arrière, alors qu’ayant clairement vu le mal
et le danger, ils ont déjà coupé les racines à tout khamma
malsain ? Ils ne sont plus capables de commettre des actes
malsains par le corps et la parole. Une fois qu’ils se sont
abstenus de commettre des actes malsains par le corps et la
parole, comment est-il possible qu’ils retombent dans les
règnes apaya ou des enfers ? Leur esprit est entré dans le
courant. Une fois que l’esprit est entré dans le courant par la
méditation, vous connaissez votre devoir et le travail que vous
avez à faire. Vous connaissez le chemin de la pratique et
comment il progresse. Vous savez quand vous donner du mal
et quand vous détendre dans la pratique. Vous connaissez le
corps et vous connaissez l’esprit. Vous connaissez la
matérialité et la mentalité. Ce dont il faut lâcher prise et qu’il faut abandonner, vous en lâchez prise et vous l’abandonnez,
sans vous empêtrer dans le doute et l’incertitude.
Auparavant je n’utilisais pas une si grande quantité de
connaissances détaillées et de théories raffinées dans ma
pratique. La chose importante était de gagner une
compréhension claire et de raffiner la pratique dans l’esprit luimême.
Si je regardais ma forme physique ou celle de n’importe
qui d’autre et trouvais qu’il y avait une attraction pour elle, je
cherchais la cause de cette attraction. Je contemplais le corps
et l’analysais dans les parties qui le composent : kesa (les
cheveux), loma (les poils du corps), nakha (les ongles), danta
(les dents), taco (la peau) et ainsi de suite. Le Bouddha a
enseigné la contemplation des différentes parties du corps,
encore et encore. Séparez-les, démontez-les, dépecez et
incinérez tout ça. Continuez à méditer comme ça, jusqu’à ce
que l’esprit soit immobile, ferme et inébranlable dans sa
méditation sur le manque d’attrait du corps. Quand vous
marchez en tournée de mendicité, par exemple, et que vous
voyez d’autres moines et laïques devant, visualisez-les comme
des cadavres qui titubent sur la route devant vous. Quand vous
marchez, continuez à mettre de l’effort dans cette pratique, en
amenant l’esprit de plus en plus profondément dans la
contemplation de l’impermanence du corps. Si vous voyez une
jeune femme et êtes attiré par elle, contemplez l’image d’un
corps qui est pourri et putréfié par le processus de
décomposition. Contemplez ainsi à chaque occasion, pour que
l’esprit maintienne une notion de distance, qu’il ne s’infatue pas
de cet attrait. Si vous pratiquez de cette façon, l’attraction ne
durera pas longtemps, parce que vous voyez la vérité très
clairement, ne doutant plus de la vérité que le corps est
vraiment une chose qui pourrit et se décompose.

Utilisez cette sorte de réflexion jusqu’à ce que la
perception de manque d’attrait soit clairement fixé dans votre
esprit, et aille au-delà de tout doute. Où que vous alliez ce ne
sera pas perdu. Vous devez vraiment déterminer de suivre
cette pratique jusqu’au stade où chaque fois que vous voyez quelqu’un, c’est exactement comme si vous étiez en fait en train
de regarder un cadavre. Quand vous voyez une femme, vous la
voyez comme un cadavre ; quand vous voyez un homme, vous
le voyez comme un cadavre ; et vous vous voyez comme un
cadavre vous-même de la même manière. Au bout du compte,
tout le monde devient un cadavre. Vous devez mettre autant
d’effort que possible dans cette contemplation. Entraînez-vous
jusqu’à ce que ça fasse partie de l’esprit. En fait c’est assez
appréciable – si vous le faites vraiment. Mais si vous ne faites
qu’être absorbé par la lecture de tas de livres, il devient difficile
d’obtenir des résultats. Il vous faut pratiquer sincèrement et
avec une véritable détermination pour que le kammatthana14
soit établi comme une partie intégrante de l’esprit.

Il peut être bénéfique d’étudier l’Abhidhamma, mais il faut
le faire sans s’attacher aux livres. La façon correcte d’étudier
est de clarifier dans l’esprit que vous étudiez pour la réalisation
de la vérité et pour transcender la souffrance. De nos jours il y a
beaucoup de différents maîtres de vipassana et beaucoup de
différentes méthodes à disposition, mais en fait la pratique de
vipassana n’est pas une chose si aisée. Il ne suffit pas de tout
simplement aller le faire, ça se développe à partir d’une solide
fondation de sila. Essayez ! Une discipline morale, des règles
de formation et des lignes directrices de comportement sont
une partie nécessaire de la pratique – si vos actions et vos
paroles sont sans formation ni discipline, c’est comme sauter
une partie de magga et vous ne rencontrerez pas de succès.
Certaines personnes disent qu’il n’y a pas besoin de pratiquer
de samatha, on peut directement se lancer dans le vipassana,
mais les gens qui parlent comme ça ont tendance à être
paresseux et veulent des résultats sans faire d’efforts. Ils disent
que garder une sila n’est pas important pour la pratique, mais
au fond, la pratique de sila en soi est déjà assez difficile et n’est
pas quelque chose que vous puissiez faire avec désinvolture.

Si vous sautez la sila, alors forcément toute la pratique
semblerait confortable et commode. Ce serait bien si chaque
fois que la pratique implique un peu de difficulté on pourrait
juste la sauter – tout le monde aime éviter les bouts difficiles.
Une fois un moine est venu ici et a demandé la permission
de rester avec moi, en disant qu’il était intéressé à la pratique. Il
s’enquit des régulations monastiques et de la discipline ici, alors
je lui ai expliqué que dans ce monastère nous pratiquons
d’après le Vinaya (Code de Discipline) et que les moines ne
peuvent pas garder de fonds personnels ni de stocks de
nécessités. Il dit qu’il pratiquait le non-attachement. Je lui dis
que je ne savais pas comment il pratiquait ni ce qu’il entendait
par-là. Puis il demanda s’il pouvait utiliser de l’argent s’il ne s’y
attachait pas ni ne lui accordait d’importance spéciale. Je lui dis
qu’il pouvait l’utiliser, de la même façon qu’il pouvait utiliser
n’importe quel sel qu’il trouverait qui ne soit pas salé. Le moine
essayait d’impressionner les gens par sa manière de parler,
mais au fond il était trop paresseux pour avoir envie de
pratiquer avec ce qu’il voyait comme beaucoup de détails et de
règles inutilement méticuleuses qui, pour lui, ne faisaient que
rendre la vie dure. S’il trouvait du sel qui ne soit pas salé, j’étais
prêt à le croire. Si ce n’était vraiment pas salé, il aurait dû en
rapporter un panier plein et essayer de tout manger ! Est-ce
que ça pouvait vraiment ne pas être salé ? Le non-attachement
n’est pas quelque chose dont on peut faire l’expérience
simplement en en parlant ou en essayant de deviner à quoi ça
ressemble. Ce n’est pas comme ça. Après qu’il ait ainsi exposé
ses points de vue sur la pratique, il devint clair que ce moine
serait incapable de vivre ici, alors il partit et alla son bonhomme
de chemin.

Il vous faut persévérer à faire des efforts dans la pratique
de sila et dans les différentes pratiques dhutanga15. Ce n’est pas différent non plus pour les laïques. Même si vous vivez à la
maison, tout du moins gardez les cinq préceptes. Essayez de
calmer et de discipliner vos paroles et vos actions. Continuez à
faire de votre mieux et votre pratique progressera petit à petit.
N’abandonnez pas la pratique de samatha juste parce que
vous l’avez essayée quelque fois et trouvé que l’esprit ne se
calme pas. Ce n’est pas la bonne façon de s’y prendre. Il faut
vraiment vous former sur une longue période. Pourquoi est-ce
que ça doit prendre si longtemps ? Pensez-y. Combien
d’années avez-vous laissé passer sans pratiquer ? Lorsque des
pensées apparaissent en entraînant l’esprit dans une direction,
vous courez après, lorsqu’elles l’entraînent dans une autre,
vous continuez à courir après avec votre prolifération mentale.

Si vous voulez essayer d’arrêter le flux de l’esprit et le
tranquilliser, juste là dans l’instant présent, un ou deux mois ne
suffisent pas tout à fait. Contemplez ceci. Pensez à ce que ça
demande d’avoir un esprit qui est en paix avec le flux des
différents sujets et évènements qui l’affectent et qui est en paix
avec les objets de l’esprit dont il fait l’expérience. Quand vous
commencez tout d’abord à pratiquer, l’esprit a si peu de fermeté
que dès qu’il entre en contact avec un objet de l’esprit, il s’agite
et devient confus. Pourquoi s’agite-t-il ? Parce qu’il est sous
l’influence de tanha. Vous ne voulez pas qu’il pense. Vous ne
voulez faire l’expérience d’aucun objet de l’esprit. Ce « ne pas
vouloir » est une forme de soif. C’est vibhava-tanha (la soif de
non-existence). Plus vous désirez ne pas faire l’expérience
d’agitation et de confusion, plus vous les encouragez et les
faites entrer. « Je ne veux pas de cette chose qui m’affecte,
pourquoi vient-elle ? Je ne veux pas que l’esprit soit agité,
pourquoi est-il ainsi ? ». C’est ça – là il y a la soif de vouloir que
l’esprit soit dans un état de calme. C’est parce que vous ne
connaissez pas votre propre esprit. C’est tout. Vous persistez à
similaires. Une ou plusieurs d’entre elles peuvent être observées pour une période plus ou moins longue.

Quand vous y pensez clairement, vous pouvez voir que
toute cette distraction et cette agitation vient parce que vous lui
dites de venir ! Il y a la soif qu’il soit autrement ; il y a la soif qu’il
soit paisible ; il y a la soif que l’esprit ne soit ni agité ni confus.
C’est ça l’histoire – c’est tout de la soif, tout cette masse de
choses.

Mais ne vous en faites pas! Continuez tout simplement
votre pratique. Chaque fois que vous faites l’expérience d’un
objet de l’esprit, contemplez-le. Jetez-le dans une des trois
« fosses » d’aniccam, dukkham, anatta dans votre méditation et
réfléchissez-y. Généralement, lorsque nous faisons l’expérience
d’un objet de l’esprit, ça stimule la pensée. La pensée est une
réaction à l’expérience de l’objet de l’esprit. La nature de la
pensée ordinaire et de pañña est très différente. La nature de la
pensée ordinaire est de se poursuivre sans s’arrêter. Les objets
de l’esprit dont vous faites l’expérience vous emmènent dans
différentes directions et vos pensées les suivent. La nature de
pañña est d’arrêter la prolifération, d’apaiser l’esprit, pour qu’il
n’aille nulle part. Vous êtes simplement le connaisseur et le
récepteur des choses. Comme vous faites l’expérience des
différents objets de l’esprit, qui à leur tour donnent naissance à
différentes humeurs, vous entretenez la conscience du
processus et au bout du compte vous pouvez voir que toute la
pensée et la prolifération, l’inquiétude et le jugement, sont
entièrement dénués de toute substance ou de « soi ». C’est tout
aniccam, dukkham, anatta. La façon de pratiquer est
d’interromre toute prolifération directement à la base et de voir
que tout revient sous la coupe des trois caractéristiques. En
conséquence ça s’affaiblira et perdra son pouvoir. La prochaine
fois que vous vous asseyez pour méditer et que ça apparaît, ou
quel que soit le moment où vous fassiez l’expérience d’agitation
comme ça, vous le contemplez, vous continuez à observer et
surveiller l’esprit.

Vous pouvez le comparer à la surveillance des buffles. Il y
a un buffle, son propriétaire et des plants de riz. Alors
normalement, les buffles aiment manger les plants de riz; les
plants de riz sont leur nourriture. Votre esprit est comme le
buffle, les objets de l’esprit dont vous faites l’expérience sont
comme les plants de riz. La partie de l’esprit qui est « ce qui sait »
est comme le propriétaire du buffle. La pratique n’est pas
vraiment différente de ça. Pensez-y. Que faites-vous lorsque
vous surveillez un buffle? Vous le laissez se promener
librement tout en essayant de l’avoir constamment à l’oeil. S’il
s’approche de trop près des plants de riz, vous lui lancez un cri
d’avertissement et quand le buffle l’entend, il doit s’arrêter et
revenir. Toutefois vous ne pouvez pas être inattentif. S’il est
têtu et ne se soucie pas de vos avertissements vous devez
prendre un bâton et lui donner un bon coup; alors il n’osera pas
s’approcher des plants de riz. Mais ne vous faites pas avoir à
faire la sieste. Si vous ne pouvez pas résister à la sieste, les
plants de riz seront finis avec certitude.

La pratique est similaire. Lorsque vous observez votre
esprit, c’est « ce qui sait » qui fait vraiment l’observation. « Ceux
qui surveillent leur esprit se libéreront du piège de Mara18. »
Mais c’est intriguant : l’esprit, c’est l’esprit, alors qui est-ce qui
va le surveiller? L’esprit est une chose, « ce qui sait » en est une
autre. La connaissance émerge de l’intérieur même de l’esprit.
C’est la connaissance de l’état de l’esprit; connaître comment
l’esprit fait l’expérience des objets de l’esprit; et connaître
l’esprit qui est séparé des objets de l’esprit. Cet aspect de
l’esprit qui connaît est ce à quoi le Bouddha faisait référence
par « ce qui sait ». La connaissance est celui qui surveille l’esprit.
C’est de la connaissance que naît pañña. L’esprit se manifeste
par la pensée et les idées. S’il rencontre un objet de l’esprit, il
va s’arrêter et passer du temps avec. S’il rencontre un autre
objet, alors il passera du temps avec celui-là, tout comme ce
buffle qui s’arrête pour grignoter quelques plants de riz. Où qu’il aille, il vous faut le surveiller tout le temps, vous assurant qu’il
n’échappe pas à votre vue. S’il traîne près des plants de riz et
ne prête pas attention lorsque vous criez un avertissement, il
faut lui montrer le bâton immédiatement, sans histoires. Pour le
former, il faut lui rendre la vie dure et le faire aller contre le flux
de ses désirs.

Former l’esprit, c’est pareil. Normalement, lorsqu’il entre en
contact avec un objet de l’esprit, l’esprit va immédiatement s’en
saisir. Chaque fois qu’il saisit un objet de l’esprit, « ce qui sait »
doit lui enseigner. En usant de sage réflexion, vous devez
former l’esprit à contempler chaque objet à la lumière de son
potentiel bénéfique ou malsain. Lorsque vous faites
l’expérience d’autres objets de l’esprit, parce que vous les
voyez comme désirables, votre esprit court pour s’en saisir.
Alors « ce qui sait » doit lui enseigner encore et encore, usant de
sage réflexion, jusqu’à ce qu’il soit capable de les mettre de
côté. Voilà comment vous pouvez développer le calme de
l’esprit. Vous viendrez à voir que quoi que vous saisissiez , c’est
indésirable de façon inhérente. Le résultat est que l’esprit
s’arrête juste là sans autre prolifération. Il perd tout désir de
poursuivre de tels objets, parce qu’il a subi un barrage constant
d’insultes et de critiques. Vous devez le torturer jusqu’à ce que
les mots pénètrent au fond du coeur. Voilà la façon de former
l’esprit.

Depuis que je suis entré dans la forêt pour pratiquer, je me
suis formé ainsi. Chaque fois que j’enseigne à la communauté
monastique, j’enseigne ainsi – parce que je veux que vous
voyiez la vérité. Je ne veux pas que vous ne voyiez que ce qu’il
y a dans les livres. Je veux que vous voyiez par vous mêmes,
dans votre propre esprit, si vous avez été libérés de vos
pensées souillées ou non. Une fois que vous en avez été libéré,
vous le savez. Tant que vous ne vous êtes pas libéré, vous
devez user de sage réflexion pour pénétrer et comprendre la
vérité. Si vous avez vraiment une vision pénétrante dans la
nature des pensées, vous les transcenderez automatiquement.
Si plus tard quelque chose apparaît et que vous vous retrouvez coincés avec ça, vous devez y réfléchir et tant que vous ne
l’avez pas transcendé, vous ne pouvez pas vous arrêter, sinon
il ne peut pas y avoir de progrès. Il vous faut continuer à
travailler avec le problème encore et encore et ne pas laisser
l’esprit s’échapper. C’est la manière par laquelle je pratique
dans mon propre esprit. Le Bouddha a enseigné : paccatam
vedditabo vinnuhi – les sages sont ceux qui savent par euxmêmes.
Ça veut dire qu’il faut faire la pratique par vous-même
et gagner de la vision pénétrante par votre propre expérience.

Vous devez connaître et comprendre ce « moi ».

Si vous avez confiance et vous fiez à vous-même, vous
pouvez vous sentir à l’aise.

Que les gens vous critiquent ou
qu’ils fassent vos louanges,

votre esprit demeure à l’aise.

Quoiqu’ils disent de vous, vous restez calmes et n’êtes pas
troublés.

Pourquoi pouvez-vous rester aussi calme? Parce que
vous vous connaissez.

Si des gens font vos louanges alors que vous êtes digne de critique, allez-vous vraiment croire ce qu’ils
disent? Non, vous ne croyez pas simplement ce que disent les
autres, vous faites votre propre pratique, et vous jugez les
choses par vous-même. Quand des gens qui n’ont aucune
fondation dans la pratique reçoivent des louanges, ça les met
de bonne humeur. Ils s’en intoxiquent. Ainsi lorsque vous
recevez des critiques, il vous faut regarder vers l’intérieur et voir
par vous-même. Ça peut ne pas être vrai. Peut-être disent-ils
que vous avez tort, mais en fait, ils se trompent et vous n’êtes
pas vraiment en faute du tout. Si c’est le cas, il n’est pas
nécessaire de se fâcher avec eux, parce qu’ils ne parlent pas
en accord avec la vérité. D’un autre côté, si ce qu’ils disent est
vrai et que vous avez vraiment tort, alors là encore, il n’est pas
nécessaire de se fâcher avec eux. Si vous pouvez réfléchir
comme ça, vous pouvez vous sentir complètement à l’aise,
parce que vous voyez tout comme du Dhamma, plutôt que
réagir aveuglement à vos opinions et vos préférences. C’est
comme ça que je pratique. C’est le chemin de pratique le plus
court et le plus direct. Même si vous deviez venir et essayer de
débattre avec moi des théories du Dhamma ou de l’Abhidhamma, je n’y participerais pas. Plutôt que de débattre,
je vous donnerais plutôt des réflexions raisonnées.

La chose importante à comprendre dans l’enseignement
du Bouddha est que le coeur de la pratique est le lâcher prise.
Mais c’est lâcher prise avec conscience, et non lâcher prise
sans conscience, comme les buffles et les vaches qui ne
prêtent pas attention à grand chose. Ce n’est pas la bonne
manière. Vous lâchez prise parce que vous avez de la vision
pénétrante dans le monde des conventions et des concepts et
que vous avez de la vision pénétrante dans le nonattachement.

[début de cette présentation : partie 1->https://www.buddhachannel.tv/portail/spip.php?article3004
]

[suite de cette présentation : partie 3->https://www.buddhachannel.tv/portail/spip.php?article3084
]

Puissent tous les êtres se libérer de la souffrance.

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