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vén. Shinjin — La voie du Bouddha, la libération de la souffrance

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Buda-3.gifPourquoi et comment sommes-nous dans cette vie qui est souffrance ? C’est une façon d’aborder la seconde Noble Proposition, c’est-à-dire comprendre que l’origine de la vie est le désir sous toutes ses formes. L’être humain, considéré comme une machine à penser et à agir, est complexe si l’on pense à cet assemblage anatomique, physiologique et psychologique. D’une part, on a le corps et les organes qui en assurent l’entretien ; d’autre part, on a les rouages complexes qui assurent la prise de conscience des sensations, leur transport dans les centres de perceptions, l’analyse, puis le classement dans la mémoire. Pour que ces fonctions puissent se réaliser, il faut qu’interviennent la volonté et derrière la volonté cette entité que l’on appelle « Moi-Je ».

C’est avec ce « Moi-Je », essence de notre personnalité, que nous devons jouer notre rôle. Mais, pas plus que l’acteur qui incarne son rôle n’est réellement le personnage qu’il incarne, nous ne sommes la personnalité à laquelle nous tenons tellement. Tant que nous restons sur le plan de cette vie qui est souffrance, nous avons cette personnalité ; nous avons ce « Moi-Je ». C’est notre personnalité qui incarne le rôle que nous avons choisi. Cette personnalité, nous l’avons acquise ; nous voulons la développer ; nous l’aimons, nous y sommes attachés. Pourtant si nous réfléchissons à cette machine à penser et à agir, il faut bien qu’une énergie vienne l’animer. Que se passe-t-il quand cette énergie n’agit plus. La machine s’arrête.

Cette énergie est. Elle est la base de la vie, elle anime tout : les plantes, les animaux, les êtres humains, etc. Cette énergie n’est en soi ni bonne ni mauvaise, elle est simplement, elle anime simplement. Voilà son rôle : elle est donc ce que d’aucun appelle « l’Âme Universelle ». Pourquoi faudrait-il que cette énergie nous soit personnellement dévolue, qu’elle soit notre propriété ? Ceci étant admis, pourquoi notre machine à penser et à agir serait-elle davantage notre vraie nature que cette énergie animante et animatrice ? En un certains sens, nous pouvons rechercher la cause de ce qui forme notre personnalité d’aujourd’hui. Nous pouvons remonter le cours de notre enfance, celui de notre préparation à la vie, nous pouvons déceler l’influence de nos parents, des êtres qui nous ont inspirés, marqués, que ce soit des amis, des professeurs ou de grandes figures, etc.

On peut simplement, par la logique, se dire que si nous sommes attirés par la vie spirituelle, c’est probablement le résultat des vies antérieures, car nous ne pouvons pas raisonnablement penser que rien vient de rien. La semence de spiritualité peut fleurir en nous même si la loi de causalité échappe à nos investigations. Acceptons-nous tels que nous sommes, avec notre personnalité, avec notre « Moi-Je » que nous savons toujours en changement. Sachons que notre personnalité n’est ni permanente ni éternelle. Nous utilisons l’énergie qui nous anime selon nos désirs, lesquels ne sont que la manifestation de notre personnalité.

La question qui doit nous éclairer est la suivante : l’utilisation de l’énergie selon nos désirs nous a-t-elle conduit à la paix ou à l’insatisfaction ? La Paix est cet état dans lequel l’esprit n’est pas troublé. Cet état est le but ultime que le Bouddha nous propose. La bienveillance, la compassion, la joie altruiste et la sérénité sont les manifestations de cette Paix. Il n’y a plus autrui, ni « Moi-Je », il y a Unité. Le Bouddha nous enseigne que pour arriver à cette paix, il faut parvenir à la Connaissance, c’est à dire la Vérité.

Où en sommes-nous ? Si on nous demande notre avis sur un problème important, nos réponses dépendront toujours de nos propres concepts, lesquels sont le résultat de nos études, de nos expériences, de notre éducation, de notre personnalité, de notre « Moi-Je ». Nous tournons ainsi dans un cercle fermé ; j’entends, par là, que « ma » vérité est relative et non conforme à la vérité ultime. Comment pourrions-nous concevoir ce qui est pur, ce qui est la Vérité Ultime au moyen de cette machine à penser qui a emmagasiné des concepts sur la base de désirs et d’attachements d’un « Moi-Je » changeant ?

Nous avons admis, compris et réalisé que la vie est souffrance. Nous devons arriver maintenant à la claire compréhension du fait que, si nous sommes dans cette vie, c’est que nous l’avons voulu. Et pourtant je ne me souviens pas d’avoir désiré être cet homme. Comment ce « Moi-Je », que je suis, peut-il être le résultat momentané d’une ronde sans fin de naissances et de morts ? Comment pourrait-il s’en souvenir, alors que sa mémoire ne fonctionne qu’avec sa machine à penser actuelle ? Souvenez-vous de l’exemple du petit lac qui est pur et dont on voyait le fond. L’homme arrive, y puise son seau, déverse des déchets et l’eau devient polluée, ce qui fait qu’on ne voit plus le fond. L’esprit ou l’énergie qui nous anime est pur, mais l’utilisation que nous en faisons le pollue et le résultat en est notre personnalité actuelle. Nous n’avons pas désiré être ce que nous sommes maintenant, mais nous devons l’assumer.

Ou bien un désir s’éveille ou il ne s’éveille pas. S’il s’éveille et que nous pouvons le réaliser, nous en ressentons de la satisfaction. Ou bien le désir s’éveille mais ne peut être réalisé et nous en ressentons une certaine insatisfaction. Que se passerait-il si nous acceptions les choses comme elles se présentent, c’est-à-dire les bonnes comme les mauvaises sans laisser le désir influencer notre conduite ? Elles deviendraient le moyen de mettre en pratique et de vivre l’Enseignement. La Sagesse n’est pas une vertu qui se développe à notre insu. Le Bouddha nous montre le chemin et le progrès ne dépendent que de nous-mêmes.

Pour vaincre les obstacles à la sagesse, il faut les connaître, ils sont nombreux et variés. Ils sont comme les personnages du théâtre dont on fait connaissance au fur et à mesure qu’ils entrent en scène. Ce que nous pouvons dire, c’est que certains obstacles seront vaincus par le discernement, d’autres par l’attention juste ou l’usage approprié, d’autres par la persévérance, d’autres par la patience, quelques uns par la fuite. Mais l’ignorance ne peut être vaincue que par la Connaissance. Manque de persévérance et de tolérance, ce n’est pas toujours facile d’accepter le milieu physique et mental qui est le nôtre et celui de notre entourage. Le manque d’endurance et de tolérance à l’égard de notre conditionnement social, familial, professionnel compromet notre avancement spirituel. Prendre son épreuve physique ou morale en patience, c’est la grande leçon que nous donnent les malades et les infirmes qui ont dépassé leurs épreuves. On peut vaincre aussi un obstacle par la fuite, et n’est-il pas plus sage de fuir une mauvaise compagnie que nous ne pouvons en aucun cas transformer ? La fuite, lorsqu’elle ne cause aucun préjudice à personne, est souvent preuve de Sagesse.

Mais l’origine de la souffrance reste toujours l’ignorance qui ne peut être vaincue que progressivement par notre évolution spirituelle que nous obtiendrons en suivant le Noble Octuple Chemin. Lorsqu’un obstacle à la sagesse devient conscient à notre esprit, nous devons penser « ceci est un obstacle à la sagesse, il me conduit à la souffrance, il est conditionné par mon désir de … en évitant son conditionnement, il ne surgira plus. Ainsi aurai-je vaincu un obstacle à la sagesse. » Les résultats de cette lutte tenace contre soi-même, c’est la joie, la tranquillité, la concentration. Par leur acquisition, il s’ensuit l’abandon progressif de nos désirs.

Vouloir refouler nos désirs est une forme malsaine de notre entraînement spirituel. Ce qu’il faut faire, c’est analyser nos désirs. Sont-ils favorables, profitables en ce moment, non seulement à notre égard, mais aussi à celui des autres ? Nous aident-ils à avancer sur la voie de la Sagesse ? Il ne s’agit pas ici de supprimer des désirs, il s’agit à arriver à une claire compréhension de leur rôle.


vén. Shinjin

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