Ce monumental éléphant dressé sur ses quatre pattes, trompe relevée, est en fait un récipient. L’intérieur est vide et pouvait être rempli par une ouverture carrée pratiquée sur le dos, et dont le couvercle a aujourd’hui disparu. Ses flancs portent un décor de taotie étendu en bas relief rubané sur fond tapissant de leiwen. Ces motifs sont peu à peu remplacés par des écailles qui apparaissent ici sur les oreilles, la trompe, le ventre et les pattes. Le volume zoomorphe affirmé et le déclin de l’ornementation sont caractéristiques de la production du Hunan, en Chine du Sud, où une volonté d’indépendance régionale s’établit aux dépends des conventions en usage dans la capitale d’Anyang au Henan. Leur influence aurait même fini par gagner les productions officielles du Nord comme en témoigne un éléphant de jade découvert dans la tombe de la dame Fuhao.
Héritier de l’art des potiers pour l’élaboration de la forme, et de celui des ciseleurs de jade pour le décor ornemental, ce type de pièce a été réalisé dans un moule à section en terre réfractaire. Les jonctions des différentes parties ont laissé des arêtes vives courant le long des pattes et de l’abdomen de l’animal.
Le terme général de zun désigne des coupes à alcool dont les formes varient de celle d’un calice à d’autres plus zoomorphes. Celles-ci sont utilisées lors de cérémonies de rites officiels, au cours desquelles le monarque rend hommage au ciel pour les besoins de fonctionnement harmonieux de l’univers. Les Shang saisiront toute la portée magique que l’on peut tirer d’une vaisselle sacrificielle fondue dans une matière rare. Ainsi, ces récipients deviendront très vite les garants de la légitimité royale. Pour cette raison, les formes seront variées de façon inépuisable, en fait cinquante modèles qui marquent le faste que l’on peut trouver lors de ces rituels.
Source : www.guimet.fr