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Décès de Thubten Norbu, Frère aîné du Dalaï Lama

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DÉCÈS DE THUBTEN NORBU, FRÈRE AINÉ DU DALAÏ LAMA [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]


09.09.2008

Bloomington, Indiana (USA) – Thubten J. Norbu, frère aîné du Dalaï Lama et lui-même considéré comme un saint réincarné, est décédé vendredi à Bloomington dans l’Indiana. Il s’était distingué de son frère pacifiste en demandant une totale indépendance du Tibet, allant même jusqu’à apporter son aide au gouvernement des USA pour une guérilla secrète.

NorbuandbrotherDalaiLama.jpg << Norbu (1922 - 5 septembre 2008) avec son frère Tenzin Gyatso, en 1996

Il avait 86 ans selon une estimation occidentale, et 87 ans au Tibet, où il est né, raconte Terry Norbu, sa belle-fille, qui a confirmé la mort.

Après avoir été reconnu à l’âge de 3 ans, comme la réincarnation d’un haut lama, grand prêtre dans le bouddhisme tibétain, Norbu est devenu leader dans les batailles politiques de son petit pays, d’abord au Tibet, ensuite aux États Unis. Son rôle est en grande partie du à l’identification de son frère, de 13 ans son cadet, comme le Dalaï Lama réincarné, traditionnellement meneur du Tibet et de sa religion.

Norbu devient abbé du Monastère de Kumbum à 27 ans (jeune âge pour une telle charge ), il est bientôt pris dans le traumatisme de l’invasion communiste du Tibet en 1950, une action que la Chine prétend justifiée à plusieurs niveaux.

Après que les troupes communistes s’emparent de Kumbum, dans ce qui est maintenant la Province chinoise de Qinghai, anciennement région tibétaine orientale d’Amdo, Norbu est amené sous la pression à discréditer ou autrement à aider, à évincer son frère.

Au lieu de cela, il rejoint Lhassa, la capitale isolée du Tibet, et échappe à ses dirigeants chinois afin de prévenir son frère, sur le point d’être investi Dalaï Lama, du sérieux de la menace chinoise.

« J’ai eu le souffle coupé lorsqu’il m’a dit cela », écrira le Dalaï Lama dans son autobiographie, « Freedom in Exile », publiée en 1990. « Je n’avais pratiquement aucune connaissance des chinois. Et des communistes, j’étais presque totalement ignorant ».

Norbu fait savoir à son frère qu’il renoncera à ses vœux monastiques et s’en ira à l’étranger en tant qu’émissaire tibétain. Le Dalaï Lama choisit de rester afin de réaliser sa destinée, mais devra tout de même partir vers l’Inde en 1959 afin d’établir un gouvernement en exil.

En exil en Inde, Norbu se rapproche de la CIA, l’agence américaine d’espionnage, qui accepte de soutenir les combattants de la résistance tibétaine. Il apportera son aide plus tard en tant que traducteur lors de sessions d’entraînement pour les guérillas.

En 1955, il arrive aux États Unis en demande d’une nationalité, il est peut-être le premier tibétain fuyant le communisme dans ce cas. Il devient le plus haut dignitaire de la prêtrise bouddhiste aux États Unis.

Il utilise cette proéminence pour élever la voix contre les atrocités qui seraient commises par les Chinois. Les Tibétains avec des chevaux se sont enfuis vers les collines, dit-il lors d’une interview avec le New York Times en 1959.

« Ceux qu’il reste- les personnes âgées, les plus jeunes et les femmes – sont mitraillés par les chinois », dit-il.

Ses attaques verbales amères à l’encontre des chinois font presque effet miroir avec la tolérance du Dalaï Lama.

Les tibétains, les exilés en particulier, soutiennent dans l’ensemble l’approche intransigeante de Norbu, explique Robert Barnett, directeur des études tibétaines modernes à Columbia.

En conséquence, poursuit Barnette, l’hospitalisation du Dalaï Lama et d’un de ses hauts lieutenants « est le signe qu’il est grand temps pour les chinois d’arriver à un accord » avec les modérés.

Norbu naît dans une famille de fermiers dans un petit village du Tibet oriental sous le nom de Tashi Tsering le 16ème jour du huitième mois de l’année du Chien d’eau, le 16 août 1922. Lorsqu’il a 3 ans, le prédécesseur de l’actuel Dalaï Lama le reconnaît comme le lama réincarné Takster Rinpoche.

Ce Dalaï Lama lui donne le nom de Thubten Jigme Norbu. Jigme signifie « ne crains pas » et Norbu « joyau ».

Lundi, dans sa nécrologie, le quotiden britannique The Guardian, a indiqué que la coïncidence de deux frères reconnus comme saints bouddhistes n’était pas aussi incroyable qu’on l’a souvent décrite. Leur oncle maternel avait été trésorier de Kumbum, le grand monastère que Norbu aura finalement dirigé.

Selon une autobiographie qu’il a écrite en 1961 avec Heinrich Harrer, plus tôt le précepteur de l’actuel Dalaï Lama, Norbu a connu une enfance pleine de farces. Il avait un jour rôti une patate dans le feu sacramentel.

A l’âge de 8 ans, il entre à Kumbum et impressionne les professeurs en mémorisant 2000 pages d’écritures.

En exil, Norbu est le représentant du Dalaï Lama au Japon et en Amérique du Nord. De 1961 à 1965, il est conservateur des œuvres d’art tibétaines au Muséum Américain d’Histoire Naturelle de New York. Il lance ensuite l’un des premiers programmes d’études tibétaines du pays, à l’Université Indiana à Bloomington, où il lancera également les bases de ce qui est aujourd’hui le Centre Culturel Bouddhiste Tibéto-mongole. Il a mené de longues marches pour l’indépendance du Tibet.

En plus de son frère, sa femme Kunyang lui survit ; ainsi que ses fils Lhundrup, Kunga et Jigme, tous de Bloomington ; et trois petits enfants.

Les tibétains attendent le retour de l’âme de Norbu. Il n’a jamais appelé le Dalaï Lama son « frère », confie t-il en 1999 dans une interview.

« Pour moi il est ‘Sa Sainteté' » explique t-il. « Il est de la famille, oui, mais il est le leader tibétain avant tout ».


Sur Wikipedia: Thupten Jigme Norbu

Par Douglas Martin

Source : IHT

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