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Inde – Galerie d’Art et Résidence d’Artiste dans une Haveli

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LE SHEKHAWATI

Le Shekhawati, couleur de sable, se déploie aux confins orientaux du désert du Thar à l’Est du Rajasthan. Ici, les charrettes tirées par les ânes et les dromadaires restent encore très nombreuses sur des routes dont l’état procure souvent quelque inconfort. Peu d’arbres, de maigres cultures et des troupeaux de chèvres et de moutons. Dans cet environnement d’une beauté austère, le Shekhawati offre à nos regards l’un des plus importants patrimoine d’architecture indo moghol du monde comprenant forteresses et havelis.
S’agissant des havelis, l’histoire nous apprend que des générations de « marwaris, habiles négociants ont su saisir toutes les opportunités pour faire fortune au 18ème siècle quand les caravanes transitaient par le Shekhawati. Puis le déclin du commerce terrestre a incité ces riches marchands à poursuivre leur négoce dans les villes portuaires. Pour le confort et la sécurité de leurs familles mais aussi pour témoigner de leur réussite sociale, ils font édifier de somptueuses demeures (havelis). Ils en confient la décoration à de talentueux artistes venus parfois des cours royales de Delhi. Ce sont leurs oeuvres prolongées par le savoir-faire acquis par les artistes et les artisans locaux que nous admirons aujourd’hui, lorsque l’usure du temps, les démolitions et l’absence d’entretien ne les ont pas déjà englouties dans l’oubli.

La Haveli Cultural Centre - avant restauration
La Haveli Cultural Centre – avant restauration

FATEHPUR

Avec quelques 80.000 habitants, Fatehpur est aux yeux des Indiens une petite ville, voire un gros village organisé autour d’un marché animé et coloré. Fondée en 1502 par un certain Fateh Ali Khan (d’où son nom), la ville possédait jadis un fort et un lac tous deux aujourd’hui disparus. Une cinquantaine de mosquées et au moins autant de temples hindous rythment musicalement la vie des habitants.

Fatehpur est riche de plusieurs centaines de havelis dont certaines de dimensions palatiales. Beaucoup sont oubliées par leurs propriétaires souvent fortunés qui vivent à Bombay, à Calcutta ou ailleurs. La plupart du temps, des familles chargées d’une mission de gardiennage y sont installées. Mais il y a aussi celles que l’on démolit pour faire place à des maisons au goût du jour. La mémoire artistique et architecturale de ce pays est ainsi mise en péril dans une indifférence quasi générale.

La Haveli Cultural Centre - après restauration
La Haveli Cultural Centre – après restauration

LA HAVELI Nadine LE PRINCE

Dans ce contexte, l’oeuvre colossale entreprise par Nadine LE PRINCE prend tout son sens. Cette Française, peintre renommée, séduite par la haveli de la famille DEVRA l’achète donc aux descendants du fondateur. Très vite elle manifeste une farouche volonté de contribuer à la sauvegarde de cet ensemble architectural et pictural parmi les plus beaux du Shekhawati dans le style indo-moghol. Depuis 1998, des travaux de restauration ont succédé à des travaux de déblaiements nécessaires après de longues années d’abandon. Artistes et artisans locaux ont dû retrouver des matériaux et un savoir-faire souvent oubliés. Le résultat est stupéfiant. Mais la restauration si réussie soit-elle n’est pas une fin en soi pour Nadine LE PRINCE qui a tout mis en oeuvre pour que la haveli s’anime d’une vie culturelle et artistique intense.

LE CENTRE CULTUREL

Construit par Nadine LE PRINCE dans le prolongement de l’ancien caravansérail, le centre culturel est un lieu de rencontres et d’échanges offert aux artistes indiens et étrangers. Leurs oeuvres (peintures, sculptures, photographies…) sont exposées dans la galerie d’art que les visiteurs de la haveli découvrent sur leur parcours.

Une grande exposition est organisée chaque année réunissant des oeuvres d’artistes connus.

Des petites salles offrent un espace pour les artistes locaux qui souhaitent faire connaître leurs créations.

LA RESIDENCE D’ARTISTES

La haveli et le centre culturel sont aujourd’hui en mesure de procurer un cadre de travail et un confort de vie exceptionnels à des artistes indiens ou étrangers. Des espaces de travail adaptés, des ateliers d’artistes permettent à chacun d’élaborer ou de poursuivre des projets personnels de recherche et de création tout en bénéficiant de rencontres enrichissantes.

Les mots de Nadine LE PRINCE

Ma fascination pour l’Inde remonte à de nombreuses années, mais c’est l’âme du Rajasthan dans sa diversité, ses coutumes, ses fêtes, ses rites, son architecture et ses arts où j’ai choisi de m’établir.

Les havelis du Shekhawati m’ont dès le départ enthousiasmée ; derrière les façades ouvragées, l’art des fresques illustre le développement de la région et l’omniprésence des dieux. Les cours séparaient le monde des hommes et celui des femmes… j’avais envie d’en modifier l’utilisation !

Aujourd’hui les havelis abandonnées s’assoupissent dans les sables, leurs riches propriétaires absents, les dégradations vont train. Mais ces quartiers, ces villages, autrefois splendides, ressemblent aux décors du conte de fées « la Belle au Bois dormant » où la vie s’est arrêtée. Malheureusement, le temps ronge ces superbes demeures.

Aidée de mes deux fils, nous avons choisi cette haveli de Fatehpur pour continuer son histoire et juxtaposer le passé et le présent.

Les travaux de restauration se sont étalés sur plusieurs années et m’ont amené à travailler avec des artisans de toutes sortes, et des artistes locaux spécialisés dans les peintures murales. J’ai pu observer combien le Shekhawati était une région exceptionnelle sur le plan artistique, tant pour l’architecture de ses havelis, temples et palais que pour ses décors. Peintures, portes et fenêtres en bois sculptés… et pour son artisanat : de beaux objets usuels, de magnifiques tissus…

Mon idée première était de m’installer à Fatehpur pour peindre sur l’Inde. Puis, au fil des jours, j’ai pu me rendre compte que tout ce patrimoine artistique était en grand danger.

A chacun de mes séjours, je constatais que des havelis étaient démolies, que leurs habitants vendaient des portes et des fenêtres, et que ces belles demeures perdaient leur âme. Les monuments municipaux : puits, réservoirs, chhatris, dharamsalas sont chaotiques et dévastés.

Il fallait faire quelque chose et vite !

Cette région qui avait été si belle grâce à l’art est en train de disparaître. C’est un véritable trésor qui pourrait être une source de richesse pour la population locale. J’ai donc eu l’idée de créer un modeste centre culturel afin d’organiser des rencontres entre les artistes Indiens et des artistes étrangers.
Une galerie d’art s’imposait.

J’accueille les artistes dans ma haveli, à l’occasion de leur exposition, pour en faire un lieu de rencontres. J’ai commencé à faire inviter des artistes Indiens en France, à Paris, pour participer à de grandes expositions pour une amitié franco-indienne plus forte et plus active.

Ce n’est qu’un premier pas à la mesure de mes possibilités, mais je souhaite ensuite trouver des sponsors indiens, désireux de participer à la grandeur artistique de l’Inde, pour créer un grand centre culturel dans une belle haveli de Fatehpur. Des artistes Indiens de tous les arts : peinture, sculpture, musique, danse, poésie, littérature… donneraient des cours à des étrangers qui viendraient faire des stages pour étudier les arts de l’Inde.

Le Shekhawati pourrait revivre, s’épanouir, retrouver une activité culturelle et commerciale grâce à l’art. Les étrangers qui y séjourneraient pourraient ensuite promouvoir l’art Indien dans leur pays.

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Pour tous renseignements complémentaires :
www.cultural-centre.com

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