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Le trafic d’ivoire menace les éléphants d’Afrique

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Au début du XXème siècle, ils étaient plus de deux millions. Aujourd’hui, le nombre d’ éléphants d’Afrique est estimé à environ 350 000. Comment une telle baisse de la population est-elle possible? La réponse est aussi simple que triste: le trafic illégal d’ivoire continue dans de nombreux pays. En 2006, les douanes en auraient interceptée 24 tonnes. Et, d’après une étude américaine (compte rendu de l’Académie des sciences (PNAS)), ce sont près de 23 000 éléphants qui auraient été tués en Afrique l’année dernière.
Très attendus, ces résultats d’une équipe de chercheurs de Seattle inquiètent: malgré l’interdiction du commerce de l’ivoire depuis 1989 (Convention de Washington), les trafics restent importants. Les éléphants d’Afrique pourraient même disparaître d’ici 4 ans, si le braconnage s’intensifie encore.


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D’après un article du magazine Current Science (10 février 2007), une épave d’un navire portugais pleine de défenses d’éléphants a été recemment retrouvée au large de Goa. Pour les archéologues, cette découverte n’a rien d’exceptionnel: les trafics illégaux d’ivoire ont toujours été importants. Avant 89, l’or blanc des éléphants d’Afrique était très recherché en Inde et en Extrême-Orient, plus apprécié pour sa qualité que l’ivoire des éléphants d’Asie (moins dur et moins blanc).

En 89, l’interdiction du commerce de l’ivoire laisse présager la fin de la contrebande. Pourtant, le répis des éléphants ne dure qu’un court moment. De nombreux pays poursuivent et encouragent les trafics, et malgré l’opposition de certains états et ONG, l’ivoire traverse les continents. En 97, la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore menacées d’extinction) décide même de déclasser les éléphants du Botswana, de la Namibie et du Zimbabwe, et de les inscrire dans l’annexe II (annexe autorisant le commerce de l’ivoire)


Quelques années plus tard, en 2002, le Botswana, la Namibie et l’Afrique du Sud reçoivent l’autorisation de la CITES pour la vente de 60 tonnes d’ivoire stocké (avec néanmoins certaines conditions : un contrôle réel du braconnage, la satisfaction de protocoles commerciaux…)

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Aujourd’hui, c’est l’Asie et le Moyen-Orient qui sont sur le devant de la scène: principaux importateurs, l’ivoire occupe sur ces continents une place économique et culturelle importante.

Entre les étés 2005 et 2006, pas moins de douze saisies ont eu lieu dans des navires à destination de l’Extrême-Orient. En Asie, ce sont les fameux “ hankos”, des tampons en ivoire personnalisés, qui connaissent un immense succès. Une saisie à Singapour en juin 2002 avait permis d’en récupérer près de 40 000 (et plus de 6 tonnes d’ivoire).

L’année dernière, à Hong Kong cette fois, une cargaison illégale de 3,9 tonnes d’ivoire comprenant 600 défenses d’éléphants a été interceptée par les douaniers. Sur le continent, le prix de l’ivoire a d’ailleurs quadruplé au fil des années: au Japon et en Chine, il est passé de 100 $ le kilo (à la fin des années 90) à 750 $ actuellement.


Afin de contrer ce phénomène, de nombreuses associations se battent pour empêcher braconnage sauvage et commerce illégal. Une récente découverte venant des Etats-Unis pourrait aussi participer à une amélioration de la situation. A l’Université de Washington, des chercheurs ont mis au point une méthode qui permet de déterminer l’origine des défenses si souvent interceptées. C’est grâce à des analyses ADN que Samuel Wasser et ses collègues (chercheurs et auteurs des Comptes rendus de l’Académie des sciences) tentent de retrouver le lieu d’où vient l’ivoire examiné. Et les résultats sont plutôt positifs: les éléphants dont les défenses ont pu être analysées proviendraient d’une bande est ouest de Zambie. Des progrès bienvenus au pays de l’or blanc, quand on sait que l’avenir des pachydermes est en jeu.


Un avenir bien incertain, déchiré entre les défenseurs des bêtes et les gouvernements. Car selon les pays, la donne change: en Afrique du Sud par exemple, c’est cette fois le trop grand nombre d’éléphants qui pose problème ( 8000 il y a 12 ans, ils seraient environ 20 000 aujourd’hui). Le ministre de l’Environnement Marthinus van Schalkwyk envisage même des mesures d’urgence, parmi lesquelles l’abattage. « Quand des mesures mortelles sont nécessaires pour gérer un groupe d’éléphants ou l’ampleur de leur population, elles doivent être prises avec circonspection » a-t-il néanmoins assuré. Reste à demander aux éléphants s’ils préférent être tués pour leurs défenses ou, pour leur simple présence…


Clémence de la Robertie pour www.buddhachannel.tv

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