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USA – Bouddha dans le Bayou

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BOUDDHA DANS LE BAYOU [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]


17.06.2008

Lorsque le Temple Wat Buddharaska d’Irvington disparaît dans un incendie il y a quelques mois de cela, l’événement réunit un groupe de personnes déterminées à le voir renaître des cendres.

MOBILE, Alabama (USA) – On dénombre plus de 500 églises chrétiennes dans la région de Mobile, selon usachurch.com. Le Sud est réputé très chrétien, ce chiffre n’étonne donc personne.

mobile.jpgMais si vous faites un tour du côté d’Irvington, au bout de la Murray Heights Drive, à l’endroit où finit la chaussée et là où démarre une route poussiéreuse, à l’endroit où les remorques commencent à remplacer les maisons, vous pourrez voir une chose surprenante. Derrière une grille métallique, le Centre Communautaire Asiatique, une statue dorée du Bouddha ainsi qu’un terrain nu, où se tenait autrefois un temple bouddhiste laotien.

Le 23 mars, les cinq moines du Temple Wat Buddharaska s’en vont de bonne heure, rendre visite à une famille thaïlandaise de Panama City, Fla. Plus tard dans la matinée, le temple prend feu.

« J’ai reçu un appel du voisinage », raconte Chaiwat Moleechate, abbé du Temple. « Ils m’ont demandé : ‘Est-ce que vous savez que des flammes s’échappent du temple ?’ et je ne savais pas ce qu’il se passait ».

Selon les autorités locales, le feu se serait déclaré dans la cuisine du temple. Personne n’a été blessé dans l’incendie, mais tout ce qu’il abritait a été endommagé par l’eau et la fumée. A présent, l’un des quatre temples qui servait les diverses communautés asiatiques du sud de l’Alabama, attend d’être reconstruit.

Des faits historiques du Bouddhisme, l’ouvrage de Huston Smith « The World’s Religions », raconte que Siddharta Gautama, l’homme qui deviendrait le Bouddha ou « l’Illuminé », est né vers 563 avant J.C. dans la région actuelle du Népal, près de la frontière indienne. Il était fils de roi, mais une comparaison occidentale ferait plutôt de lui, un seigneur féodal.

Siddharta reçut une éducation luxueuse pour son temps, tout lui était accordé. En dépit de tout cela, il quitta sa propriété dans sa 20ème année après que, selon l’auteur, il réalisa « l’inéluctabilité de la douleur et du passage corporels ».

Errant dans la nature, Siddharta suivit différentes voies de la foi hindoue dans sa quête de l’illumination. Durant une brève période, il suivit plusieurs des premiers maîtres hindous de son époque, afin d’en apprendre sur leur sagesse et plus tard, il rejoignit un groupe d’ascètes, ces personnes qui usent de la mortification et du jeûne extrême comme chemin vers l’illumination.

Il abandonna cette dernière voie et adopta la Voie du Milieu, que Smith décrit comme étant « le concept de la vie rationnée, dans laquelle on donne au corps ce dont il a besoin pour fonctionner de manière optimale, pas davantage ».

La tradition bouddhiste raconte que Siddharta, réalisant qu’il était prêt d’atteindre la vérité, s’assit pour se concentrer. Selon Smith, « le Mauvais, réalisant que le succès de son antagoniste était imminent, se précipita jusqu’à l’endroit afin d’interrompre sa concentration ». Siddharta fut soumis à une série d’épreuves et de tentations qui ne sont pas sans rappeler ce que Jésus vécut dans le désert.

Surmontant celles-ci grâce à une volonté intacte, il plongea plus profondément dans la méditation et finalement « Le Grand Eveil » survint, Siddharta atteignit l’illumination et devint le Bouddha. Après cela, il porta son message au peuple 45 ans durant, jusqu’à sa mort survenue en 483 avant J.C.

On peut d’une manière générale, voir le Bouddhisme comme une tentative d’éteindre les souffrances passées de l’existence humaine. La plupart des bouddhistes acceptent les traditions des « Quatre Nobles Vérités » et de « l’Octuple Sentier » comme le chemin vers l’illumination. Toutefois comme la plupart des religions, il peut y avoir de grandes différences dans les détails.

Les moines du Temple Wat Buddharaksa pratiquent le Bouddhisme Theravada, généralement considéré comme une forme plus conservatrice de la religion. Le Theravada tend à minimiser le rituel et la métaphysique et considère le Bouddha comme un enseignant et un saint. L’autre branche du bouddhisme est le Mahayana.

Le rôle des moines consiste à aider le peuple avec la méditation et l’enseignement du « dharma », ou l’enseignement du Bouddha. L’abbé tient également des discussions avec ses fidèles qui s’apparentent à des sermons.

« Mais les gens, à chaque fois qu’ils ont un problème et veulent méditer, viennent me voir et nous y travaillons » explique Moleechate l’abbé. « Nous ne sommes pas si différents des autres religions ».

Les moines ne font que deux repas par jour, un le matin et l’autre autour de midi. Ils n’ont plus le droit de manger jusqu’à la matinée suivante, et ne peuvent que boire de l’eau. Cela représente 18 heures sans aucune nourriture solide. Durant ce temps, ils méditent et exécutent leurs autres tâches.

Les quelques différences au sein même de la religion sont plus d’ordre culturel que spirituel. La communauté asiatique de la région est très diverse, et le temple sert principalement 300 familles laotiennes et environ 60 familles thaïlandaises, plus quelques familles vietnamiennes et cambodgiennes.

L’abbé et ses moines n’aident pas simplement au niveau spirituel. Quelquefois, l’abbé fait office de traducteur.

« Les personnes en dehors de l’état, si elles ont un problème, j’essaye de les aider et je traduis pour elles au téléphone », indique Moleechate.

Il y a une forte communauté asiatique au sud de l’Alabama depuis quelque temps, mais le temple Wat Buddharaska a été fondé en 1997. Le terrain a été acheté, puis donné par Bouathong Saysombath, qui à l’âge de 82 ans, vit maintenant comme nonne au temple.

Saysombath est arrivée aux États-Unis en 1975 en tant que réfugiée de la Guerre du Vietnam. Avant d’acheter le terrain pour le temple, elle a vécu avec sa famille à St. Louis, aidant à l’éducation des petits enfants pour 115 $ par semaine. En récompense pour son aide, sa famille lui vend le terrain pour construire le temple. Elle essaye encore de payer ses enfants en retour, avec l’argent qu’elle parvient à mettre de côté à la fin du mois.

« J’ai besoin de paix dans ma vie », rit-elle, « j’ai trop d’enfants ! ».

Saysombath passe maintenant la majeure partie de ses journées à méditer.

L’argent pour la construction du temple provient principalement de la communauté. Ce sont les gens de la région qui ont fait le plus gros du travail de construction du temple et du centre communautaire, afin d’économiser sur la main d’œuvre.

L’abbé Chaiwat Moleechate arrive au temple en 2001. Originaire de Thaïlande, il a déjà vécu trois ans à Seattle avant de s’installer à Irvington.

A la suite de l’ouragan Katrina, le temple fait tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir la communauté. Après la tempête, Moleechate et les moines se rendent en voiture dans le sud du Mississipi, pour aller y chercher des membres de leur communauté isolés qui ont perdu leurs maisons. D’autres fois, ils apportent de la nourriture et des approvisionnements. Durant tout le désastre, le temple aide près de 300 familles en leur apportant de la nourriture ou en hébergeant des familles dans le hall des événements du centre social.

A présent le temple n’est plus, et les moines acceptent toute l’aide qu’on peut leur donner. Beaucoup dans la communauté asiatique locale, ont donné tout ce qu’ils ont pu.

« Nous avons eu cet argent lors de la célébration de la nouvelle année asiatique en avril », explique Moleechate. « Ce jour là, les gens sont venus et nous avons collecté une grande somme. Nous avons obtenu environ 30 000$ en collectes et dons. Pour la prochaine bâtisse, nous prévoyons un coût approximatif de 150 000$. Nous avons près de 40 000$ à la banque ».

L’abbé a reçu l’aide des trois autres temples de la région et de nombre de donateurs individuels issus de la communauté. Parmi eux, une famille qui a préféré garder l’anonymat. Il s’agit d’une des nombreuses familles du Mississipi soutenues par le temple, après la perte de leurs maisons. La famille tente de liquider quelques biens. Une fois la vente terminée, ils prêteront au temple la somme ainsi collectée.

Des membres de la communauté prêtant de l’argent au temple : ceci n’est pas une pratique inhabituelle, mais Moleechate impose toutefois quelques conditions. Premièrement, il ne doit pas y avoir d’intérêts sur le prêt, les deux premières années. Si le prêt n’est pas remboursé durant ce laps de temps, s’ajouteront après coup 5 pour cent. Ils ne peuvent pas non plus dire avec certitude quand le prêt sera remboursé ou à quels montants s’élèveront les paiements réguliers. Si les créditeurs sont nombreux, les moines doivent désigner les premiers remboursés, par tirage aléatoire.

Un membre de la communauté participe en utilisant ses compétences d’ingénieur. Don Wijerante, un bouddhiste vivant dans l’Ouest de Mobile, dessine une série de plans de constructions pour le nouveau temple.

« Il travaille tellement dur sur les plans » lance Moleechate.

Les plans dessinés par Wijerante pour le temple auraient normalement coûté entre 5000 et 10 000$, mais celui-ci semble heureux de participer.

« Lorsque j’ai entendu parler de l’incendie, j’ai voulu proposer mes services bénévolement », raconte wijerante.

Wijerante a grandi avec le bouddhisme, mais cette religion s’est ancrée plus profondément en lui par la suite.

« Je crois que la religion est une chose très personnelle », confie Wijerante. « Il ne s’agit pas simplement de ce que sont vos parents. Je me sens très en phase avec le bouddhisme. En tant que personne de science et de pensée rationnelle, le Bouddhisme me parle. Il répond à de nombreuses questions de la nature humaine et ne contredit pas la science. »

Wijerante est l’un des nombreux bouddhistes de la communauté qui s’efforcent de participer, mais certains non bouddhistes veulent également soutenir le temple Wat Buddharaska.

Makie Smith, résident de Mobile et opérateur du 911[[Numéro américain des urgences]], a débuté une collecte de fonds pour le temple.

« Lorsque je suis allé au travail, j’en ai entendu parler car il s’agissait de l’un des plus importants incendies de la semaine », raconte Smith. « Je suppose que ma première pensée a été celle de n’importe qui d’autre ‘Hé, c’est vraiment triste, mais çà ne me concerne pas’ mais ce qui m’a vraiment motivé à commencer cette collecte, c’est de ne pas en entendre parler aux informations ni dans les journaux ou sur Internet ».

Smith décide finalement de descendre à Irvington pour parler à l’abbé en personne et voir s’ils ont besoin d’une quelconque aide.

« Je me suis dit que si cela avait été une église chrétienne, elle aurait déjà été reconstruite aujourd’hui », déplore Smith. « Toute la communauté se serait réunie pour participer ».

Smith, élevé en baptiste du sud, a travaillé parmi eux, à l’organisation de différentes collectes de fonds, en créant une page myspace (www.myspace.com/watbuddharaksa) destinée à faire passer le message. Ce dernier a suscité l’intérêt de quelques uns, et des organismes lui ont offert des objets à mettre en tombola, assortis de donations.

Volunteers of America accepte également les donations au temple. Les personnes souhaitant aider peuvent faire parvenir leurs chèques à Volunteers of America, Southeast Attn Temple Fire 600 Azlaea Rd, Mobile, AL 36609.

Smith a mené cette collecte pour le temple « parce que c’est la bonne chose à faire », dit-il. « Peu importe votre race et votre religion, la communauté doit aider. Nous voulons être cette grande communauté de la diversité ainsi que cette grande nation de la diversité, mais quand une personne de couleur ou de religion différente a besoin d’aide et que vous ne pouvez pas l’aider, c’est assez stupide ».

Quelques églises chrétiennes asiatiques locales ont directement aidé le temple, toutefois la plupart des églises chrétiennes auxquelles s’est adressé Smith, lui ont donné une réponse négative.

« Pour la plupart d’entre eux, c’est ‘Nous sommes désolés pour eux mais nous utilisons l’argent ailleurs’. Je ne comprends pas » regrette Smith. « Je souhaite juste que les gens ouvrent les yeux, en particulier ceux qui se réclament Chrétiens. Jésus a recommandé de nous aimer les uns les autres et de faire pour les autres ce qu’ils feraient pour nous. Il n’a pas mentionné ‘à moins qu’ils soient juifs, bouddhistes ou musulmans’. Il nous a ordonné de le faire. »


Par Dan Anderson

Source : Lagniappe

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