Accueil Espace Bouddhiste Bouddhisme Votre Parole – Peut-on désirer sans souffrir ? Répondez à cette Question...

Votre Parole – Peut-on désirer sans souffrir ? Répondez à cette Question du Bac Philo 2008

88
2

Nous avons demandé à quelques personnes du monde du bouddhisme de réagir à l’un des sujets du Bac Philo de cette année : « Peut-on désirer sans souffrir ? »

Voici les réponses sur info@buddhachannel.tv
Osez donner votre avis en cliquant en bas de cette page sur « répondre à cet article ».


MAITRE KOSEN

Maître Kosen
Maître Kosen
Il y a deux sortes de désirs : Le désir conditionné et le désir créatif.

Le désir conditionné, comme son nom l’indique est conditionné par notre programmation, il prend toujours sa source dans ce que l’on connaît, donc dans le passé et dans des émotions parfois très anciennes que l’on voudrait retrouver, référence à notre culture et à notre karma et à nos frustrations passées. Quand on obtient le fruit de cette sorte de désir, il ne nous procure pas la paix ou la satisfaction souhaitée car on s’y attache ou l’on craint de le perdre et l’on répète inlassablement des expériences plus ou moins similaires et en général un comportement lui aussi conditionné et souvent destructeur.
Quand on n’obtient pas ce fruit, on est frustré et l’on devient aigri.

De plus, le fait de désirer nous maintient dans le manque, car le désir lui-même devient la réalité qui se manifeste à nous.

Le désir créatif lui est abstrait et sans émotions, il est un nouveau concept une nouvelle potentialité que l’on a créée par notre réflexion profonde et il se manifestera dans le futur de manière inattendue et nouvelle, apportant avec lui des émotions, jamais vécues auparavant.

Le fruit de ce désir est parfait et l’on ne craint pas de le perdre puisque c’est nous qui en sommes le créateur. À partir de cette expérience, on acquerra une sagesse nouvelle nous permettant de créer de nouveaux concepts toujours plus évolués. Ce désir là nous fait grandir.


MARIE-STELLA BOUSSEMART

Site : Anecdotes Bouddhistes

Marie-Stella Boussemart
Marie-Stella Boussemart

– A la condition que le « désir » soit exempt d’attachement, oui bien sûr.

Les Bouddha et arhat en sont un témoignage, aurait dit Jean de la Fontaine, eux qui sont passés au-delà de la souffrance et qui désirent le bonheur pour tous les êtres – humains, animaux et autres.

L’amour désintéressé consiste à désirer le bien d’autrui. Il est source de bonheur, jamais de souffrance. De même qu’un désir empreint de sagesse.

Las ! Tant que nous demeurons des personnes ordinaires, enlisées dans le samsara, il est exceptionnel que nous éprouvions des désirs libres d’attachement et d’égocentrisme.

A l’aune de ce bas monde, peut-on désirer sans souffrir ?

Non, semble-t-il malheureusement. Au point que nos amis du Theravada identifient le désir comme étant la racine du cycle des existences conditionnées, au côté de l’ignorance et de l’aversion.

De plus, la souffrance ne se résume pas aux douleurs et aux peines manifestes.

Elle revêt deux autres aspects, plus subtils, mais encore plus pernicieux.
– Le Bouddha a montré que ce que nous prenons en général pour des joies et plaisirs ne sont que des bombes à retardement – chagrins de la séparation (pourtant effet logique et inévitable de toute rencontre) ; déceptions ; frustrations, etc.
– Le fait même que nous naissions et vivions avec un corps et un esprit affectés par des défauts et passions tels que les trois poisons susnommés peut être qualifié de souffrance car c’est cette condition qui nous expose à souffrir.

Heureusement, cet état n’est pas irrémédiable.

Le tout est de ne pas s’y résigner et de se donner les moyens de devenir capable de désirer sans plus jamais avoir à souffrir.

N’est pas là un beau désir à cultiver (et surtout à réaliser) ?
Mais attention ! Sans attachement, sinon… »


EVELYNE SEIKYO RAUSCHER

Selon l’enseignement du Bouddha c’est l’attachement au désir qui est souffrance. Le désir, n’est pas en soi, la cause de la souffrance ; il n’est ni bon, ni mauvais. Ce qui suscite la souffrance est l’action qui consiste à se saisir du désir et le refus de s’en dessaisir.

Comment Bouddha se serait-il éveillé s’il n’avait eu un jour ce désir d’éveil et comment son enseignement serait-il arrivé jusqu’à nous s’il n’avait eu ce désir profond d’enseigner ?

Existerions-nous sans désir ?


DHAMMA SAMI

dhammasami-2-69bd3.jpg
Site : Dhammadana.org

Retrouvez le film Délivrance que Dhamma Sami a réalisé, en cliquant ici.

Désirer sans souffrir est impensable,

ce serait comme nager sans se mouiller.

Le second élément de chacun de ces deux cas

est la conséquence directe et sine qua non du premier.

Le désir est lui-même une souffrance, c’est une impureté mentale.

Celui qui est délivré des attachements demeure serein,

se contentant passivement avec suffisance

de ce qui vient naturellement à lui.

Il connait le bonheur d’être libéré de ce poison qu’est le désir.

Dhamma Sámi


LAMA SHERAB NAMDREUL

www.yogi-ling.net
Lama_Sherab.jpg

Le désir est l’expression d’un manque. Le manque induit une certaine douleur. Maintenant à nous d’analyser ce manque. Cette douleur et ce manque peuvent permettre de nous interroger sur le sens de notre aspiration dans cette existence. Certains n’envisagent aucune interrogation. Ils ont pour seul sens à leur existence et pour seul moyen de compensation, la recherche insatiable de satisfactions immédiates. Le manque et la douleur associés au désir peut nous inviter à faire face à la vanité du sens que nos désirs espèrent donner à l’existence. Une fois assumée cette vanité, une aspiration plus essentielle et une exigence plus généreuse nous ouvrent des perspectives nouvelles.

L’illusion propre au désir est d’imputer à son objet de désir la capacité de combler le manque sous-jacent à cet espoir. On « attache » à l’objet le « devoir » de nous rendre heureux une fois pour toute. L’attachement pourrit le rapport au plaisir en lui demandant de nous convaincre d’un sens à tout cela. Ce qui aurait pu se révéler être un élan spontané de félicité et de jouissance devient une raison de plus d’ex-ister de la vraie vie. Au lieu de jouir, l’illusion nous incite au désir.

C’est le sens de l’empêchement originel dans la genèse. Alors qu’il est demandé à Adam et Eve de jouir du paradis de félicité et des fruits de l’arbre de vie, il leurs vient à chacun l’espoir de s’affirmer être celui qui se sait désirer quelque chose. C’est tordu en effet. Ils espèrent en l’objet de l’arbre de la connaissance, en l’occurrence une pomme, qu’il s’affirme en propre bon ou mauvais afin de se convaincre d’être en pouvoir de rencontrer du sens. C’est la naissance de la vanité alors que depuis le début sans commencement de la genèse il n’y a rien, aucune chose en soi dans cet espace de la création où tout se manifeste ex-nihilo.

A chaque instant de désir nous récapitulons cet empêchement originel.

Il n’y a pas de sens à désirer, il est de la nature même de l’esprit d’être félicité si l’on attend rien des choses qui n’ont que le seul sens d’apparaître.


ANNE BOULOC

Au sujet du bac : ma 1ère pensée a été  » mais le désir EST souffrance ! S’il est satisfait, il est immédiatement remplacé par un autre désir et s’il n’est pas satisfait , on tend à obtenir ce qu’on désire et on souffre en ce sens que l’esprit est agité, tendu vers un but, avec une « soif  » qui demande à être apaisée etc… »

Ma 2ème pensée a été  » oui ,mais si j’écrivais dans une dissertation du bac que le désir est souffrance j’aurais un gros zéro !  »

Et le ministre de l’Education nationale, que j’ai entendu à la radio, m’a immédiatement conforté dans cette impression en déclarant que ( je cite en substance ) » sans désir on est comme mort, la vie n’a pas d’intérêt ».

Conclusion : la vision Bouddhiste du désir n’a pas encore frôlé les cerveaux ministériels.

Bien amicalement,

Anne


Luc Bordes
Luc Bordes

LUC BORDES

Désirer sans souffrir,

c’est avoir le plus haut désir,

celui énoncé à la fin du sutra de l’Hannya Shingyo, par ce mantra :

« Aller, aller, aller ensemble au-delà du par-delà, jusqu’à
l’accomplissement total de la Voie. »

Luc

Dojo Zen de Paris


REIJO YB

nous propose une compilation d’un poème et quelques extraits d’enseignement de Philippe Coupey, ancien très proche disciple de M. Deshimaru.

Désirs et volitions sont les thèmes clés de l’enseignement du zen et de la pratique de zazen. Ainsi, on retrouve ce passage dans l’Hannya Shingyo: Ju/So/Gyo/Shiki, litt. sensation/volition/action/intention consciente et tous les maîtres nous disent: «Ne suivez pas vos pensées.» et à fortiori, vos désirs égoïstes et personnels. Ju-so-gyo-shiki est la chaîne causale qui succède immanquablement à l’enchaînement de nos désirs, de notre samsâra. Mais comme tout-un-chacun peut observer et expérimenter, on ne peut ni arrêter les pensées ni couper les désirs alors comment faire pour ne pas souffrir en suivant encore et encore ces désirs qui nous volent notre liberté d’être ici et maintenant ? Alors, laissez vos désirs tranquilles et revenez à leur racine qui n’est autre que votre corps, dit la pratique de zazen. (Reijo YB, Juin 2008).

A ce sujet, voici un poème Tchan, traduit par J.Pimpaneau

Ayant longtemps dormi dans le sein de l’obscur.

L’esprit partait en rêve, toujours vers d’autres rêves.

Tandis que ma personne demeurait sans bouger,

Mille vues dans le vide pour moi se déployaient.

Dans l’automne trompeur apparaissent des lois.

En fait n’est là personne; soudain voici quelqu’un

Très loin au fond de moi réside la conscience;

Les rêves dispersés, je vois le vrai du ciel.

Philippe Coupey
Philippe Coupey
Sont proposés également 2 extraits d’enseignement de Reiryu Ph. Coupey, proche disciple de Maître Deshimaru et auteur de nombreux ouvrages. Ph. Coupey enseigne régulièrement au dojo de Paris 13 Tolbiac, 175 rue de Tolbiac et au dojo de Paris 14, Seinezen, 5 rue Broussais.

Extrait 1: Cet objet de désir, Enseignement Oral dans le dojo, 28 Mars 2004

Objet du désir. Ce vendredi matin passé, un godo, GP a parlé du désir. Très intéressant. Il a dit entre autres choses: « qu’au fond des désirs humains, il y a toujours la recherche d’autre chose que ce que l’objet du désir nous apporte. » Aussi il a dit : « c’est autre chose que l’on recherche maladroitement, à travers tous les objets du monde extérieur ». Regarder vers l’extérieur n’est pas du tout la même chose que regarder vers l’intérieur. Le regard intérieur finit par regarder sans but, sans objet, ce qui n’est pas le cas du regard extérieur.

Racine du désir. On dit toujours que tout est Ku, vide, que la racine du désir est Ku. Bien sûr. Mais on peut peut-être aussi dire que la vraie nature du désir ne consiste pas à vouloir quelque chose pour soi. Je pense que le problème est que nous ne savons pas nous relier au désir, à cette énergie, à cette chaleur, à cette direction que donne le désir. Alors la plupart des religions essaient de nous détourner du désir, elles l’interdisent, elles le fuient. Pourtant, nous pouvons aussi nous en servir. Il y a le désir par exemple de vouloir aller vers l’autre ; mais par la pratique assidue, continue de la Voie, je pense qu’on ne va plus tellement vers l’autre, mais plus vers « ceci ». GP parle de transformer ses désirs. Aller vers ceci, c’est les transformer, c’est les approfondir. Mais pas pour soi-même, pour l’autre.

Inmo. C’est l’ainséité, mais c’est aussi réalité. Mais la réalité n’a pas d’identification. Alors pas nécessaire d’abandonner les désirs, mais simplement ne pas s’identifier à eux. C’est ça, « ceci ».

Extrait 2: Du petit esprit vers le grand esprit, 15 Septembre 2004

Esprit d’avant la naissance de nos parents. On dit toujours Pendant l’expiration, le bas de l’abdomen gonfle un tout petit peu. L’esprit ne se pose sur rien, ne reste pas avec les pensées, ne reste pas avec les non-pensées. Il ne reste sur rien. « Quand l’esprit ne se pose sur rien, le véritable esprit apparaît. » Et petit à petit, l’esprit frontal se repose. Il est hors service. Et l’esprit profond, l’esprit qui jaillit de l’hypothalamus, se réveille. Cet esprit qui n’est aucunement différent de notre esprit avant notre naissance, avant la naissance de nos parents ; qui n’est aucunement différent de notre esprit après notre mort.

Ecume sur la surface de la mer. Zazen, c’est entrer dans son cercueil. On est habillé en noir, on ne bouge plus, on ne pense plus. On pense toujours bien sûr, mais ces pensées n’ont aucune importance. Elles ne sont pas nous, elles ne sont pas vous. Ce n’est que l’écume sur la surface de la mer. Mais on ne peut pas arrêter le mouvement de l’écume, pas plus que le mouvement des pensées. Ceci dit, ce n’est que Ku, vide insondable (kakunen musho – vide insondable pas de sainteté, Bodhidharma).

C’est du petit esprit que vient, que jaillit le Grand Esprit. Mais le petit esprit, l’esprit frontal, du fait qu’il n’est que cet esprit-là, ne peut jamais rencontrer, connaître, comprendre le Grand Esprit. Pas plus que notre karma ne peut reconnaître son résultat.

Pas besoin d’obtenir. Pas besoin de courir après. Hier soir, j’ai vu le film La voie du samouraï dans lequel il est cité une phrase du Hagakure : « Voir la vie du point de vue de la mort… » On est déjà mort.

En effet, morts à tous nos petits désirs, mort au mouvement en avant, mort au mouvement en arrière. C’est-à-dire ne plus courir après quelque chose, ni fuir. Pas besoin d’obtenir, il n’y a rien à obtenir. Pas besoin de fuir.
Les frontières changent, s’élargissent puis diminuent, mais la Terre ne change aucunement. Ce ne sont que les idées des hommes qui changent, qui avancent ou qui reculent. Mais quand cet esprit ne se pose sur rien, la Terre toute entière apparaît.

Ce que je raconte, ce qui concerne tout cela, n’est que l’ici et maintenant.


ELISABETH DRUKIER

Le désir est une énergie neutre que l’on peut utiliser d’une façon positive (désirer atteindre l’éveil) ou négative (désir égocentrique recherche de plaisir )
le premier cas n’engendre que de la félicité

le second beaucoup de souffrance…

Le désir est présent dans le tantra et des divinités l’incarnent ( Vajra Yogini) et le sublime….

Amicalement.

Elisabeth

Centre Kalachackra de Paris


DJANGSEM – LE SANGHA RIMAY

J’ai transmis cette question à Lama Denys ; je ne sais si il aura le temps d’y répondre car il est en déplacement au USA. Voici mon avis que j’ai voulu aussi neutre que possible (sans citations bouddhique, en gardant en tête un sujet philosophique)

En tout cas merci, cette question est un bon exercice de réflexion.
Que tout soit propice et en harmonie.
Djangsem.
– site personnel : lemondespirituel.net
– site du sangha Rimay : www.blog-rimay.net

Peut-on désirer sans souffrir ?

70x100-Chalet.jpgD’abord, il faut mettre les choses au point et être d’accord sur ce que l’on entend par « désirer ».

Voyons ce que dit le Robert :
– 1. Tendre consciemment vers (ce que l’on aimerait posséder); éprouver le désir* de… – Désir; aimer, ambitionner, appéter (vx), aspirer (à), attendre; briguer, chercher; convoiter, demander, envier, espérer, exiger; incliner, intéresser (être intéressé par), languir (après), prétendre (à), rechercher, rêver, souhaiter, soupirer (après), tendre (à, vers), tenir (à), tenter (être tenté par), viser (à); vouloir; – Avoir, ressentir le besoin* de…, avoir à coeur* de…, jeter son dévolu* sur…; avoir du goût* pour; jeter les yeux* sur…; avoir des vues* sur…

C’est énorme l’interprétation que l’on peut faire de ce mot !

Il y a une grande différence entre attendre, demander, envier et exiger…

Donc, nous pouvons conclure que le désir n’est pas le centre du problème et que d’un premier abord, il n’est pas nécessaire de souffrir pour désirer.

Mais la question est peut on désirer sans souffrir ?

Mon humble réponse est oui ; tout dépend de ce que contient ce désir.

Par exemple :

Vais-je souffrir si je désire être riche ?

Vais-je souffrir si je désire la paix dans le monde ?

Vais-je souffrir si je désire être parfait ?

Vais-je souffrir si je désire aimer tous les êtres sans rien attendre en retour ?

La quatrième question ne me procure pas de souffrance.

Mais si l’on en juge par l’étymologie de « désirer » :

Fin XIe; du lat. desiderare «regretter l’absence de…», d’où «désirer».

Nous pouvons conclure que le terme de « regret (- 1. Éprouver le désir douloureux de (un bien qu’on n’a plus, un bonheur passé) ; être fâché de ne plus avoir (ce qu’on a eu) » est intimement lié a la souffrance.

En deuxième lieu, qu’entend-on par : souffrir ?

Voyons là encore ce que dit Robert :
– 1. Littér. Supporter (qqch. de pénible ou de désagréable). – Endurer, supporter. Souffrir avec constance les maux qu’on ne peut éviter (cit. 26 et 27). De quoi souffrir la famine. (- Réserve, cit. 9). – Résister (à). Ils souffrent les maux de la guerre avec une patience (cit. 2) d’ange. Une constance (cit. 2) inébranlable à souffrir les plus indignes traitements. «Qui sait tout souffrir peut tout oser» (cit. 1). J’aurais souffert la mort (- Entêtement, cit. 3). Souffrir un affront, des insultes. – Avaler, boire, essuyer.

Voyons aussi que l’étymologie de souffrir est sub « sous » et ferre « porter ».

Doit-on entendre su-porter ou sous-porter ?
Nous pouvons d’ores et déjà dire que la question est très ambigüe.

Donc dans une approche purement sémantique la réponse qui semble s’imposer est :

« Non ! Nous ne pouvons pas désirer sans souffrir »

Mais une approche philosophique peut nous indiquer le contraire.

Lorsqu’on observe la définition de « désirer » on s’aperçoit des nuances qu’il existe entre : attendre, demander, envier et exiger…

Si nous sommes impatients, l’attente peut générer la souffrance de la même manière que si nous demandons dans l’attente de recevoir.

Si nous envions, nous souffrons de ne pas obtenir le résultat de notre envie et là, il ne s’agit plus de désir, mais d’envie.

Si nous exigeons, nous ne sommes aucunement ouverts à un refus ; nous ne sommes pas près à perdre et il y a de forte chance de souffrir [d’orgueil].

Maintenant, est-il possible de désirer sans attente, de désirer en étant prêt à perdre, à ne pas consommer l’objet de notre désir ?

En fait, ce qui provoque la souffrance n’est pas le désir, mais l’attachement à celui-ci. Si nous sommes attachés à l’objet de notre désir, si celui-ci n’est pas obtenu, alors nous souffrons.

Mais il est tout à fait possible de désirer quelque chose sans être obnubilé, sans être attaché à son obtention. Dans ce cas, il y aura peut-être un peu de déception, mais aucunement de la souffrance.

En conclusion (mais nous pourrions aller bien plus loin), mon humble opinion est que la souffrance n’est pas liée au désir, mais à l’attachement.

Nous pouvons donc désirer sans souffrir.


Djangsem.


vén. Shinjin
vén. Shinjin

vén. SHINJIN – SUISSE

Le vén. Shinjin a répondu à ce sujet par un enseignement complet.

Retrouvez le cliquant ici.

Site : www.bouddha.ch


PIERRE SUCHET

Désir quand tu nous tiens! Quelle affaire si je ne puis t’exaucer? Alors oui, sans doute es-tu souffrance car toujours présent jour et nuit comme une passion, tu me poursuis sans cesse. Mais qui es-tu alors pour être si puissant?
70x100-suchet.jpgCar il s’agit bien d’une puissance qui m’envahit à des degrés divers : spontanément sans crier gare à la manière d’une violente émotion à laquelle je réagis tout de suite pour t’assouvir et te calmer si je le peux mais qui me rend fou si je ne le puis, ou qui apparaît alors insidieusement, progressivement et se construit en moi sans cesser de m’obséder : désir d’objet, désir de possession, désir de bonheur, désir de paix, désir de calme, désir d’amour, désir d’absolu, désir de vengeance, ou pire, désir non identifié. Tu es omniprésent dans ma vie de tous les jours.

Multiple, tu es immense ou insignifiant, fort ou faible, veule ou noble. Bref, insupportable si non assouvi et encore insupportable si assouvi car, sans cesse, tu renais sous une forme ou une autre.

Pour illustrer ce propos, voyons ce qu’en dit le maître tibétain Dzonghar Jamyang Khyentse, dans son livre, N’est pas bouddhiste qui veut (Edition NiL page 103):

“… Lorsque la flèche empoisonnée du désir nous transperce, bon sens, sobriété et droiture fondent comme neige au soleil. A leur place s’infiltrent la fausse dignité, la décadence et l’immoralité. Intoxiqués, rien ne nous arrête plus pour atteindre l’objet désiré. Un homme frappé de frénésie sexuelle ira jusqu’à trouver irrésistiblement sexy une hippotame péripatéticienne, alors qu’une femme merveilleuse l’attend fidèlement à la maison…”

Alors désir, es-tu enfer sur terre ? Oui, si je persiste à me plier à tes exigences. Oui si je persiste à ne pas comprendre que tu es émotion, donc souffrance qui, en fin de compte est une manifestation persistante de mon égo.

Dans ces conditions, pas de solution? Oui, si je ne parviens pas à t’identifier désir comme tel. Non, si je prends conscience de cet état de choses et si je décide alors de le faire cesser, d’abord en le constatant, ensuite en l’acceptant pour enfin l’éliminer en le regardant comme un objet extérieur à la manière de Siddharta Gautama Sakyamuni qui avait – dans les Quatre Nobles Verités – découvert la souffrance en sortant pour la première fois de son palais.

C’est là que l’on peut alors d’une certaine manière arriver à désirer sans souffrir, dans la mesure où ce désir que l’on pourrait dénommer “désir-sagesse” est déjà en moi sans que je le sache, comme la nature de Bouddha, naturellement présente en tout être humain quel qu’il soit : aussi bien le criminel le plus abject que le sage ayant atteint l’Eveil. Non formulé, il apparaît de lui même chez celui ou celle qui, sincèrement et sans arrière-pensées et sans y réfléchir, suit fermement la Voie du Dharma comme dans une seconde nature.

Pour les chercheurs sprituels, tentons l’expérience quand, faisant zazen assis en demi-lotus sur un coussin de méditation, nous nous concentrons sur la respiration. Le désir est bien là mais nous n’y prêtons pas plus d’attention qu’aux pensées vagabondes que nous constatons tout simplement, sans nous y attacher. C’est alors que le désir, en quelque sorte banalisé, se manifeste sans souffrance.


René BARBIER

http://www.barbier-rd.nom.fr

Dans la réalité habituelle,

nous sommes animés sans cesse par la double polarité plaisir/souffrance
que le bouddhisme, comme sagesse expérientielle, a bien analysée.

Le Dalaï-Lama expose dans un de ses ouvrages le constat suivant :

nous dînons d’un repas succulent, à nul autre pareil.

Nous en sommes particulièrement réjouis

et, évidemment, nous aimerions bien que ce moment se reproduise le plus tôt possible.

Mais, si nous regardons bien, immédiatement ingérés,

les aliments si fins, vont être transformés à l’intérieur de notre estomac
pour terminer en excréments nauséabonds.

Tout plaisir comporte intrinsèquement son négatif.





Krishnamurti-2.gif


BUDDHACHANNEL

Buddhachannel répond par un extrait d’un texte de PUNTA DE VACAS écrit en Argentine en 1969.

Je voudrais te raconter une histoire qui arriva il y a très longtemps.

Buddhachannel lotus
Buddhachannel lotus
Il était une fois un voyageur
qui devait parcourir un très long chemin en un temps limité.

Il attela donc son animal à un chariot

et entreprit un longue périple vers une destination lointaine.

Il appela l’animal Nécessité,

le chariot Désir,

l’une des deux roues Plaisir et l’autre Douleur.

Et le voyageur menait ainsi son chariot, tantôt à droite, tantôt à gauche,
mais toujours vers sa destination.

Plus le chariot allait vite,

plus les roues du Plaisir et de la Douleur tournaient rapidement,

reliées par le même essieu et portant le chariot du Désir.

Comme le voyage était très long, notre voyageur s’ennuyait.

Il décida alors de le décorer en le parant de beaux atours,

et c’est ainsi qu’il fit.

Mais plus il embellissait le chariot du Désir,

plus celui-ci devenait lourd pour la Nécessité.

Dans les virages et les pentes raides, le pauvre animal défaillait,

ne pouvant plus traîner le chariot du Désir.

Sur les chemins sablonneux,

les roues du Plaisir et de la Souffrance s’enfonçaient dans le sol.

Un jour, le voyageur désespéra

car le chemin était très long et sa destination très lointaine.

Cette nuit-là, il décida de méditer sur ce problème,

et ce faisant, il entendit le hennissement de son vieil ami.

Comprenant le message,

il défit dès le lendemain matin les ornements du chariot,

l’allégeant de tout son poids.

Il remit alors son animal au trot, avançant vers sa destination.
Néanmoins, il avait perdu un temps irrécupérable.

La nuit suivante, il médita encore une fois

et comprit, grâce à un nouvel avertissement de son ami,

qu’il devait entreprendre une tâche deux fois plus difficile qui signifiait “se détacher”.

A l’aube, il sacrifia le chariot du Désir.

Il est vrai que, ce faisant, il perdit la roue du Plaisir,

mais avec elle il perdit aussi la roue de la Souffrance.

Il monta sur le dos de l’animal Nécessité

et commença à galoper par les vertes prairies jusqu’à destination.

Vois comme le désir peut te limiter.

Il y a des désirs de différentes qualités.

Certains désirs sont grossiers, d’autres plus élevés.

Elève le désir !

Dépasse le désir !

Purifie le désir !

Tu devras alors certainement sacrifier la roue du plaisir,

mais tu perdras aussi celle de la souffrance.

Previous articleLa Marche Méditative de Paix
Next articleUSA – Bouddha dans le Bayou

Commentaires sont fermés