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L’Initiation – Choisir son Bouddhisme

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Initiation_couv22_231_x_333_.jpgPhilosophie, spiritualité et religion, le bouddhisme est tout cela à la fois. Reconnu comme l’un des plus grands systèmes de pensée orientaux (avec plus de quatre cent millions d’adeptes), il demeure difficile à définir, étant donné sa variété de pratiques et d’approches. Il peut être intéressant de bien comprendre ces « différents » bouddhismes afin de choisir sa voie. Alors, êtes-vous plutôt Grand ou Petit Véhicule ?

La tradition du Mahayana

Mahāyāna est un terme sanscrit signifiant « Grand Véhicule ». Cette variété de bouddhisme est apparue au début de l’ère chrétienne, dans l’Empire kouchan et dans le Nord de l’Inde, d’où elle s’est rapidement répandue jusqu’en Chine puis dans le reste de l’Extrême-Orient.
La Tradition du Mahāyāna se rapproche plus d’une religion classique que d’une philosophie ou d’une spiritualité. Trois enseignements distinguent cette Tradition : la doctrine de vacuité, la quête de l’Éveil et la reconnaissance et l’actualisation de la nature de Bouddha présente en chacun de nous. Voyons ces trois points un peu plus en détail…

Vacuité

La vacuité est l’objet de la Perfection de la Sagesse (Prajnaparamita), un ensemble de textes du bouddhisme du Grand Véhicule.
La vacuité (shunyata) est un terme parfois mal interprété. Dans son livre « Et si vous m’expliquiez le bouddhisme ?1 », Ringou Tulkou Rimpotché dit ceci : « La meilleure définition est, à mon avis, « interdépendance », ce qui signifie que toute chose dépend des autres pour exister. (…) Tout est par nature interdépendant et donc vide d’existence propre. »

« Qu’est-ce qui est vide ? Et vide de quoi ? » sont des questions existentielles pour le bouddhisme du Grand Véhicule. Tout est vide, du Bouddha jusqu’au plus petit grain de sable. Vide d’une existence intrinsèque ou indépendante, d’une nature propre ; vide de toute essence objective.

Cette vacuité, et la Voie du Milieu qui l’enseigne, transcendent les autres philosophies occidentales extrêmes, comme le nihilisme ou l’absolutisme. Les choses existent, mais pas en soi, pas telles qu’elles nous apparaissent. L’existence des choses est purement nominale, car elle dépend d’un nom ou d’un concept qui les désigne sur la base de leurs caractéristiques. Le Dalaï Lama explique très bien cela dans « Cent éléphants sur un brin d’herbe2 ».

La quête de l’éveil

Le Mahāyāna se distingue par sa quête de l’Éveil : la bodhicitta (bodhi : éveil ; citta : cœur-esprit). La bodhicitta est l’aspiration à atteindre la bouddhéité, afin d’y amener tous les êtres sensibles, les libérant ainsi de la souffrance inhérente (duhkha) à l’existence cyclique (samsāra).

Celui qui engendre cette motivation est le bodhisattva, c’est-à-dire l’être d’Éveil, ou héros pour l’Éveil. L’actuel Dalaï Lama a dit à son sujet : « Cet esprit d’Éveil transforme toutes les actions bénéfiques en un véritable catalyseur permettant l’émergence de la bouddhéité. […] Dans l’océan des pratiques qui mènent à la bouddhéité, la bodhicitta agit comme un raz-de-marée ».

La bodhicitta d’aspiration se concrétise par la pratique des quatre Incommensurables : la joie sympathisante, la bienveillance, la compassion et l’équanimité. Ces sentiments sont « irradiés » envers tout l’univers et maintenus tout au long de la journée.
Une autre technique est celle du « donner-recevoir » ou encore « échange de soi-même avec autrui ». Il s’agit, sur l’inspiration, de prendre sur soi avec compassion la souffrance d’autrui (une personne en particulier ou le monde entier) et, sur l’expiration, de redonner de la bienveillance et de la paix.

Viennent ensuite la pratique de la bodhicitta d’engagement, la bodhicitta relative et la bodhicitta absolue, qui mènent le pratiquant sur le chemin de l’Éveil.

La nature de bouddha

Le tathagatagarbha (matrice ou embryon de Bouddha), appelé « nature de Bouddha » ou « graine d’éveil », est le germe renfermant la nature essentielle, universelle et immortelle présente en tout être. Ce concept du Grand Véhicule n’est pas accepté par le theravāda (une autre tradition bouddhiste).

Les adeptes du theravāda considèrent que la notion d’absence de soi propre ne permet pas d’envisager l’existence d’un soi universel transcendant. Mais, pour les adeptes du Mahāyāna, la nature de Bouddha tient une place très importante.

Dans le Mahayana Mahaparinirvana, un important texte sacré décrit la nature de Bouddha comme l’être authentique, illimité, inconditionné et éternel, la force vitale (jivaka) en chacun, que seuls les êtres éveillés perçoivent. La nature de Bouddha est la sagesse présente au cœur même du monde, qui permettra l’illumination.

La Tradition du Hinayana

Le bouddhisme Hīnayāna (« Petit Véhicule »), signifie « doctrine des Anciens ». Comme son nom l’indique, cette Tradition se veut l’héritière de la doctrine originelle du Bouddha.

Le Hīnayāna s’appuie sur le Tipitaka (Triple corbeille), des textes basés sur les paroles du Bouddha, recueillies non par ses contemporains, mais retranscrites bien plus tard. Cette doctrine explique comment accéder à la délivrance en devenant un arahant, un bodhisattva ou un sambuddha.

L’arahant est une personne délivrée parce qu’elle a suivi la voie enseignée par le Bouddha sans bénéficier de l’omniscience. Le bodhisattva, lui, cherche absolument à devenir un Bouddha pour enseigner en pratiquant les vertus dites pâramita. Un sambuddha est, quant à lui, un « Bouddha parfait », un homme ou une femme qui, possédant une compréhension parfaite des Enseignements du Bouddha, accède à l’éveil.

Le Hīnayāna rejette l’idée d’un Dieu Créateur et tout puissant, tout comme l’idée d’un salut obtenu par la seule dévotion et le culte des reliques. Les adeptes de cette Tradition se basent sur les paroles du Bouddha lui-même, qui aurait dit : « On est son propre refuge, qui d’autre pourrait être le refuge » (Dhammapada, XII, 4).
Cela signifierait que l’illumination ne peut venir que par soi et qu’il faut chercher en soi-même la vérité. Cette Tradition ne divinise donc pas le Bouddha et ne croit pas en l’intercession au moyen de bodhisattva sauveurs, comme le Grand Véhicule.

Selon la doctrine des Anciens, le meilleur moyen d’accéder au salut est d’adopter le mode de vie monastique, même s’il demeure accessible à tous. Cette voie s’adresse donc particulièrement à ceux qui sont prêts à renoncer à la vie laïque.

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A SUIVRE dans la revue L’Initiation N°22 Mai/ Juin 2008 disponible dans votre point presse.


Par Pierre Galipeau

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