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Inde – Scandale sous l’Arbre de la Bodhi

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SCANDALE SOUS L’ARBRE DE LA BODHI [[Traduit de l’Anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]



Le 03/ 02/ 2008



BodhGaya_BodhiTree.jpgBODH GAYA, Inde (Reuters) – Corruption, pillage et rivalités religieuses tourbillonnent à l’endroit même où Bouddha aurait atteint l’illumination à l’Est de l’Inde, quelques 2500 ans auparavant, souillant l’un des sites les plus sacrés du Bouddhisme.



Les écritures bouddhistes le décrivent comme le « nombril de la Terre », et 100 000 pèlerins et touristes y convergent chaque année, emplissant la ville de Bodh-gâya (état du Bihar) et son Temple Mahabodhi.



Un ancien pipal, ficus religiosa ou figuier sacré, s’épanouit à l’arrière du temple. On dit qu’il serait un descendant de celui, sous lequel Bouddha se serait assis trois jours et trois nuits durant, au sixième siècle avant JC, avant de trouver la réponse qu’il cherchait sous la pleine lune.



Mais avec les touristes et pèlerins, vient aussi l’argent, et avec l’argent une montagne de charges accusant des comportements de moins en moins reluisants.



Des prêtres et moines racontent que des milliers de dollars en dons au temple, se sont mystérieusement envolés, qu’une épaisse branche de l’ancien arbre sacré de la Bodhi a été coupée pour être vendue en Thaïlande en 2006, et que d’anciennes reliques ont disparu.



Les Hindous respectent aussi le site et c’est d’ailleurs un moine hindou, Arup Brahmachari, qui mène une campagne afin d’exposer ces méfaits.



« Je ne me bats pas en tant qu’Hindou, je me bats parce que j’aime Dieu » explique t-il. « Bouddha était un fils de Dieu, et quelqu’un se comporte mal avec sa propriété ».



Pour nombre d’Hindous, Bouddha est une incarnation de Vishnu.



Le terrain du temple a appartenu pendant des siècles à un monastère hindou proche, et le temple est actuellement dirigé par un comité au sein duquel les Hindous sont majoritaires sur les Bouddhistes.



Mais des représentants des deux religions sont en accusation.



Des charges ont été apportées contre l’influent ancien secrétaire du Comité de direction du Temple de Bodh-Gayâ, hindou, tout comme l’ancien chargé des relations publiques du comité et l’ancien moine supérieur bouddhiste du temple.



Un rapport de police obtenu par Reuters accuse les trois hommes « d’activités malfaisantes » et exige qu’une enquête soit menée quant à leurs biens personnels.



Des témoins interrogés par la police ont affirmé que le prêtre aurait ordonné à un employé de couper « des parties importantes » de l’arbre et de les emmener chez lui. Le trio a aussi été accusé de vendre aux pèlerins des feuilles tombées de l’arbre, et d’empocher les recettes.



L’ancien secrétaire du temple Kalicharan Yadav dément les allégations, arguant que la branche aurait été coupée en 1978 lors de l’élagage de l’arbre. L’homme a prétendu que les charges pesant contre lui étaient en réalité d’ordre politique, et qu’elles auraient été forgées seulement après que son parti a perdu le pouvoir au Bihâr.



DES MENACES DE MORT



Stupa_bodhi_tree.jpgSon stupa central atteint 187 pieds au dessus du sol, et l’on dit que Siddhârta Gautama y serait devenu « l’éveillé ». Le temple aurait été construit il y a 1500 ans, et son site est inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis 2002.



A l’intérieur, en face d’une statue dorée géante de Bouddha, des pèlerins du Japon, du Sri Lanka, de Chine, de Thaïlande et de l’Occident s’agenouillent et récitent des prières. A l’extérieur, d’autres récupèrent les feuilles tombées de l’arbre gigantesque, tandis que d’autres de son espèce, s’épanouissent dans la cour du temple.



Vêtu d’une robe blanche, Brahmachari barbu et nus-pieds, pointe fiévreusement du doigt l’endroit où la branche a été coupée, ainsi que des emplacements vides près du temple. Il nous apprend que des statuettes de Bouddha s’y tenaient jusqu’à récemment.



« Ils ont envoyé la branche en Thaïlande, et l’ont vendu pour 6 crores (60 millions) de roupies (1,5 millions$) » dit-il. Et d’ajouter qu’il a été battu deux fois et qu’il a reçu plusieurs menaces de mort depuis le début de sa campagne.



Le gouvernement, croit-il, n’est simplement pas intéressé.



« Personne n’écoute. J’en ai marre d’écrire des lettres ».



Mais il n’est pas seul dans sa colère. En effet, il y a été rejoint par des prêtres bouddhistes dirigeant d’autres temples et monastères émergés de Bodh-Gayâ.



Même si ses comptes ont été vérifiés, le prêtre se plaint que le temple ne fait rien pour soutenir les écoles et hôpitaux locaux, en dépit de ses revenus substantiels.



« L’argent rentre, mais personne ne sait où il va » accuse Bhante Pragyadeep, trésorier de l’Association des Moines Bouddhistes d’Inde.



Le magistrat du district Jitendra Srivastava dirige le comité du temple depuis l’annonce du scandale et l’expiration des derniers mandats des membres du comité.



« Tous les secrétaires ont été entraînés dans la controverse » confie t-il. « C’est vraiment malheureux ».



Des sommes d’argent importantes ont été dépensées dans « l’embellissement du temple et l’octroi de foyers à la classe populaire », dit-il, et aucune allégation de corruption n’a jailli depuis qu’il a pris la relève.



Alors que la charge de la coupe est maintenant en jugement, les allégations de méfaits plus graves elles, n’ont pas été avérées.



« Beaucoup de gens l’affirment mais je n’ai pas de preuve crédible. Si ces gens ont pris l’argent, cela reste encore à voir. »



Dans le même temps, des prêtres bouddhistes affirment qu’eux-mêmes, et non pas les Hindous, devraient diriger l’un des sites les plus sacrés de leur religion.



Mais le juge de Srivastava a déclaré qu’il n’y aurait aucune garantie d’intégrité dans le futur.



« Un voleur peut être hindou ou bouddhiste », conclut-il. « Un voleur est un voleur, il n’a pas de religion ».



Par Simon Denyer



(Edité par Mark Williams et Megan Goldin)



Source : Reuters

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