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Les temples bouddhistes sud-coréens ouvrent grand leurs portes

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16.03.2010

Les bouddhistes sud-coréens ont choisi d’ouvrir plus largement les portes de leurs temples, notamment aux pratiquants d’autres religions afin de transmettre le Dharma, l’enseignement de Bouddha

La salle de prière principale du temple bouddhiste de Tongdosa
La salle de prière principale du temple bouddhiste de Tongdosa

Le chemin qui mène au temple de Tongdosa, parcouru de lanternes de pierre, serpente le long d’une rivière. Dans le froid de l’hiver coréen, on croise des groupes de fidèles de tous âges, et des moines tondus de près, habillés de cet épais vêtement molletonné gris à larges manches, qui leur donne leur silhouette très caractéristique.

Niché au creux d’une montagne, comme le veut la géomancie traditionnelle, Tongdosa est considéré comme l’un des trois « joyaux » du bouddhisme coréen. L’un des plus grands aussi, avec ses 250 moines. Abritant des reliques du Bouddha, c’est un important centre de formation monastique. Le caractère tong signifie d’ailleurs communiquer, transmettre. Le temple appartient à l’ordre Jogye, la plus grande congrégation du pays, qui pratique un bouddhisme de type seon, plus connu en Occident sous son nom japonais de zen.

Dans le pavillon central, au milieu des effluves d’encens, chacun pratique à sa façon. Une femme et sa petite fille entament une série de prosternations. Un homme récite en boucle et à voix basse le même mantra. Deux dames âgées lisent un livre de prière. D’autres méditent, assis en tailleur sur de larges coussins – le parquet de bois est glacial. Parmi ces nombreux visiteurs, certains passeront la nuit au temple : depuis quelques années, Tongdosa accueille tous ceux qui, bouddhistes ou non, désirent approfondir leur connaissance du Dharma, l’enseignement de Bouddha.

La religion des participants n’a aucune importance
Ces programmes, appelés templestay (séjour au temple), ont débuté en 2002, de façon presque anecdotique. La Corée organise alors sa Coupe du monde de football, et une trentaine de temples, désireux de faire découvrir le bouddhisme coréen aux touristes étrangers venus en masse, décident de les accueillir.

Huit ans plus tard, si l’anglicisme est resté, les temple stay sont essentiellement destinés aux Coréens. « En 2009, plus d’une centaine de nos temples ont fait le choix d’organiser des programmes de ce type, explique Elly Kim, représentante à Séoul de l’ordre Jogye. 140 000 personnes y ont participé, dont 90% de Coréens. Ce nombre augmente tous les ans. »

La religion des participants n’a aucune importance. « Parmi nos visiteurs, nous comptons un très grand nombre de catholiques et de protestants », précise le moine Hae-bop, en charge des temple stay de Tongdosa. « En fait, la pratique du bouddhisme n’est pas fondée sur la foi. Il n’y a donc pas contradiction. »

Les gens en quête de liberté et de paix intérieures reviennent
Car ces visiteurs sont initiés au bouddhisme par ce qui constitue la base de son enseignement : la pratique. Celle d’une vie volontairement monotone et répétitive, dont le but est d’annihiler l’ego, afin de libérer l’esprit. « Notre vie est très simple, et nos journées sont toutes identiques, explique Hae-bop. Mais il y a une finalité à ces actes quotidiens : ils permettent de faire le vide, et de libérer notre esprit. Ce dernier peut alors se consacrer à autre chose. Il peut se pencher sur les causes de la souffrance humaine, et les moyens de s’en libérer.»

En d’autres termes, ces temple stay consistent à faire partager, heure après heure, l’expérience de la vie monastique : le lever à trois heures le matin, les séances de méditation, les trois cérémonies quotidiennes, la récitation de mantras, les repas – toujours végétariens – et, bien sûr, les activités d’entretien du temple. Des exercices qui ouvrent à la spiritualité bouddhiste et favorisent l’introspection et la découverte de soi-même.

Soo-jeong, une participante de 26 ans, séjourne en moyenne une fois par an dans un temple, quand son emploi du temps le lui permet. « Le bouddhisme m’intéresse surtout comme discipline philosophique, explique-t-elle. J’admire l’enseignement de Bouddha. Pour moi, c’est une façon de retrouver un peu de paix et de redevenir zen. » Mais la dimension spirituelle n’est pas absente de sa démarche : Soo-jeong consacre une partie importante de ses séjours à la lecture de textes sacrés, et elle croit au cycle des réincarnations.

Après un premier séjour, les participants reviennent-ils ? « Un bébé, s’il ne mange qu’une fois, ne grandit pas ! L’étude du Dharma, c’est pareil, répond Hae-bop, dans un sourire radieux. Les gens qui sont en quête de liberté et de paix intérieures reviennent. Et c’est ainsi que se propage le message de Bouddha. »


Frédéric OJARDIAS, à Séoul

Source : www.la-croix.com

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