Si les extrémistes bouddhistes de Birmanie font aujourd’hui l’actualité, ARCHSTUDIO, l’agence fondée à Beijing en 2010 par Han Wenqiang, poursuit sa quête d’une réinterprétation contemporaine de tous les éléments fondateurs de la Chine. En l’occurrence, il s’applique ici à rendre au bouddhisme sa sérénité et sa vocation à rester proche de la nature avec ce petit bâtiment de 169m² situé dans la campagne du Hebei.
Ce bâtiment est un lieu de méditation bouddhiste, où penser, contempler, ainsi que d’un édifice où satisfaire ses besoins quotidiens. Il est situé dans la forêt, au bord d’une rivière. Sur la rive se trouve une butte, derrière laquelle s’étendent des champs et des serres de légumes.
Le dessein est issu de la connexion entre bâtiment et nature, le parti pris étant de cacher le bâtiment sous la butte de terre tout en présentant le tempérament divin de la nature, avec un espace intérieur fluide destiné à accroître et améliorer le pouvoir de perception. Un lieu est ainsi créé où les arbres, l’eau, Buddha et les Hommes coexistent.
Afin de garder les arbres du site intacts, le plan du bâtiment évitent les troncs ; sa forme est semblable à des branches s’étalant sous la forêt existante. Cinq espaces distincts et continus sont créés au sein du bâtiment par deux axes, dont un est orienté nord-sud tandis que l’autre longe la rivière. Les cinq ‘branches’ représentent cinq espaces ayant chacun une fonction : entrée, salle de méditation bouddhiste, salle de thé, salon et salle de bains qui, ensemble, racontent une histoire.
Le bâtiment demeure proche des arbres et du paysage naturel. L’entrée est face à deux arbres ; pour pénétrer, les visiteurs doivent emprunter un chemin étroit sous les arbres. Le lieu saint est face à l’eau, contre le mur. La lumière et l’ombre des arbres traversent la lucarne et inondent l’espace intérieur le long du mur courbe, soulignant la lumière du Bouddha.
La salle de thé s’ouvre sur un étang rempli de lotus et les arbres de chaque côté de la salle de thé deviennent une partie du jardin, rendant l’heure du thé plus agréable. Le salon est séparé des autres parties du bâtiment par une cour à bambous ; cette division permet une vie quotidienne variée.
L’ensemble du bâtiment est recouvert de terre et devient une extension du terrain, comme une autre ‘colline’ utilisable sous les arbres.
La relation entretenue avec la nature est visible jusqu’aux matériaux utilisés. Le béton est employé pour les murs et le toit du bâtiment. Le coffrage en béton est assemblé avec des planches de pin de 3cm de large, ainsi le grain de bois naturel et la texture verticale linéaire sont imprimés sur la surface intérieure, créant un sentiment doux et chaleureux malgré la présence du béton brut.
Les meubles encastrés sont faits sur mesure avec des planches de bois dont le grain est légèrement différent de celui du béton. Le sol intérieur est recouvert d’une fine couche de roche et fait ainsi entrer le paysage extérieur naturel à l’intérieur. Des jointures en ciment et des galets blancs sont utilisés pour le sol extérieur, créant un contraste au toucher entre l’intérieur et l’extérieur. Pour souligner encore la texture naturelle des matériaux, toutes les portes et fenêtres sont en bois.
Être zen implique de se soumettre à la nature et en faire partie. C’est toute l’ambition de ce projet d’ARCHSTUDIO d’utiliser l’espace, la structure et les matériaux pour stimuler la perception humaine, pour aider l’homme et le bâtiment à retrouver le charme de la nature et coexister avec elle dans des paysages ordinaires.
Traduction : A. L.
Photos : @ Wang Ning, Jin Weiqi
Source : chroniques-architecture.com
