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Thaïlande : la controverse sur les moines-femmes continue à agiter le bouddhisme

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Le 9 décembre dernier, un incident à la porte du Grand Palais de Bangkok, où se trouve le cercueil qui contient le corps du roi de Thaïlande Bhumibol Adulyadej décédé le 13 octobre dernier, a remis en exergue la controverse sur les bhikkhunis, ou femmes qui ont été ordonnées moines bouddhistes.


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Cette controverse était apparue en 2003 lorsqu’une professeure de philosophie de l’université Thammasat, Chatsumarn Kabilsingh, avait été la première femme ordonnée bhikkhuni en Thaïlande depuis le début du XXe siècle. Le 9 décembre, Chatsumarn, qui porte désormais le nom religieux de Dhammananda Bhikkhuni, a voulu rendre hommage à la dépouille du roi avec 71 autres bhikkhunis et novices de son monastère de la province de Nakhon Pathom. Un officiel gardant l’entrée du Palais a refusé de laisser entrer les bhikkunis par la porte réservée aux moines thaïlandais, les accusant de conduite illégale. Et les bhikkhunis ont dû rebrousser chemin, car elles n’ont pas voulu utiliser l’entrée réservée aux laïcs.


A l’heure actuelle, une centaine de bhikkhunis vivent en Thaïlande, dans des monastères dans les provinces de Nakhon Pathom, de Chiang Mai, de Sakhon Nakhon, de Yasothorn et de Songkhla. Mais elles ne sont pas reconnues légalement comme religieuses, ni par les autorités étatiques, ni par la hiérarchie religieuse (le sangha).


Historiquement, le Bouddha a autorisé, après plusieurs hésitations, les femmes à devenir des religieuses à l’égal des hommes. Dans un monde empreint des valeurs sociales indiennes, cette décision était révolutionnaire. Le bouddhisme est de fait la première religion au monde qui a reconnu que les femmes pouvaient tout aussi bien que les hommes atteindre l’éveil spirituel. Mais la lignée des bhikkhunis semble s’être brisée dans plusieurs pays dans lequel le bouddhisme Theravada a essaimé. En Thaïlande, il n’y a pas de témoignages historiques sur l’existence de bhikkhunis.

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Du fait du manque de reconnaissance légale, les bhikkhunis ne peuvent pas établir de véritables wats (temples) reconnus par le sangha, mais simplement des centres de méditation sous l’égide d’une fondation. Elles ne peuvent pas non plus recevoir de soutien financier de l’État (tous les supérieurs de temple en Thaïlande sont salariés par l’État), ni de carte d’identité spécifiquement destinées aux religieux avec une photo en habit religieux. Ces désavantages n’ont pas empêché les rangs des bhikkhunis en Thaïlande de grossir au fur et à mesure (elles étaient 25 en 2011), ni de se montrer actives dans les activités d’aide aux femmes en difficultés et de propagation des enseignements du Bouddha (dhamma). Du fait de la discipline bouddhique (qui interdit les contacts physiques entre une femme et un moine et interdit à une femme de se retrouver seule avec un moine), les moines masculins ne peuvent pas conseiller et guider les femmes laïques pour toute une série de questions – des problèmes de couples et d’enfants aux problèmes spécifiquement féminins. Le rôle des bhikkhunis a donc une claire utilité sociale.

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Par Arnaud Dubus pour Eglises d’Asie

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