L’appel se veut très clair et pourrait se résumer à l’injonction : « Mettez en application ce que vous prônez. » Le 8 janvier dernier, des responsables religieux ont demandé au gouvernement fédéral de prendre des mesures concrètes pour venir en aide aux Rohingyas réfugiés en Malaisie.
Ce faisant, ils ont pointé l’inaction d’un gouvernement dont le Premier ministre a dénoncé, il y a quelques semaines, « le génocide » perpétré par l’armée birmane contre cette minorité musulmane de Birmanie, alors même que les quelque 50 000 Rohingyas qui ont trouvé refuge en Malaisie survivent dans des conditions très difficiles.
Dimanche 8 janvier, à Kuala Lumpur, un forum réunissant diverses organisations religieuses et associations de la société civile a proclamé 2017 « Année de solidarité avec les Rohingyas ». Au nom du Conseil des Eglises de Malaisie (CCM), instance qui réunit la plus grande partie des Eglises chrétiennes du pays – dont l’Eglise catholique –, le Rév. Herman Shastri a déclaré que la question Rohingya ressortait « du respect des droits de l’homme ». « Il est temps pour notre gouvernement de traduire ses engagements en actions concrètes », a insisté le secrétaire général du CCM.
Des chrétiens et des bouddhistes venant en aide à une minorité musulmane apatride
Non signataire de la Convention de 1951 relative aux réfugiés, la Malaisie ne distingue pas, dans son droit, les réfugiés et les demandeurs d’asile des migrants sans papiers. Le HCR (Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU) est cependant actif dans le pays et, selon ses données de fin octobre 2016, 150 669 réfugiés et demandeurs d’asile s’étaient enregistrés auprès de ses bureaux en Malaisie ; sur ce nombre, 90 % sont originaires de Birmanie et 40 % d’entre eux, soit 54 856 personnes, sont des Rohingyas. Pour un réfugié, être enregistré auprès du HCR ouvre en théorie droit à un accès aux soins de santé publique à un coût réduit, mais l’absence de droit au travail renvoie à une précarité propice à toutes les exploitations.
« Tous les êtres humains sont créés par Dieu et c’est pourquoi toute vie est sacrée. Toutes les religions doivent faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger la vie et la dignité des personnes », a souligné le pasteur Shastri, expliquant que, pour les Eglises chrétiennes de Malaisie, qui rassemblent un peu moins de 10 % de la population, le sort peu enviable réservé aux Rohingyas était ce qui justifiait que les chrétiens leur viennent en aide.
Outre des responsables chrétiens, des responsables bouddhistes, dont le Vénérable Sri Dhammaratana, plus haute autorité du bouddhisme en Malaisie, ont pris la parole lors du forum du 8 janvier pour appeler le gouvernement à s’engager sur cette question.
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