La Pagode Hong Hien
La pagode est édifiée en 1917, dans les limites du camp militaire Gallieni à Fréjus par des militaires vietnamiens, venus en France combattre aux côtés des Français pendant la Première Guerre mondiale. Elle a été construite conformément à l’architecture traditionnelle du Vietnam, sous l’égide du Vénérable Tich Thanh Vuc, aumônier bouddhique. Elle est appelée Hông Hiên Tu (pagode de la fière race Hông Lac).
Depuis, elle est très connue dans toute la région et figure dans les guides touristiques sous le nom de pagode Gallieni.
La pagode fut à l’abandon et pratiquement sans entretien durant les années qui ont vu les possessions françaises en Extrême-Orient et en Afrique accéder à l’indépendance. Le camp militaire Gallieni étant vide de ses troupes coloniales, désormais transformées et transplantées dans d’autres régions de France, la petite pagode tomba en ruine, faute d’entretien, et menaça de s’effondrer.
D’autres Vietnamiens sont arrivés en France en 1954, à la suite du repli des troupes françaises de l’Indochine. Parmi eux, ceux qui se sont fixés à Fréjus voulurent reprendre le culte bouddhique à l’endroit où leurs devanciers ont laissé une œuvre admirable. Une association bouddhique fut donc constituée le 9 novembre 1967. Avec peu de moyens mais beaucoup de ferveur et d’acharnement, et avec le soutien des bouddhistes des autres régions de France, la rénovation de la pagode fut menée à bien en 1972.
Agrandie afin de pouvoir accueillir un plus grand nombre de fidèles, embellie et aménagée pour recevoir l’installation d’un grand et imposant autel, elle prend maintenant l’allure
d’une grande pagode qui cadre mieux avec le paysage majestueux, englobant un monticule dominant le carrefour de deux axes routiers très fréquentés.
Comme le terrain de la pagode est assez grand pour recevoir des constructions annexes qui
pourront à l’avenir former avec la pagode principale un centre bouddhique important, un nouveau pas a été franchi, avec l’édification, achevée le 13 août 1978, d’un bâtiment de culte, également à usage de réunion, d’accueil et de bibliothèque.
Devant les brillants résultats obtenus, l’effort s’est poursuivi sans relâche pour aboutir, en 1979, à l’acquisition du terrain de 6 100 m2 de la pagode. D’autres réalisations suivirent en 1988 avec la Tour An Lac (Tour de la Tranquillité Éternelle), destinée aux cendres des fidèles disparus, et en 1997, le Temple des Divinités.
Tant de choses de grande valeur ont été réalisées par un groupement modeste de quelques centaines d’adeptes. Il convient de souligner le dynamisme du Patriarche, président de l’association, et le dévouement inébranlable des membres du conseil de direction ainsi que les contributions sans faille des bouddhistes des Alpes-Maritimes, du Var et des autres régions.
En 1979, la pagode est dotée d’une statue en bronze de deux mètres, fondue à Bangkok (Thaïlande), du Bouddha Ckya-Mouni parvenu à l’illumination (second site de la vie du Bouddha). Peu de temps après, un Vénérable de la pagode a sculpté le Bouddha entré au Nirvana en position couchée de neuf mètres de long (quatrième site). Le même Vénérable artiste a terminé un troisième site representant Bouddha donnant sa première prédication à cinq disciples. Le premier site – Naissance du Bouddha – a été achevé voici deux ans.
On ne saurait oublier de relater que la pagode, à l’origine modeste, a pu obtenir, par la grâce de Bouddha, une relique de Ckya-Mouni et un coffret de Terre Sainte, offerts par une pagode de la région Saigon-Cholon (Sud-Vietnam). Son grand autel est enrichi d’une très belle statue de Bodhisattva en marbre, offerte par une fervente bouddhiste chinoise de Singapour.
Son action, à prédominance cultuelle, reste circonscrite au milieu vietnamien afin de maintenir la foi bouddhique même s’il se trouve éloigné du pays d’origine. Aux premières années de fonctionnement de l’association, son rayonnement touchait les Alpes Maritimes, le Var, les Bouches-du-Rhône, la région parisienne, le Lot-et-Garonne, sans compter les relations avec les adeptes résidant dans les pays limitrophes de la France.
Depuis 1975, plusieurs régions ayant leurs propres pagodes, la pagode de Fréjus ne réunit que des bouddhistes des deux départements des Alpes-Maritimes et du Var à l’occasion des quatre ou cinq fêtes bouddhiques les plus importantes de l’année.
Depuis 1984, la pagode de Fréjus figure parmi les membres fondateurs de l’Ordre Bouddhique Vietnamien mondial, dont le chef suprême est également son président. L’Ordre Bouddhique Vietnamien mondial, qui rassemble 40 pagodes implantées sur quatre continents, a son siège à Montréal (Canada). De sa nouvelle position, la pagode de Fréjus sort de son isolement local pour participer à l’expansion du bouddhisme dans le
monde.
Parallèlement aux activités cultuelles, la pagode continuera une action soutenue dans l’objectif de raffermir la culture et les traditions vietnamiennes chez les jeunes générations. En fonction des moyens mis à sa disposition, elle s’efforcera, comme par le passé, de se donner d’autres atouts, permettant à la communauté bouddhiste de regarder l’avenir avec sérénité.
En dehors de son caractère religieux, la pagode de Fréjus présente un intérêt touristique très apprécié. Elle constitue l’un des pôles d’attraction majeurs de Fréjus, qui possède dans sa région des édifices et vestiges témoins de plusieurs civilisations très différentes.
Texte de Bernard FUCH dans « Fréjus, ville d’art et d’histoire » (œuvre collective – 2004) pages 42 et 43
– 13, rue Henri Giraud
– pagodehonghien@yahoo.com
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