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Le taoïsme à Taiwan

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Le taoïsme à Taiwan

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On admet que le taoïsme a pénétré à Taiwan vers 1590, apporté par des daoshi de la secte des Trois soeurs (Sannai) du mont Lu Shan de Zhangzhou (Fujian). En 1740 arrivèrent aussi des membres de la secte Zhengyi du mont Mao Shan. Bien que certains se déclarent aujourd’hui adeptes de la secte Quanzhen, celle-ci n’a pas vraiment pénétré dans l’île, dont les contacts avec le Fujian et la région de Canton ont dépassé de loin ceux qu’elle a eus avec le nord de la Chine.


La secte Zhengyi a atteint son apogée en 1950 avec l’arrivée à Taiwan du soixante-troisième Maître céleste, Zhang Enbu, qui chercha à unifier tous les groupes taoïstes en établissant en 1966 l’association taoïste chinoise. Après sa mort, en 1969, il eut pour successeur à Tainan, centre du taoïsme taiwanais, son neveu Chang Yuan-hsien, qui fut loin d’hériter de la même autorité. A partir de 1978 s’est fait sentir une meilleure coordination grâce à l’ouverture d’un centre religieux commun.


Les daoshi, qui ont en général une famille, vivent au milieu de la population et célèbrent leur culte dans de petits temples ou devant des autels privés. Ils se divisent en daoshi « à bonnet noir » et daoshi « à bonnet rouge ». Ces derniers pratiquent généralement les cérémonies demandées par les gens et les rites plus populaires considérés comme « petits rites » comme les gestes de guérison, les enchantements, les actions contre le mauvais oeil et la malchance, les divinations, la chiromancie, etc. Quant aux « grands rites » qui concernent la vie de la société, la paix et l’harmonie universelle, le culte envers les défunts comme les funérailles et les rites de suffrage (jiao-zhai), les daoshi « à bonnet noir » s’en estiment les spécialistes, en regardant les autres pratiques comme hétérodoxes. En fait, cependant, tous les daoshi font les rites qui leur sont demandés et payés.


Les daoshi « à bonnet rouge » appartiennent à diverses traditions dont les principales sont l’école du Maître céleste, celles de Laojun, de Lingbao, des Trois soeurs de Lu Shan, etc. En l’absence de centralisation les sectes restent séparées. Chacune prétend détenir l’orthodoxie. Chaque maître cherche à garder secrets les noms des divinités protectrices, les formules et les rites, de façon à se montrer plus puissant vis-à-vis d’autres maîtres et des divinités qui pourraient lui faire du tort. Les rites des daoshi « à bonnet rouge » utilisent la musique, la danse au rythme des tambourins et du gong, les moulinets de lances et d’épées, les exercices d’arts martiaux et une abondance d’actions spectaculaires: exorcismes, démonstrations de résistance à la douleur, au feu, aux coups et aux blessures (grimper une échelle de lames, marcher sur des morceaux de verre, etc.). Leur école la plus populaire est celle des Trois soeurs qui pratique une forme de possession chamanique et des exorcismes.


Les daoshi « à bonnet noir » se targuent de fonder leurs rites sur les pratiques moins spectaculaires de la méditation et de la concentration de l’énergie interne.


Le taoïsme jouit d’un prestige auprès des intellectuels en tant que philosophie, pas comme religion. C’est comme tel au contraire qu’il est vivant dans les masses populaires, surtout par ses rites solennels et collectifs, jiao et zhai en particulier. Le taoïsme qui se rencontre actuellement à Taiwan semble se réduire à une voie pragmatique, à une méthode ou technique, étroitement liée à la religiosité populaire, de contrôle et de maîtrise des puissances spirituelles pour en obtenir les avantages souhaités.


En 1993, il y a plus de huit mille temples taoïstes déclarés à Taiwan.


Sergio Ticozzi – EDA




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