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L’Église catholique veut comprendre l’attrait pour le bouddhisme

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Le constat est là : le nombre de Français baptisés séduits par certaines pratiques associées au bouddhisme ne cesse d’augmenter depuis plusieurs décennies. D’où l’urgence à comprendre ce qu’ils vivent pour pouvoir « les aider à faire le nécessaire discernement », comme l’expliquent les deux auteurs de ce « Documents-Épiscopat » sur le bouddhisme, Dennis Gira et Thierry-Marie Courau, tous deux membres du Conseil pour les relations interreligieuses de la Conférence des évêques de France (CEF).
 
Ce livret commence par lister les « 11 raisons » qui peuvent expliquer l’attirance pour le bouddhisme chez des chrétiens, y compris certains très engagés et ayant une bonne formation religieuse. Parmi ces points : « une vision holistique du monde » qui promeut le respect de tous les êtres vivants et de leur environnement ; des vertus « de compassion et de sagesse » ; « une attitude non dogmatique » ; « l’intégration du corps à la démarche spirituelle » ; « le rôle des maîtres » ; « l’intérêt pour la science »…
 

Pratiquer l’entraînement de l’esprit
 
Une deuxième partie s’intéresse à « la cohérence fondamentale » qui gouverne l’ensemble des traditions bouddhiques et qui se traduit par une proposition de pratiquer l’entraînement de l’esprit. Dans le bouddhisme, en effet, « le mental est prédominant : tout se fait par le mental ».
 
Du coup, le bouddhisme apparaît, selon les auteurs, comme « une pratique de libération d’un esprit humain qui se crée à lui-même des situations non satisfaisantes ». Même si la plupart des Occidentaux – tout comme les Asiatiques – ne dépassent guère les premiers stades de « la concentration du mental », celle-ci porte déjà des fruits de « quiétude stable », de lucidité, de patience, voire de curiosité pour sa religion d’origine… Ainsi, certains baptisés ayant fait un chemin de progrès spirituel dans le bouddhisme se découvrent « proches de la Voie du Christ ».
 
Cette cohérence permet aussi de comprendre comment les personnes en affinité avec le bouddhisme peuvent progressivement s’intégrer à une communauté asiatique, pratiquer régulièrement la méditation et s’engager durablement dans un courant bouddhique. On parle alors de « conversion » avec les différents aspects que ce terme peut recouvrir : pratique de la méditation, prise de « refuge », fréquentation régulière d’un centre bouddhique, présence d’un autel bouddhique chez soi…
 
Un dialogue progressif, sous forme d’aller et retour
 
Enfin, une dernière partie s’adresse aux chrétiens qui accueillent ou accompagnent des personnes en contact étroit et personnel avec le bouddhisme ainsi qu’à ceux qui développent des relations de dialogue avec les communautés bouddhiques. Pour ces derniers, il est indispensable qu’auparavant ils aient approfondi « sérieusement » leur propre foi en Jésus-Christ et vécu cette expérience en Église. Il est bon également que ce dialogue se fasse « progressivement, sous forme d’aller et retour », suggèrent les auteurs.
 
Ce serait une « grave erreur », selon les auteurs, de vouloir défendre le Dieu, le Christ et l’Église que les convertis au bouddhisme rejettent, « car le Dieu qu’ils ont reçu est pour eux source de souffrance ». Quant aux chrétiens souvent très pratiquants qui sont convaincus qu’ils peuvent vivre, « selon un mode équivalent », de la Voie du Bouddha et de celle du Christ, les deux auteurs invitent à une réponse pastorale « compétente et patiente » – ce qui ne manque pas dans l’Église grâce à la longue expérience du Dialogue interreligieux monastique (DIM). Et si l’affirmation « je suis bouddhiste et chrétien » peut surprendre, voire choquer, il est important de la replacer dans son contexte, selon que la personne concernée est un bouddhiste asiatique chrétien, ou un chrétien méditant bouddhiste, ou encore un chrétien adepte de l’art de vivre bouddhique…
 
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