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Thaïlande — L’Elephant Nature Park de Chiang Mai

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De temps en temps, on tombe sur des endroits complètement au hasard, et ça reste le coup de cœur de l’année.

Presque comme si c’était écrit: nous voulions absolument montrer des éléphants à nos invités; mais nous sommes arrivés au Mae Sa Camp (Chiang Mai) trop tard et les shows étaient terminés. Grand bien nous a pris!

La carte indiquait cependant d’autres camps sur la route de Pai. Sur la route du Lisu Lodge, nous avons continué sous la pluie, dans la boue au hasard; quand enfin, nous sommes arrivés au paradis des éléphants.

L’Elephant Nature Park fait parti de ces endroits que peu de gens connaissent, car boudé des guides de voyage (On pourra se demander par exemple pourquoi le Lonely Planet continue à promouvoir ses amis du Mae Sa Camp, sans jamais faire allusion à l’alternative du Elephant Nature Park, pourtant cité dans son forum…), et de beaucoup d’autres gens aussi.

C’est que le sujet est très épineux en Thaïlande. Les camps d’éléphants sont une source de revenue touristique majeure.

Ce camp pour éléphants, pas comme les autres, récupère les éléphants maltraités, dressés pour distraire les touristes, vieux ou malades. L’éléphant est une des attractions phare de la Thaïlande, avec de nombreux camps à show d’éléphants (football, peinture…) et ses fameux treks. Dans l’ignorance jusque-là, nous avons nous aussi fait notre trek à dos d’éléphant, et on a trouvé ça très rigolo.

A notre décharge (et celle des autres touristes ignorants de ces pratiques), il n’existe pas d’alternative connue aux shows et rides habituels.

A y regarder de plus près, c’est bien étrange. Personne en Afrique n’irait monter sur le dos d’un éléphant pendant un safari par exemple. On paye même des fortunes pour rentrer dans les parcs et les voir de loin. Tout ceci est communément admis. Juste voir des éléphants être des éléphants, et pas des animaux de cirque. Alors pourquoi pas en Thaïlande?

Même si l’éléphant reste l’icône de la Thaïlande, il subit encore tout un passé de domesticité. Il était auparavant utilisé dans les champs en particulier pour transporter le bois. Mais après la loi de 1988 interdisant la déforestation, les éléphants se sont retrouvés sans emploi et les propriétaires ont du les rentabiliser: dans les camps du nord ou mendiants à Bangkok.

L’ignorance, c’est bien ça le problème! Car en vacances, on s’imagine qu’un éléphant naît en sachant jouer au football, ou part le matin en s’accrochant sa nacelle sur le dos, et s’écrit en passant la porte « A ce soir, chérie, je vais bosser! ».

Non! Pour arriver à une telle docilité, un éléphant, ça se dresse! La première étape, c’est la cérémonie du Phajaan. Cette cérémonie vise à briser l’esprit de l’éléphant en l’attachant, l’étranglant, en le privant de sommeil et en le frappant avec des bâtons cloutés. Au bout de plusieurs jours ou semaines, la bête capitule, son dressage peut commencer.

Croyez-nous, lorsque vous avez vu ça une fois, vous ne verrez plus les camps et les éléphants de la même manière.

Voici un crâne d’éléphant qui a servi pour des treks:

Les cicatrices sont les preuves d’affection de son mabout pour la faire avancer avec son pic.

L’an dernier, 3 éléphantes pleines sont mortes car ses propriétaires avaient trop serrés la nacelle qui sert à transporter les touristes…

En 2002, « Lek » Chailert, la fondatrice du parc, entourée de journalistes a réalisé un reportage sur cette cérémonie du dressage. 45 minutes à la limite du supportable. Les médias ont même dit plus tard qu’elle avait payé les mabouts pour pouvoir filmer de telles images. La vidéo a été mal présentée aux médias et à la population. Le peuple Thaï s’est senti insulté dans sa culture et ses traditions. Lek est alors devenue ennemie publique numéro 1, car l’enjeu financier est colossal. Si elle a pu échappé au contrat mis sur sa tête grâce à son réseau international (elle a reçu plusieurs prix internationaux), un de ses bébés éléphants orphelins a été empoisonnés. L’administration lui met toujours des bâtons dans les roues: l’association n’a toujours pas le statut d’œuvre de bienfaisance par exemple.

Quand le camp récupère les éléphants, ils ont des troubles psychologiques graves. D’ailleurs si vous croisez des éléphants mendiants dans Bangkok, vous verrez la plupart se balancer la tête de gauche à droite. Maintenant vous savez pourquoi.

Physiologiquement, l’éléphant est apte à pousser et à tirer; mais absolument pas fait pour porter sur son dos avec une nacelle. Même chose avec leur trompe. Un éléphant respire 70% par la trompe, c’est son organe le plus précieux. Alors quand vous les verrez attraper un pinceau et peindre en faisant des grands cercles, vous pouvez imaginez la cruauté du dressage qui a précédé.

D’ailleurs 50% des éléphants meurent de ce dressage: soit de septicémie, soit ils deviennent incontrôlables et sont abattus ou alors ils se suicident par asphyxie en fermant la bouche et se couchant sur leur trompe.

Bon assez de jouer les Brigitte Bardot, maintenant que vous êtes au courant des pratiques, parlons du parc en lui même.

Ce parc soigne les éléphants, et leur offre une vie de quasi liberté, dans les prés alentours. Créé en 1995, il accueille aujourd’hui 31 éléphants, 47 chiens, une maison des chats et quelques vaches… Vous aurez compris que c’est un peu la maison du bonheur.

La seule façon des les sauver reste de les racheter. Et la rançon de la gloire c’est que les gens savent que l’association ne laissera pas un éléphant maltraité sans soins. Alors les prix montent: de 1 500 USD à 4 000 USD pour un éléphant malade ou vieux et jusqu’à 10 000 USD pour un bébé. Quand on sait qu’un éléphant mange 10% de son poids par jour, on comprend l’ampleur du budget nécessaire.

Et c’est là que vous pouvez intervenir!

Vous pouvez juste y aller comme visiteurs pour une journée, mais aussi comme éco-volontaires pour plusieurs jours voir semaines. Gem Travel, leur agence basée à Chiang Mai organisera ça pour vous.

Passer une nuit dans un des bungalows, permet de côtoyer les pachydermes en tête-à-tête.

Une fois vos quartiers pris, le temps passe doucement au rythme des éléphants, qui prennent leur bain de boue (ça les protège des moustiques).

Ou leurs repas:

Alors, pour une expérience inoubliable au milieu des éléphants, rendez vous à Elephant Nature Park.



Comment s’y rendre?

Soit vous vous laissez guider par l’agence.

Gem Travel office

23,25 Chareonpratet rd soi 6

Chiang Mai

Tel: 053272855 ou 818744


Si vous avez loué une voiture :

Au départ de Chiang Mai :

Soit prendre la route de Pai 1095 puis tournez à droite au Lisu Lodge. Ne pas tourner à droite au Lodge, continuer tout droit jusqu’à la rivière Mae Taeng. Tourner à droite après la rivière et vous y êtes.

Vous pouvez rejoindre la route 107 vers Mae Taeng en prenant à droite en sortant du parc. En temps de pluie la route est peut être moins mauvaise.

Dans tous les cas optez pour un 4*4.

Voir aussi: itinéraire de 4 jours à Chiang Mai


Par Émilie & Hervé publié dans : Tous écolos!

Source : www.tous-asie-muts.com




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