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Vénérable Ajahn Chah — Bonheur et souffrance

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Bonheur et souffrance

l’esprit de discrimination


par Vénérable Ajahn Chah

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BONHEUR ET SOUFFRANCE

Un jeune moine occidental arrivant dans l’ un des monastères de la forêt d’Ajahn Chah demanda la permission d’y rester et de pratiquer.

La réponse d’ Achan Chah fût :

” j’ espère que vous n’avez pas peur de la souffrance ” .

Un peu déconcerté, le jeune occidental expliqua qu’il n’était pas venu pour souffrir mais pour apprendre la méditation et vivre pacifiquement dans la forêt .

Achan Chah expliqua:

” il y a deux sortes de souffrance:

l’ une menant à davantage de souffrance,

et l’ autre à la fin de la souffrance”.

Si vous ne voulez pas vous engager dans la seconde,

vous continuerez à expérimenter la première.”

La voie d’ Ajahn Chah est constamment opérationnelle et directe.
Lorsqu’il rencontre ses moines dans le monastère, il les interroge:

” Souffrez-vous beaucoup aujourd’hui?”

Si quelqu’un lui répond par l’affirmative, il réplique:

” vous devez avoir beaucoup d’attachement aujourd’hui “,

et se met à plaisanter avec lui sur cela.

Avez-vous été un jour heureux?

Avez- vous été un jour malheureux?

Avez-vous jamais estimé lequel des deux cas a de la valeur?

Si le bonheur était vrai, il ne devrait pas se dissiper, n’est-ce pas?

Vous devriez étudier ce point pour voir ce qui est réel et vrai.

Une telle étude, une telle méditation mène à la compréhension correcte.

L’ESPRIT DE DISCRIMINATION

La compréhension correcte signifie ultimement la non-discrimination,

c’est-à-dire voir les gens d’un œil égal: ni bons ni mauvais, ni astucieux ni fous;

ne pas penser que le miel est doux et qu’un autre aliment est amer.
Quels qu’ils soient les aliments que vous mangez, excrétés ils sont les mêmes.

Sont-ils un ou multiples ?

Un verre est-il grand ? Comparé à une petite coupe, oui; mais à côté d’une cruche non.

Nos désir et ignorance, notre discrimination teint les choses de cette façon-là.
voilà le monde que nous créons.

En outre, une cruche n ‘est ni lourde ni légère;

nous sentons qu’il s’agit d’ une voie ou d’une autre.

Dans le Zen on donne l’ allégorie d’un drapeau flottant observé par deux personnes:

l’une d’elles dit que c’est le vent qui bouge, l’autre c’ est le drapeau.
Elles se disputent, se battent , mais pour rien, car c’est le mental” qui bouge ” en réalité.

Il y a toujours des différences.

Connaissez ces différences, et apprenez à voir la ressemblance aussi.
Dans notre groupe, il y a des personnes de multiples régions et cultures.
Sans penser ” celui-ci est thai; l’autre est laotien, cambodgien ou occidental…”,

nous devrions avoir une compréhension mutuelle et du respect pour la voie d’ autrui.

Apprenez à voir le point commun sous-jacent de toutes les choses,

à savoir qu’elles sont réellement égales et vides

Ainsi pourriez-vous savoir traiter sagement avec les différences apparentes.

Mais ne vous attachez pas à cette similitude.

Pourquoi le sucre est doux et l’eau sans goût ?

Ils le sont par nature .

De même quant à l’action de penser, au calme, à la peine et au plaisir.

Il est erroné de préconiser la cessation de la pensée. Tantôt le calme .
Nous devrions voir que les deux sont de par leur nature impermanents, insatisfaisants

et ne procurent point de bonheur durable.

Mais si nous continuons à nous tourmenter

et nous dire en nous mêmes : “je souffre je veux cesser de penser.”

Cette compréhension erronée ne fait que compliquer les choses .

Il nous arrive parfois de conclure que penser, c’est souffrir,

comme un voleur qui nous dérobe notre cadeau.

Que pouvons-nous faire pour cesser cela?

Dans la journée il y a la lumière ; la nuit l’obscurité. Est-ce cela la souffrance ?

Les choses sont ce qu’elles sont,

et ce sont nos comparaisons des choses et nos “évaluations” qui nous font souffrir.

Vous voyez ce mental à l’ œuvre, le considérez-vous comme vous ou comme vôtre?”

Je ne sais s’il est moi ou mien,” vous répondez, “mais il échappe certes à tout contrôle.

” Il est semblable à un singe qui sautille dans toutes les directions :
après avoir monté l’escalier il est lassé, il court vers le bas, il est fatigué,
il mange de bonnes ou moins bonnes nourritures ,

il en est lassé aussi.

De tels comportements n’expriment pas un détachement,

mais différentes formes d’aversion et de peur.

Vous devez en apprendre le contrôle .

Cessez de tenir au singe, mais à la réalité de la vie .

Voyez la véritable nature du métal : impermanent, non satisfaisant, vide.

Apprenez à être son maître ; enchaînez-le si nécessaire.

Ne faites pas que le suivre, laissez-le s’user et mourir.

Ainsi avez-vous un singe mort. Laissez le singe mort pourrir, et vous aurez les os du singe.

L’illumination ne veut nullement dire être mort telle une statue du Bouddha.

Quiconque est illuminé pense aussi

mais connaît le processus à savoir : impermanence, non-satisfaction et non-soi.

Nous, qui pratiquons, devrions voir ces choses avec clarté.

Nous avons besoin d’examiner la nature de la souffrance et mettre terme à ses causes.

Si nous ne la voyons pas, la sagesse ne peut nous être acquise.

Il n’est pas question de devinette, nous devrions voir la réalité des choses :

les sentiments ne sont que sentiments, les pensées ne sont pas autre que pensées.

Sur une telle voie nous accédons à la fin de nos problèmes.

Le mental est comparable à une fleur de lotus.

Il est des lotus qui restent enfoncés dans la boue, et d’autres en montent à la surface,

d’autres passent sous l’eau, et d’autres encore sur la surface ;

de même certains lotus s’ouvrent au soleil.

Lequel des lotus choisirez-vous être?

Si vous trouvez sous la surface, attention aux morsures des poissons et tortues.


Source : www.anussati.org




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