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La miséricorde dans les religions

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– DANS LE JUDAÏSME :
Le mot hébreu « rah’amim » désigne le sein maternel, puis la tendresse miséricordieuse de Dieu qui en découle. Dans le judaïsme, cette notion se décline en partie lors de la « techouva », qui désigne l’acte de repentance prononcé par celui qui a commis une faute.

« La miséricorde est l’un des attributs de Dieu », explique le rabbin Alain Goldman, ancien grand rabbin de Paris. « Adonaï, l’un des noms utilisés pour nommer Dieu, désigne en particulier le Dieu de miséricorde », poursuit-il.

Le soir de Yom Kippour, le Grand pardon, un passage de l’Exode vient ainsi rappeler l’existence de ce Dieu qui pardonne : « La divinité passa devant lui et proclama : Adonaï est l’éternel tout puissant, clément, miséricordieux, tardif à la colère, plein de bienveillance et d’équité » (Ex 34, 6), peut-on lire dans la traduction française de la bible rabbinique. Alain Goldman cite également une formule rabbinique, tirée d’un midrash : « Dieu s’adresse à l’homme et lui dit : de même que moi je suis miséricordieux, soyez miséricordieux vous aussi ». « C’est une injonction directement adressée à chacun pour qu’il se tourne vers les malades, les pauvres et tous ceux qui ont besoin de nous », commente l’ancien grand rabbin de Paris.

– DANS L’ISLAM :
Le mot arabe « rahma » a la même racine sémite désignant l’utérus maternel, celui qui protège l’enfant à naître. Le terme est l’un des plus utilisés dans le Coran, puisqu’il revient 268 fois, le plus souvent rapporté à Dieu ( « le miséricordieux »), mais aussi comme une invitation adressée aux hommes à faire preuve de compassion entre eux. Les hadith (propos prêtés au prophète Mohammed ou à ses compagnons) sont nombreux à ce sujet.

Toutes les sourates commencent par la basmala (l’ouverture), une formule rituelle signifiant  : « Au nom de Dieu le miséricordieux, le très miséricordieux… » « Ceci montre bien que la révélation elle-même est un acte de miséricorde  : toute lecture du Coran doit donc être faite dans ce sens. Et toute interprétation opposée va à l’encontre du sens du Coran », affirme le directeur de l’Institut européen des sciences humaines, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Ahmed Jaballah.

Pour ce spécialiste de la tradition musulmane, le terme s’adresse aussi aux hommes dans leurs relations entre eux, mais aussi à l’égard de toute créature divine. « Un hadith dit ’soyez miséricordieux avec ceux qui sont sur terre pour que celui qui est dans les cieux soit miséricordieux avec vous’ », rappelle-t-il. Un appel adressé aux musulmans à être à l’écoute des besoins de leurs proches, à compatir et à les aider, mais aussi à pardonner en « ne répondant pas au mal par le mal »… Un verset du Coran fait aussi de la miséricorde l’un des deux piliers du couple entre l’homme et la femme, avec l’amour.

Alors que le terme a une place fondamentale dans la tradition musulmane, le directeur de l’IESH reconnaît un défaut dans « l’enseignement islamique » actuel. « Beaucoup considèrent la miséricorde comme une valeur morale qui va de soi et préfèrent savoir comment faire leur prière, le pèlerinage, etc., toutes ces règles que l’on appelle le fiqh, explique-t-il. L’équilibre n’est pas respecté et la dimension juridique l’emporte souvent. Mais l’enseignement islamique est fondamentalement moral et spirituel ».

– DANS LE BOUDDHISME  :
Le mot miséricorde n’est pas employé dans le bouddhisme mais l’amour et la compassion sont au cœur de cette religion, si bien qu’Éric Rommeluère, bouddhiste zen, représentant du courant du bouddhisme engagé (1) n’hésite pas à affirmer que « s’il n’y a pas d’amour et de compassion, il n’y a pas de bouddhisme ». L’amour dans le bouddhisme se comprend comme le rapport empathique à autrui, visant à neutraliser sa souffrance, son mal-être de manière très pragmatique. « L’amour consiste à répondre de manière immédiate et concrète aux souffrances que peut connaître tout être vivant sensible», résume Éric Rommeluère en expliquant ainsi le fait que la plupart des bouddhistes sont végétariens afin d’éviter de faire souffrir un animal. Quant à la compassion, elle consiste à défaire le processus de souffrance en agissant sur ce qui provoque ces souffrances sociales. Si l’amour et la compassion sont habituellement considérés comme des vertus préparatoires à l’éveil, dans le bouddhisme tibétain et japonais, elles sont considérées comme des manifestations de l’éveil.



Source : La Croix


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