Extrait du livre:
Préface
Marc de Smedt
Les moines modernes (extrait du chapitre premier)
On dit que la vie dans les monastères est pénible. Bah, notre chemin est tout aussi difficile, même peut-être plus! D’ailleurs, maître Dogen cite le cas de plusieurs personnes, des ministres, des empereurs, qui ont eu une pratique très forte de la Voie, malgré leurs responsabilités, sans laisser tomber leur poste important pour la société, et il ajoute qu’ils sont supérieurs aux moines des monastères. Un poème me revient l’esprit:
Même si personne ne peut voir le sommet de la montagne,
Le chemin pour y monter et pour en descendre est le même. Il s’agit de la relation entre notre pratique de bouddha et notre vie ordinaire et séculière qui doit devenir une marche héroïque, mais cela demande bien évidemment une rigueur, une volonté assidue, et également un sens énorme des responsabilités. Dans un monastère, vous avez toujours quelqu’un de supérieur vous, qui vous dit ce que vous devez faire: le maître qui est toujours là, puis le shusso, le chef des moines, l’intendant… Mais quand on est tout seul dans la rue, seul dans sa vie, et que l’on doit en outre affronter d’autres hiérarchies, d’autres lois qui ne sont pas celles du bouddhisme, alors nous devons trouver nous-mêmes la solution conforme au fait d’être un disciple du bouddha. C’est pourquoi j’appelle notre pratique » héroïque « .