Accueil Enseignements Articles et conférences Hommage à Bankei, un authentique Maitre du Zen

Hommage à Bankei, un authentique Maitre du Zen

146
0

japanese_art.gif

L’Éveil par seulement la « Sans naissance, sans disparition » énoncé dans le Soutra du Cœur.

Un laïc demanda à Bankei :

« Si vous devenez un Bouddha, où allez-vous ? »

Le Maître répondit : « Si vous devenez un Bouddha, il n’y a aucun endroit où aller. Vous remplissez le vaste univers dans ses limites. C’est quand vous devenez tout autre type d’être qu’il y a des endroits différents à parcourir. »

« Il est mon désir de témoigner de votre satori (éveil). Avancez et laissez-moi savoir si vous avez eu une prise de conscience, et ceux d’entre vous qui n’ont pas eu cette expérience, qu’ils soient à l’écoute de mes paroles.

Il est en chacun de vous de tout faire pour changer votre vie.

Le « sans naissance » de Bouddha tranche à la racine de chaque nœud. Vous voyez que les bouddhas du passé, présent et futur, et tous les patriarches successifs peuvent n’être considérés que comme de simples désignations : à savoir, ils ne sont seulement que des personnes ou des personnages historiques dans le monde des phénomènes. Du point de vue de l’Éveil, c’est de peu d’importance pour vivre dans l’état de « non-naissance » et atteindre la bouddhéité.
A partir du moment vous avez commencé à réaliser ce fait, vous êtes un Bouddha vivant, inutile de faire des efforts supplémentaires sur votre tatami ….

Ne hais pas l’apparition de pensées ou le désir d’arrêter les pensées qui surgissent ; simplement se rendre compte que ton esprit d’origine, dès le début, est au-delà de la pensée….

Vos pensées sont posées temporairement à la suite de ce que vous voyez et entendez, elles n’ont pas d’existence réelle ; elles sont semblable à des objets vus et entendus. Vous devez savoir que l’esprit d’origine réalisé et ce qui est l’origine de l’esprit ne sont pas différents. »

Bankei Yōtaku est né en 1622, dans la province de Harima, fils du samouraï Suga Dosetsu devenu médecin ; il fut nommé Muchi. Sa mère était fille de Noguchi, prénommée Maya (Maya était la mère du Bouddha historique, Shakyamuni) les gens disait d’elle « Maya qui engendra trois Bouddhas ». Bankei avait quatre frères et quatre sœurs. Son frère aîné, Masayasu, était un médecin qualifié ; le second était moine bouddhiste de l’école de la Terre Pure. C’est pourquoi la mère Bankei était assimilé à Maya, Masayasu à Yakushi : le Bouddha de Guérison.

Bankei était un enfant rebelle et espiègle, doté d’une remarquable intelligence. Il n’avait que 11 ans quand son père mourut. L’année suivante, il entra dans une école où la base de l’enseignement était une étude de textes confucéens. A cette époque, Bankei était vif et il posait de nombreuses questions.

Un jour que l’enseignant lisait ligne par ligne l’un des Quatre Livres des classiques du confucianisme : il déclama : « La voie de l’apprentissage réside dans la clarification de la grande lumière de la vertu. »

Bankai demanda à son professeur quel est le sens de cette grande lumière de la vertu (Ming-te). Mais il estima que la réponse donnée n’était pas juste. Il eu un vif échange avec son professeur ; il le suppliait de lui expliquer le sens de ce texte ; mais les réponses ne le satisfaisaient pas. Il posait ses questions à des lettrés confucéens et bouddhistes, il assistait à des rassemblements religieux toujours en recherche de réponses ; mais en vain. Ce manque de compréhension donna naissance à de nombreux doutes et autres questions, et Bankei saisit toutes ses chances d’obtenir des réponses. Un jour, il écrivit que sa motivation n’était pas seulement pour lui-même :

« Je me sentais le devoir d’enseigner à ma mère le chemin qui conduit à l’Éveil avant qu’elle ne meurt. »

Il devint si désemparée qu’il négligea d’aller à l’école. En 1633, Bankei avait 11 ans quand son frère aîné Tadayasu le chassa de la maison à coups de pied pour faute d’absentéisme scolaire.

Âgé de 13 ans, Bankei continua d’étudier avec un prêtre du Shingon dans le temple de la famille. L’année suivante, un ami proche, Nakabori Sukeyasu, construisit pour Bankei une petite cabane sur la montagne derrière sa maison ; Bankei y grava « Hermitage d’exercices » sur une latte de bois qu’il plaça à l’extérieur de sa cabane. Il commença une pratique du bouddha de la Terre Pure, Jōdo Shinshū qui consiste en la seule récitation du nom d’Amitabha : Amida Butsu Namu ; « Je prends refuge dans le Bouddha Amitabha ».

Nommé Bouddha de Lumière Infinie, Amitabha règne sur la « Terre pure Occidentale de la Béatitude ». Pieusement il prononçait les noms du Bouddha Amitabha (en sanskrit ; en japonais : Amida) et Avalokiteshvara (japonais : Kwannon). À 15 ans il est initié dans un temple bouddhiste tantrique Shingon, où il entre plus profondément dans l’étude des textes des sutra bouddhistes. Mais Bankei n’est toujours pas satisfait de cet enseignement Shingon tantrique, qu’il quitte l’année suivante. A 16 ans, il marchera de Hamada à Ako pour voir un prêtre Zen Rinzai, un érudit confucéen Umpo Zenjō (1568 à 1653) au monastère du temple Zuiō-ji.

Bankei ne perdit pas de temps avec Umpo ; il lui posa directement sa question : quel est le sens de l’illumination. Umpo lui répondit que la seule voie vers la compréhension était la pratique de Zazen (la méditation). Bankei souhaita l’approfondir et il sollicita d’être ordonné moine au Temple Zuio-ji sous la direction de Umpo. Il reçut son nom bouddhiste : Yōtaku (long polissage de la pierre de l’esprit).

Lorsque Bankei eu 19 ans il quitta Zuio-ji pour voyager vers Kyoto, Osaka et Kyūshū, toujours à la recherche d’une réponse à sa question : quel est le sens de l’illumination ?

Pendant toutes cette période il vécu comme un moine mendiant sa nourriture, satisfait de l’aumône qui lui était donné ; il dormait à la belle étoile sans même demander le couvert dans un temple.

En 1645, il a 24 ans quand il retourne à Zuio-ji sans en savoir plus que le jour de son départ. C’est alors qu’Umpo lui dit que la réponse à sa question n’est qu’intérieur et que personne ne pourra la lui donner. Bankei le quitte peu de temps après son retour pour construire une petite cabane à proximité du temple où il vivra comme un ermite : des heures durant, il ne faisait que Zazen.

Plus tard il dira :

« Souvent, j’allais dans les montagnes m’asseoir en Zazen toute une semaine sans même me nourrir. J’allais là où il n’y avait que de la roche nue et je choisissais celle qui me semblait la plus dure.

Je méditais là pendant des jours, ne prenant aucune nourriture, jusqu’à ce que je bascule. Cela ne me donna que de l’épuisement, un estomac rétréci, et un désir accru de continuer.

Je retournais dans mon village pour rester dans un ermitage où je dormais assis en position verticale. Avec ardeur, je me livrais à l’exercice spirituel de rester éveillé en répétant sans fin le saint nom d’Amitâbha. Pour seuls résultats : encore plus d’épuisement, et d’énormes plaies douloureuses sur mes fesses ».

Abandonnant tout confort, il négligea son corps : tous ses efforts étaient dans sa parfaite concentration pour obtenir une compréhension complète des choses. Il eu cette ascèse jusqu’à contracter une tuberculose ; il demanda alors d’être soigné par un médecin. Mais il était trop tard, sans aucun espoir de guérison le médecin était impuissant pour le guérir, il lui annonça que sa mort était proche.

C’est au cours de cette expérience de mort imminente que Bankei atteint l’illumination. Bien plus tard, en parlant de son vécu, il dira :

« J’ai ressenti une étrange sensation dans ma gorge. Je crachais contre un mur une masse de glaires noires et dedans un gros caillot de sang roula sur le côté. Tout à coup, juste à ce moment là … J’ai réalisé ce qui m’avait échappé jusqu’à cet instant. Toutes les choses sont parfaitement résolues dans le « sans naissance » Éternité absolue, ouverture dans l’infinie de la conscience. Cela m’a frappé comme un coup de foudre ; suivant cette percée, mes doutes et mes interrogations ont instantanément cessées et je me suis guéri. »

Dès qu’il fut assez fort pour voyager de nouveau, Bankei retourna voir Umpo pour lui parler de son expérience. Umpo lui confirma son illumination et il donna congé à Bankei pour que sa compréhension soit certifiée aussi par Gudo Toshoku, un autre maître Rinzai. Bankei avait 26 ans lorsqu’il est allé à la préfecture de Gifu au temple Daisen-ji où Gudo était abbé. Toutefois, lorsque Bankei arriva, Gudo était absent, il officiait dans un autre temple plus éloigné.. C’est alors que Bankei visita d’autres temples Zen, d’autres enseignants mais aucun n’avait obtenu l’éveil qui confirmait sa compréhension. Il vécu ainsi une année de plus dans cette campagne près de Daisen-ji, avant de retourner une fois de plus vers Umpo.

En 1651, Bankei entendu dire qu’un maître Chan du nom de Dosha Chogen était arrivé à Nagasaki. Umpo lui conseilla d’aller voir ce maître du Chan, et Bankei partit pour Nagasaki en espérant voir enfin confirmé son illumination.
Bankei trouva Dosha Chogen à Sofuku-ji, dans un temple de style chinois. Dosha Chōgen confirma la compréhension de Bankei dès leur première entretien, mais il lui dit aussi que sa compréhension était incomplète. Bankei se sentit offensé par ce refus et refusa de l’accepter ; mais il resta dans le temple pour observer l’agir de Dosha Chōgen. Il se rendit compte que Dosha lui avait parlé vrai. Alors Bankei resta pour pratiquer Sofuku-ji sous la direction de Dosha Chogen.

Bien que Bankei vécu dans le temple parmi les autres moines, il refusait de chanter avec eux les sutras en chinois. En 1652, tout en méditant avec la Congrégation, Bankei connu l’illumination finale (en sanskrit : anuttara-Samyak-sambodhi). Ce que Dosha lui confirma le jour suivant, lui indiquant qu’il avait finalement réglé la question de la Grande Matière. Doscha lui donna le sceau de la reconnaissance (Inka-Shomei), Bankei s’en saisit et il déchira la feuille, il ne voulait pas de cette écriture. Il refusa aussi la direction du monastère, préférant continuer son existence discrète en travaillant dans la cuisine. Dosha fit de lui le Tenzo du temple (celui qui a en charge la gestion des repas).

L’année suivante, Bankei retournait à Harima qu’il quitta pour Yoshino dans la préfecture de Nara. Dans les montagnes de Yoshino où il continuait de vivre dans sa retraite silencieuse, Bankei composa des chants bouddhistes (Darani) sur le non naissance, et presque 50 chants sur l’Esprit Originel (Honshin no uta). Un de ses chant fut composée pour les enfants et les adultes de Yoshino qui souffraient de la sécheresse. Une pluie abondante suivie la récitation rituelle de son chant. Certains de ses versets communiquaient la profondeur de son Zen : Le sans naissance, le sans disparition, c’est l’Esprit d’Origine ….

Il disait :

« Allez en arrière au moment où vous êtes né :

vous ne pouvez pas en trouver le souvenir, il n’y a rien du tout !

Gardez votre esprit tel qu’il était lorsque vous êtes entré dans le monde, et aussitôt même : un être vivant, ce qui arrive, un Tathâgata ou Bouddha ….

Attachement, soif, etc, je ne les ai pas dans mon esprit. C’est pourquoi aujourd’hui je peux dire tout ce monde est vraiment le mien !

En repensant au cours de ces dernières années, vous ne trouverez que le rêve d’une nuit. Sachez-le et vous verrez que tout ce qui vous semble juste, n’est qu’un mensonge ….

Depuis et cependant, ce monde flottant est irréel, au lieu de tenir sur les choses dans votre esprit, rendez-vous et chantez !

Quand vous êtes sans attachement aux choses, le monde flottant cessera d’être en tant que distinct, mais seulement apparence objective. Rien n’est laissé, rien du tout. Ce ne sont que les moyens du Tathagata vie.

Quand tu fais le mal, ton esprit est le démon, il n’y a pas d’enfer à l’extérieur.

Détestant cordialement l’enfer, ton désir pour le ciel te fais souffrir dans un monde joyeux.

Mystères et miracles, il n’y a pas de telles choses !

Mais quand vous ne comprenez pas, le monde est plein d’événements étranges.

C’est le fantôme du Moi qui trompe l’esprit, qui vous fait prendre le monde illusoire pour être vrai.

Lorsque votre étude du bouddhisme va de travers, vous trouvez que vous n’obtenez rien de nouveau.

Lumières et illusions sont sans existence dès l’origine. Ce sont les idées que vous avez ramassé, des choses que vos parents n’ont jamais enseigné.

Si vous pensez que l’esprit qui atteint l’illumination va combattre vos pensées.

Ces jours-ci, je ne suis pas à me soucier de l’illumination, et le résultat c’est que je me réveille le matin en me sentant parfaitement bien !

De vivre le jour et la nuit sans dormir.

Une fois que vous avez fait cela, alors vous pouvez tenir le monde dans votre main !

Je suis désolé pour les bouddhas, avec tous ces ornements qu’ils portent, ils doivent être éblouis par l’éclat !

L’esprit qui n’est pas conditionnée à naître est à l’origine, ce qui est conditionné n’existe pas, c’est-pourquoi il n’y a aucune illusion.

Bien que les années à venir puissent se glisser, l’esprit lui-même ne connaît pas son âge.

Cet esprit qui est toujours la même chose.

Merveilleux ! Merveilleux !

Lorsque vous avez cherché et trouvé enfin celui qui sera à jamais libre de la vieillesse : lui seul est !

La Terre Pure où l’on communie à la paix est ici et maintenant, ce n’est pas à distance des millions et des millions de lieues.  »

Alors qu’il vivait toujours en ermite, Bankei fut reconnu comme un grand Saint Homme.

Il y avait autour de lui une grande communauté d’aspirants spirituels.

Il a su présenter les enseignements du Dharma dans un langage simple, compréhensible de manière plus intuitive.

Plus tard, il se souviendra :

« Lorsque, jeune bonze du Zen, j’ai commencé à prêcher l’illumination, il n’y avait personne autour moi de qui pouvait le comprendre. Ils avaient peur et ils pensaient que j’étais un hérétique, tout aussi mauvais que la religion catholique.
Pas une seule personne n’osait s’approcher de moi.

Mais aujourd’hui tout ce que vous avez à faire est de regarder autour de vous pour voir combien ils sont nombreux qui viennent vers moi : des milliers et des milliers. »

Bankei est devenu le prédicateur le plus populaire du bouddhisme, de son époque. Les gens venaient de tous les coins du Japon pour entendre ses enseignements, et son public était si nombreux qu’il ne trouvait pas à se loger.
Des moines, des nonnes, des laïcs riches et pauvres, et de toutes les maisons ou écoles du Zen-Soto et Rinzai, des bouddhistes du Shingon, Tendai, la Terre Pure, Vinaya, et les écoles Nichiren, ainsi que les personnes de Confucius et de religions shinto, et des Samurai avec leurs familles, les commerçants, artisans, agriculteurs, fonctionnaires, et même les joueurs et les gangsters.

Tous sont venus entendre Maitre Bankei partager sa sagesse, car ils voyaient que Bankei était trop grand pour limiter ou se lier à ce qu’on a appelé la secte Zen, qui à ses yeux était figée.

Bankei était aussi remarquable par le nombre de disciples femmes qui venaient l’entendre, et de trancher à l’encontre du patriarcat, il les encourageait à la pleine réalisation :

« Je comprends que les femmes se sentent très angoissées, lorsque dans certains textes de nombreux enseignants disent qu’elles ne peuvent pas devenir Bouddha. Mais c’est tout simplement faux !

Où est la différence entre les hommes et les femmes ?

Les hommes sont le Bouddha, le corps (Dharmakaya), et les femmes sont le Bouddha….

Dans le sans naissance il n’y a pas de différence si vous êtes un homme ou une femme.

Tout le monde est le corps du Bouddha….

Tout le monde intrinsèquement possède à l’identique l’Esprit du Bouddha. »

A une femme qui s’interrogeait sur son éventuelle impossibilité de réaliser la bouddhéité en raison de la lourde charge karmique des femmes, Bankei répondit :

« Quand êtes-vous devenu La femme ? »

Et dans un autre contexte il est allé encore plus loin contre les attitudes qui prévalent :

« Contrairement à la plupart des hommes, les femmes sont sincères. Il est vrai qu’elles sont aussi plus insensées que les hommes, à certains égards. Mais quand vous leur dites : en faisant le mal vous tombez en enfer, elles n’en doutent pas le moins du monde, et quand vous les enseignez, de tout cœur elles décident de devenir Bouddha ….

C’est pourquoi les femmes sincères réalisent la bouddhéité plus facilement que les hommes fourbes. »

En 1661, son ami d’enfance Sasaki Nobutsugu créa pour Bankei le siège du monastère Zen Ryōmonji ; et il fut également invité à enseigner dans sa ville natale Aboshi.

En 1664 à Yamashina dans un quartier de Kyoto, il fonda le monastère Jizōji (Ce temple n’existe plus). En 1669, le très grand temple Nyohōji, fut fondé pour Bankei par son protecteur Katō Yasuoki dans Iyo, une ancienne province sur l’île de Shikoku, maintenant dans la préfecture d’Ehime. Ici, de grandes foules se rassemblaient pour l’entendre. En 1672, à l’âge de 50 ans, il est nommé abbé du prestigieuse très anciens Myôshin-ji monastère Rinzai de Kyoto. En 1678, un autre monastère est fondé pour lui, le Kōrinji à Tokyo Edo, par Yōshō nonne-in, la mère adoptive du seigneur Kyogoku Takatoyo.

Tous ces lieux deviendront des centres où Bankei enseigna ; il voyageait de l’un à l’autre pour former des disciples (hommes et femmes) et prêcher une grande foule de gens. Il conduisit de longues retraites, menées de façon très aimante et non restrictive. Lui aussi entrait en retraite, et il passait ce temps de solitude pour rétablir sa santé problématique (il avait de graves quintes de toux).
Il avouera plus tard que les ascèses de sa jeunesse n’étaient que d’inutiles erreurs.

Bankei créa des œuvres d’art, les plus notables sont des statues en bronze du Bouddha et d’Umpo, mais aussi des calligraphie dont une encre représentant Bodhidharma, le fondateur du bouddhisme Ch’an.

La grande simplicité et la profondeur du message éclairée de Bankei provoqua un renouveau du Rinzai, libre de rituel et du formalisme chinois ; il abandonna les Kōans : ils ne seront de nouveau utilisés que le siècle suivant par le maître Zen Hakuin.

Pour ses entretiens, Bankei utilisait un langage simple et direct, libre d’obscurité inutile. Il s’abstenait du formalisme du vocabulaire chinois. Il se dispensait de citations compliquées ; sa parole était celle des gens simples. Il repoussa tous les dispositifs artificiels prétendument déployés par les anciens maîtres Ch’an dynastie T’ang ; tels que les coups et les cris. Il enseignait seulement le « sans naissance » du Soutra du Cœur. C’est à dire dans son identité absolue la nature de Bouddha n’est jamais vraiment née.

Nous sommes associés à l’informe qui imprègne les formes, mais jamais né ou pris comme ces formes.

Bien qu’il ne souhaita pas écrire son enseignement, certains de ses dialogues ont été retranscrits (et plus particulièrement, deux séries de ses sermons donnée en 1690 à Ryōmonji et à Marugame Hōshinji).

Puissamment éloquent, il était sans égal pour attirer une foule d’auditeurs, certains disent jusqu’à cinquante milles.

Maitre Bankei résume son enseignement dans le « Non Né » :

Ce mot clé souvent émis verbalement par Bankei a été inscrit par lui comme sa légendaire calligraphie sumi-e, peinture du cercle Zen qu’il nomma :

résumé visuel de son chemin.

Le Maître a toujours conseillé :

« Ne perdez pas le Non Né », ce qui limite les identifications d’être un homme, une femme, un bouddhiste, un confucéen, bon, mauvais, vieux, jeune, en colère, joyeux, corps mortel ou même indistinctes de l’âme immortelle.

Dans notre vraie nature, nous sommes non-manifesté absolu, manifesté seulement par le rêve de la vie tout en restant cependant toujours dans l’absolu.

La liberté est toujours libre, et notre véritable identité est liberté spirituelle ou Esprit-Cœur de la nature de Bouddha.

Lorsque Bankei annonça à ses disciples que sa mort était proche, ils lui ont demandé un poème d’adieu.

Il répondit qu’il fallait écouter les sons de la vie quotidienne.

L’essentiel de son enseignement est le suivant :

« Réveillez l’enfant à naître au milieu de la vie quotidienne.

Habituez-vous à rester dans l’état de « non-naissance ».

Essayez-le pendant trente jours, et vous serez incapable de vous en éloigner, vous vivrez dans l’Esprit du Bouddha pour le reste de votre vie ….

Écoutez-moi, et oubliez les ordures de tous vos préjugés.

Voilà ma parole d’exhortation, et vous pourrez obtenir le satori ”

« La seule chose que je dis c’est restez dans l’Esprit du Bouddha.

Pour cela il n’existe aucune réglementation, aucune discipline formelle.
Néanmoins, faites Zazen tous les jours le temps de deux bâtons d’encens.
Tenez-vous droits et laisser faire.

Mais comprenez que l’Esprit sans naissance de Bouddha n’a absolument rien à voir avec la méditation assise devant un bâton d’encens qui brûle face à vous. »

« Si vous restez dans l’Esprit du Bouddha sans vous égarer, il n’y a pas de Satori à rechercher. Que ce soit endormi ou éveillé, vous êtes un Bouddha vivant.
Zazen ne signifie qu’une posture assise tranquillement dans l’Esprit du Bouddha.

Mais vraiment, vous le savez, la vie quotidienne dans son intégralité doit être considéré comme Zazen. »

Bankei posa une distinction entre un éveil de base ou satori et une complète illumination ; une réalisation sans faille de l’Esprit du Bouddha ou totalement Éveil.

D’après les recherches de Peter Haskel, traducteur des dires de Bankei, pour le plus grand bien de tous.

Histoire et vie de Maitre Bankei

Previous articleLes Huit Préceptes
Next articleZen – L’Esprit de l’Ikebana