Le bouddhisme a été introduit en Corée au IVe siècle de notre ère par la venue de moines chinois. Rapidement, il devint religion d´Etat dans les royaumes de Koguryo (en 372) et de Paekche (en 384). En même temps furent introduits de nombreux élé-ments de la culture chinoise qui eurent une influence décisive sur la culture coréenne, parmi lesquels l´écriture chinoise (encore très présente en Corée aujourd´hui). Par la suite, beaucoup de prêtres coréens se rendirent au Japon pour y enseigner le bouddhisme.
Il faut attendre 527 pour que le bouddhisme devienne religion d´Etat au royaume de Shilla, après, selon la légende, un miracle : lorsque le roi demanda à ses ministres s´il fallait adopter le bouddhisme, presque tous se prononcèrent contre. Le moine Pak Yeom-cheok demanda alors au roi de lui couper la tête afin de prouver le sublime de cette religion. Lorsque sa tête fut tranchée, elle vola jusqu´au sommet de la Montagne au Diamant ; de son cou jaillit du sang blanc à une hauteur de dix pieds, le ciel s´assombrit, la terre trembla et de magnifiques fleurs tombèrent du ciel. Le roi fit alors du bouddhisme la religion d´Etat, devint prêtre et fonda le premier monastère de Shilla.
La période qui suivit (Shilla unifié 668-918) fut celle de l´apogée du bouddhisme en Corée, avec notamment la construction des temples de Sôkkuram et de Pulguksa à Kyeongju, la capitale du royaume. Le bouddhisme fut maintenu religion d´Etat par le royaume de Koryo (918-1392), mais il commença à décliner à la fin de la dynastie : beaucoup de pauvres gens choisirent de devenir prêtres pour échapper aux impôts, au service militaire et aux corvées ; les plus grands temples entretenaient une armée de moines-soldats qui prirent souvent part à des conflits et des émeutes ; parmi les prêtres appartenant à l´aristocratie, de plus en plus se mêlèrent dans des affaires politiques qui mettaient souvent en danger la stabilité du l´Etat. La corruption et l´abus de pouvoir des moines devint légendaire et l´on retrouve souvent le personnage du moine corrompu dans les danses de masques et les légendes populaires. Lors de l´invasion mongole du XIIIe siècle, l´élaboration du Tripitaka Koreana (voir encart) ne suffit pas à chasser les mongols, et l´on a reproché aux bouddhistes leur impuissance. De plus, les néo-confucianistes, dont l´influence ne cessait de s´accroître, critiquèrent vivement le com-portement des bouddhistes.
Bien après l´occupation, les Mongols continuèrent d´exercer une influence à la Cour, qui était bouddhiste. Il était donc naturel que le Général Yi Song-gye, fondateur de la dynastie Choson (1392-1910), bien que bouddhiste lui-même, rompe avec le passé en chassant de la Cour les éléments mongols et bouddhistes en même temps. Le confucianisme devint alors religion d´Etat, bien que les familles dirigeantes fussent encore bouddhistes. Yi Sung-gye détruisit beaucoup de temples dans les villes, et les moines chassés furent obligés de fuire dans les montagnes où ils reconstruisirent des temples. C´est la raison pour laquelle la plupart des temples bouddhistes que nous connaissons actuellement se trouvent dans les montagnes, alors que le bouddhisme a été religion d´Etat pendant mille ans.
Sous l´occupation japonaise (1910-1945), le bouddhisme fut utilisé par les deux camps comme une arme : les Japonais essayèrent de modeler les écoles bouddhistes sur leur propre modèle afin d´avoir un plus grand contrôle sur la population et la culture, mais ceci eut pour conséquence un réveil du bouddhisme coréen, comme en témoigne le poète bouddhiste HAN Yong-un (voir encart) qui fut aussi un des leaders de la lutte contre l´occupation et de l´indépendance co-réenne..
Le bouddhisme comporte aujourd´hui dix-neuf sectes reconnues officiellement, parmi lesquelles Chogye-jong est la plus importante et a sa propre université à Séoul, l´Université de Tongguk.
En 1975, le gouvernement coréen déclara le jour anniversaire de Bouddha jour férié. Ce jour (cette année le 14 mai) reste aujourd´hui une des plus grandes fêtes de la Corée.
Auteur: Yolaine Cellier
Source: www.racinescoreennes.org