Cotonou, le 10 Mars 2008
Quelques pensées d’excuses pour pardonner ce retard de nouvelles. Parfois dans le voyage les évènements s’enchaînent et les protagonistes se laissent submerger vers l’abîme majestueuse des cultures rencontrées.
Ici dans un petit coin frais de Cotonou, je me pose quelques instants pour raconter ces quelques moments de février.
Du Mali, nous avons continué sur le Niger. Découverte de la ville des ONG, Niamey. De carré de maisons en micro-villages de paillotes, se dressent ces paraboles « ONG pour la lutte des luttes…. ». A coté, se développe un peuple calme et intime où se mêlent les peulhs, les touareg, les haoussa… Diverses ethnies plus belles les unes que les autres. Les peulhs se caractérisent par une chevelure dont le crâne se divise en quatre parties égalent, chacune agencée en une tresse tombant sur la nuque et le cou. Certaines femmes s’ornent de différentes perles, et pièces de monnaies, signe de richesse par le nombre.
Nous avons échangé avec les étudiants en batique de l’école du Musée de Niamey. De là, les thèmes de la vie actuelle ont été abordé pour amener au questionnement du contenu d’un batique. Cette fameuse toile de coton beige où la teinture vient s’installer hors frontières de cires. Souvent on retrouve la femme qui pile le mil, la savane, les cases…thèmes laissant l’esprit du touriste dans l’idéo traditionnelle d’une Afrique encore sauvage.
Ainsi, les jeunes ont monté des toiles où l’on aperçoit des voitures, des femmes avec leur téléphone portable… Les corps dessinés à partir de modèles vivants (habillé bien sûr !). Quelques jours où les esprits de ces jeunes travaillaient dans une actualité. Certains, ce sont laissés emporter vers des scènes plus sophistiquées telles des concerts. Une densité, un questionnement, une réflexion, s’emparaient d’eux. Mais, d’un avancement d’un côté, entraîne le professeur vers l’arrière, les principes traditionnels. Sa recherche, il la fait dans l’espoir qu’une ONG vienne lui apporter des livres de dessins, alors que seule une route de goudron sépare l’école de la bibliothèque du centre culturel Franco-Nigérien.
Quelles réactions avoir, ou plutôt que faire ? Peut-être que ces réflexions n’étaient que mirages ! Ou bien un surplus d’ONG incite à la dépendance ?
Dans la continuité de notre route, des Peace-Corps, nous avons croisé. Arrivées dans ce petit village de Birnim’Gaoré, sur les semelles de Ginger (pc), nous avons monté, sur quelques nattes au-dessous de cet arbre, un atelier de dessin. Notre langue emmêlée de mots français, ne pouvait pas bien communiquer avec ces enfants Haoussa. Alors par le biais d’une chanson, nous nous sommes compris :
« les oiseaux les plus beaux ne sont pas les plus gros… »
Le lendemain l’arbre protecteur de son ombre, a accueilli dans ses branches de jolis oiseaux multicolores en papier. Ils portaient en eux une énergie magique. Certains de leur créateur n’avait jamais dessiné, mais de leur volonté à réaliser quelque chose, ils nous ont transporté.
Ces jeunes enfants loin de la ville, on su transmettre une fiction.
Après dix jours passés dans ce village, notre folie voyageuse battait son plein au creux de nos entrailles. Embarqué dans le premier bus, nous voici sur le sol béninois. Terre de spiritualité, la terre rouge éclate de son intensité.
Notre prochain atelier est à Kpétou, village de pêcheurs au bord du lac Ahémé. Sentinelle de Mami Watta, déesse de la mer, protectrice de ces sujets en trois branches : la chance, l’argent et la fécondité.
Oreli et Sophie, les Semelles Féériques