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La méditation pour guérir: la science s’en mêle

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Le « pouvoir de l’esprit » a longtemps fait partie de la rhétorique des charlatans. Il évoque l’intervention divine, c’est pourquoi les scientifiques et les médecins s’en sont longtemps méfiés.

Il a fallu des siècles pour que son rôle soit reconnu dans l’effet placebo, dans l’hypnose ou la psychanalyse. L’idée qu’il soit possible d’altérer le métabolisme humain par de simples exercices de pensée paraissait jusqu’à récemment complètement farfelue. Dans les années 1980, des chercheurs américains ont commencé à s’intéresser aux effets de la méditation sur l’organisme et ont découvert de « troublantes coïncidences ». Depuis une dizaine d’années, les données sont devenues plus précises, grâce aux progrès de l’imagerie cérébrale et de l’informatique, et montrent que l’esprit influence bien la matière et le corps.

La méditation intensive épaissit une région centrale du cerveau

En 2004, Matthieu Ricarda ainsi participé à une étude menée par une équipe de chercheurs de l’université du Wisconsin, à Madison, qui consistait à comparer l’activité cérébrale de moines tibétains pratiquant la méditation intensive depuis des dizaines d’années avec celle de volontaires novices. Les électroencéphalogrammes ont mis en évidence « une forte augmentation des ondes gamma à haute fréquence » chez les moines par rapport au groupe témoin.

D’autres différences ont été repérées à l’aide d’un système d’imagerie par résonance magnétique nucléaire (RMN): une activité élevée dans la zone préfrontale gauche du cortex, qui semble submerger l’activité de la partie droite, siège de l’anxiété.

Confirmation apportée en mars 2010 par une expérience similaire, réalisée par une équipe de l’université de Montréal, au Québec: celle-ci montre que la pratique intensive de la méditation épaissit littéralement une région centrale du cerveau (anterior cingulate) qui régule la sensibilité à la douleur: les adeptes du zen ont un nombre sensiblement plus élevé de cellules gliales dans cette zone, ce qui leur donnerait une plus grande résistance à la souffrance physique.

De leur côté, des chercheurs australiens et norvégiens ont identifié une forme d’onde cérébrale, dite thêta, spécifique aux états de « relaxation attentive », qui se distingue nettement des ondes produites par la simple relaxation ou par le sommeil. Elle provient de la partie frontale du cerveau, siège des processus mentaux conscients.

Se faire des muscles rien qu’en y pensant

La méditation modifie le cerveau lui-même, mais agit aussi sur le système hormonal, vasculaire et même musculaire. Des adolescents obèses du collège d’Augusta, en Géorgie, ont vu en moyenne leur pression artérielle baisser de 5 points après trois mois d’exercices de méditation réguliers.

Une étude en double aveugle menée par des médecins de l’hôpital Northwestern Memorial d’Evanston, dans l’Illinois, démontre également l’efficacité de certaines techniques de relaxation sur l’insomnie. D’autres expériences sont en cours pour le traitement de la dépression, des troubles cardio-vasculaires, de l’asthme ou des douleurs lombaires.

Plus étonnant: la pensée aurait aussi un pouvoir sur les muscles. Des chercheurs de la Cleveland Clinic, dans l’Ohio, viennent ainsi de découvrir que l’entraînement mental peut améliorer la force musculaire, tout comme l’exercice physique. Des volontaires ont été astreints, quinze minutes par jour, durant trois mois, à se relaxer, totalement immobiles, en imaginant qu’ils soulevaient un poids à bout de bras.

A la fin de l’expérience, ils avaient acquis une force musculaire dans le biceps plus élevée que les individus du groupe témoin qui s’étaient, eux, réellement entraînés physiquement! Explication: la puissance ne dépend pas seulement de la masse musculaire, mais de l’intensité du signal nerveux envoyé par le cerveau aux muscles. La force de la pensée, au sens propre.

Source : L’Express




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