Considéré comme le plus important des Maîtres japonais du zen, Dogen Zenji, introduisit l’école Soto, en 1227 dans son pays. En effet, au Japon, Dogen est vénéré comme un saint par toutes les écoles de bouddhisme, quelles qu’elles soient.
Récapitulatif des grands étapes de la vie de Dogen Zenji (1200-1253), qui permettent de comprendre l’intégration de l’école Soto au Japon :
Entre sa deuxième et sa septième année, il perdit ses deux parents successivement. Sa famille faisait partie de la noblesse de la Cour. Il est dit que ces pertes provoquèrent en lui, un « choc émotionnel spirituel très profond ».
Très vite, il est désigné comme l’héritier par l’un de ses oncles maternels. Ne se plaisant pas dans cette vie, il fuit à l’âge de 12 ans, pour rejoindre un autre oncle, plus jeune. Celui-ci était ermite et se consacrait sans cesse à l’étude du bouddhisme. C’est notamment grâce à cette rencontre, qu’à l’âge de 13 ans, il décide de se faire moine.
Même comme moine, des questions le tourmentaient de plus en plus. Il n’arrivait guère à trouver de réponses à ses préoccupations.
Ainsi, Dogen n’étant pas satisfait des solutions qu’on lui apportait sur la question de « la nature de Bouddha », il s’adressa au fameux moine « Koin ». Par la suite, il entra au monastère de Kenninji, où il devint l’élève du « Maître Myozen », successeur de « Myoan Eisai », lui-même maître du bouddhisme « Rinzai » (intégré depuis peu dans les différentes formes de bouddhisme au Japon à cette époque).
Au printemps de l’année 1223, il reçut la permission de se rendre en Chine, accompagné de son maître. Au mois d’avril, ils arrivèrent tous deux dans un port de Chine. C’est à ce moment précis qu’il reçu ses premiers enseignements du Ch’an (Zen en japonais).
La tradition japonaise rapporte qu’« un jour un vieux moine vint sur le bateau pour acheter des champignons. Il était cuisinier dans un monastère Zen. Dogen lui demanda de rester sur le bateau pendant quelque temps pour s’entretenir avec lui du Zen.
Mais le vieux moine lui répondit : « cela m’est impossible, car il faut que je m’occupe du repas de demain. La cuisine est mon étude, rétorqua le moine. Pourquoi devrais-je l’abandonner à autrui ? » Cependant Dogen ne compris pas immédiatement le sens profond de cette réponse.
Aussi insista-t-il : « La cuisine, dites-vous, est votre étude ? Mais pourquoi ne pas vous absorbez plutôt dans la méditation ou dans l’étude des livres sacrés ? Pourquoi ne délaissez-vous pas les travaux domestiques ? »
Le vieux moine se mit à rire : « ah jeune étudiant étranger, il est regrettable que vous ne compreniez pas l’essence même de l’étude ! ».
La tradition rapporte aussi que cette réponse permis à Dogen de comprendre le sens véritable du Zen.
Il se rendit dans le monastère de T’ien-tung-ssu, où il reçut le « Sceau et la Robe » de la transmission de l’Ecole de Ts’ao tung (Soto). Il y resta jusqu’en 1227 auprès du maître Ju ching.
Une fois revenu sur ses terres natales, il ne ramena rien.
Lorsque les japonais voulurent savoir ce qu’il avait rapporté, Dogen déclara : « Je suis revenu les mains vides. Tout ce que je peux vous dire, c’est ceci : les yeux sont horizontaux et le nez vertical. Matin après matin, le soleil se lève à l’est et le coq chante à l’aube. Chaque quatrième année, le mois de février a vingt-neuf jours. »
Ce que souhaitait Dogen, c’était, enseigner et réaliser l’éveil intérieur. Par conséquent, il se retira au temple de Kennin-ji, et écrivit le « Fukanzazengi », (Les règles universelles pour la pratique du Zazen).
Pour donner un aperçu de ces écrits, voici un extrait du Fukanzazengi :
« Pour Zazen une pièce silencieuse convient. Mangez et buvez sobrement. Rejetez tout engagement et abandonnez toute affaire. Ne pensez pas “ceci est bien, cela est mal”. Ne prenez partie ni pour ni contre. Arrêtez tous les mouvements de l’esprit conscient. Ne jugez pas des pensées et des perspectives. N’ayez aucun désir de devenir un Bouddha. Zazen n’est pas limité à la position assise ou la position allongée. »
En 1230, il écrivit le premier chapitre de son œuvre majeure : le « Shobogenzo »,(Trésor de la connaissance du vrai Dharma).
C’est notamment pour ses écrits que Dogen acquit ce prestige, cette reconnaissance de ses pairs et du peuple japonais. A sa mort, son disciple Ejo contribua au rayonnement de son œuvre au Japon. .
« Observer la décence, éviter les conversations oiseuses, bannir l’orgueil, faire preuve d’aménité à l’égard d’autrui » : sont les règles de vie à observer dans le Soto. De plus, « le croyant doit n’avoir qu’un seul objectif, l’Eveil, au cours d’une vie qui est si courte, si incertaine, qu’il ne doit jamais remettre au lendemain la pratique essentielle, la méditation assise ou zazen ».
Le bouddhisme Soto et son Ecole, s’ancrèrent de plus en plus dans les pratiques religieuses des japonais. Actuellement, le Soto et le Rinzai sont les écoles les plus pratiquées au Japon…
Tiphaine Bellambe pour www.buddhachannel.tv