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L’hindouisme : la plus patriarcale des religions ?

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Imaginerait-on une hindoue prêtre dans un temple ?
Depuis toujours, l’image de la femme hindoue n’est pas des plus rayonnantes. Une femme docile, soumise à son mari, privée de droits, voilà comment les occidentaux la perçoivent.

D’après un rapport de l’OCDE de 2004, « si l’Inde est un des pays qui a fait le plus de lois pour les femmes, c’est celui où l’écart entre la loi et la réalité est le plus grand. (…). Cette résistance s’explique par la religion : nulle part ailleurs au monde la religion domine et détermine la vie d’une femme autant que l’hindouisme en Inde ».

Et cet encadrement religieux est loin d’être valorisant pour la femme. Les exemples ne manquent pas ; La naissance d’une fille au sein d’une famille hindoue par exemple, est vécue comme un échec. Parce que seul l’homme est destiné à étudier, seul lui peut s’investir dans la vie religieuse et atteindre le salut divin. Pour cette raison, beaucoup de femmes avortent lorsqu’elles découvrent qu’elles sont enceintes d’une fille.



Autre exemple : le sort des femmes devenues veuves. « Elles sont souvent victimes de crimes sociaux, violées et punies. L’hindouisme propose une solution dont l’horreur le dispute à l’animalité : le bûcher! Dénommée le sati, la crémation d’une veuve, vivante, sur le bûcher de son mari défunt signifie à l’épouse son inutilité. »
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Tiré de Charlie Hebdo (11 août 2004), l’article fait froid dans le dos. D’autant plus que le journaliste poursuit : « il serait naïf de supposer cette tradition barbare enterrée dans les profondeurs de l’histoire, un cas a été observé en août 2002 près de Bhopal en Inde. »


Autant dire que, de toutes les religions, l’hindouisme est sûrement une des plus dures pour la femme.
« Son destin religieux (et donc son destin tout entier) passe par son mari… Alors que l’homme s’accomplit dans sa relation au divin, la femme ne s’accomplit que dans sa relation avec son mari, qui lui tient lieu de Seigneur. Selon la tradition, la femme n’a pas droit au salut individuel.
Elle ne peut réciter de prières, faire de sacrifices ni rendre de cultes aux ancêtres
» (*)

D’ailleurs, jusqu’au 19ème siècle, elles n’avaient ni le droit de lire ni celui d’écrire. Exclues de l’initiation religieuse, le « moksha » (salut spirituel) est exclusivement réservé aux hommes.

(En effet, le but ultime pour tout hindou est la délivrance des réincarnations ou moksha. Après la mort, l’âme peut se réincarner. Si elle a accumulé les fautes, elle s’incarnera dans un autre corps, ou même en enfer… Mais si l’âme atteint le moksha, elle fusionne avec le brahman, Dieu absolu.)


Pourquoi une telle tradition ?

D’après de nombreux textes religieux, le mal serait constitutif de la nature féminine…

Incertains d’une telle théorie, quelques rares téméraires (des hommes !) créèrent les premiers mouvements réformateurs au cours du 19ème siècle.

S’en suivirent d’autres organisations, comme le mouvement « Ramakrishna », tendant à améliorer le statut de la femme aussi bien socialement que religieusement (droit de s’organiser en communautés et droit d’accomplir certains rituels religieux). A la fin du XXème siècle, M. Thatte, un leader hindou, a même crée plusieurs écoles pour « rushikas » (femmes sages), malgré l’opposition des brahmanes orthodoxes.

halpenny_1_.jpgCertains ont interprété ces initiatives comme des progrès notables : « Le rôle des femmes tend à s’accroître, comme on le constate déjà par la multiplication des gourous féminins qui se lancent dans des missions à travers le monde. De même, le nombre de femmes prêtres aurait connu une augmentation notable ces dernières années, et elles sont également mieux acceptées dans la population. » (**)
Pour autant, la tradition brahmanique orthodoxe reste la règle, parangon d’une autorité patriarcale sur les femmes.


(*) Catherine Merrien, Etude droits humains et religions, d’Amnesty International 2004

(**)HINDOUISME:QUELLES TENDANCES GLOBALES?

Religioscope – 14 octobre 2002


Clémence de la Robertie pour www.buddhachannel.tv

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