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Thaïlande — L’Harmonie rompue au Temple du Tigre

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L’HARMONIE PERDUE [[Traduit de l’anglais par Hélène LE, pour www.buddhachannel.tv ]]


Un rapport publié par un groupe de protection des animaux allègue le commerce illégal de grands félins, au Temple du Tigre en Thaïlande.

Kanchanaburi, Thaïlande – Il a été qualifié de paradis de l’homme et de la bête – un endroit rare où les deux vivent en harmonie. La vision émouvante d’un moine bouddhiste vêtu d’une longue robe safran marchant aux côtés d’un grand félin a captivé des millions de personnes à travers le monde.

f_02tiger2.jpg >> Un moine au Temple du Tigre, pulvérise de l’urine sur un tigre pour l’induire à la soumission

Beaucoup se sont rassemblés à Wat Pa Luangta Bua Yannasampanno, en Thaïlande pour voir d’eux-mêmes comment des tigres orphelins, sauvés ou donnés au temple sont pris en charge, pour être finalement relâchés dans la nature.

Mais cette façade de conservation du monastère dans la province de Kanchanaburi, à 322km au nord de Bangkok, s’est effritée sous le poids d’un rapport accablant publié le mois dernier, par Care for the wild International (CWI), basé au Royaume Uni.

Le rapport Exploitation du Tigre : commerce illégal, cruauté animale et touristes en danger au temple du tigre, basé sur deux ans de recherche, et résultant des inquiétudes et informations fournies par les touristes et volontaires au temple, révèle le côté sombre de cette destination touristique populaire.

CWI indique que le temple, loin d’être un centre de sauvegarde, fonctionne comme un établissement d’élevage commercial impliqué dans l’échange clandestin d’animaux avec une ferme de tigre au Laos voisin. Dans un rapport de 25 pages, CWI met en lumière l’apparition et la disparition suspectes d’animaux. Des enquêteurs se seraient vus confiés qu’au moins sept tigres listés dans les brochures du temple 2005 et 2007 avaient disparu, et qu’au moins cinq seraient apparus sans aucune explication.



« Ce sont la plupart du temps des animaux plus âgés qui ont été envoyés au Laos en échange de jeunes animaux, » indique le cadre supérieur de CWI, Dr. Barbara Maas, dans un communiqué de presse. « Personne ne sait ce qui leur est arrivé là-bas. Ces actions violent les lois locales et internationales sous la Convention du Commerce International des Espèces en Voie de Disparition (Cites).

« Certains des nouveaux tigres ont été nommés de la même manière que les animaux qui avaient été exportés vers le Laos pour dissimuler les déplacements des tigres, et pour garder intacte l’impression que le temple fournit des soins de longue durée aux tigres sauvés. »

Un enquêteur de CWI a prétendu avoir été témoin en août 2005 de l’arrivée d’un petit, plus tard appelé Dao Ruang que l’abbé a décrit comme venu du Laos pour « échange de gènes ». En échange, le mâle adulte Payak a été emporté.

De même, en avril 2007, un autre enquêteur a enregistré le remplacement de deux femelles âgées de quatre mois par deux jeunes mâles âgés de deux semaines.

Le groupe britannique de protection note qu’environ 300 touristes visitent le monastère chaque jour, et ce nombre a augmenté jusqu’à presque 900 pour les jours de grande activité, à la suite de la diffusion mondiale du documentaire le Temple des Tigres sur la chaîne Animal Planet.

Contactée, Discovery Channel, qui produit Animal Planet, a déclaré : « Bien que ce ne soit pas notre politique de commenter les enquêtes en cours, le documentaire le Temple des Tigres n’a aucune date de diffusion future fixée sur la chaîne de télévision Animal Planet. »

CWI précise que les tigres ne se qualifieront pour aucun programme d’élevage de sauvegarde : « La plupart des animaux là-bas ont été élevés sur le site ou ont été apportés de la ferme de tigre au Laos. Le fond génétique de ces animaux est entièrement inconnu. Tous ces animaux sont susceptibles d’être des hybrides, ce qui ne leur permet pas de participer à un programme d’élevage de sauvegarde visant à reconstituer les populations sauvages. »

Dr. Kae Kawanishi, biologiste de la sauvegarde des tigres indique que la possibilité de relâcher ces petits nés en captivité dans la forêt thaïlandaise afin qu’ils se reproduisent, est proche de zéro.

La « multiplication et la réadaptation des espèces en voie de disparition, particulièrement les grandes espèces carnivores telles que le tigre, doivent être basées sur la gestion systématique et scientifiquement commandée des populations captives. »

L’enquête de CWI indique que le monastère n’est pas autorisé à garder ou élever des tigres, mais parce que le gouvernement thaïlandais ne disposait pas d’un tel équipement, le département des parcs nationaux en 2005, a permis au temple de garder les tigres sans toutefois élever ou commercer les félins.

Les enquêteurs ont trouvé 15 tigres vivant au temple à tout moment. La plus grande attraction au temple est son spectacle quotidien « le canyon du tigre » dans lequel des tigres en laisse, marchent parmi les touristes et sont enchaînés sous le soleil pendant environ trois heures. En plus de l’entrée à 300 bahts (RM30), les visiteurs payent une « donation » de 1.000 bahts (RM100) pour se faire photographier avec un tigre. CWI estime que le temple génère près de 50 millions de baht (RM5mil) en un an.

Apparemment, ces revenus ne bénéficient à aucune des créatures qui rapportent cet argent. Les enquêteurs de CWI ont révélé l’existence de clôtures émaciées, de régimes pauvres, et de soins vétérinaires insuffisants pour les tigres. Des ouvriers locaux ont été photographiés et filmés en train de tirer les tigres, les traînant et leur donnant des coups de pied.

Pour soumettre les grands félins, les membres du personnel du temple pulvérisent de l’urine sur le visage des tigres, un acte perçu par les tigres comme celui provenant d’un autre animal agressif et dominant.

Dans une entrevue accordée un peu plus tôt en janvier, l’abbé Pra Acharn Phusit Chan Khantitharo du temple, a nié maltraiter les animaux et rejeté les accusations d’illégalité, selon un premier rapport non publié de CWI. Cette fois-ci, les appels au temple sont demeurés sans réponses.

On apprend que les autorités hésitent à prendre des mesures immédiates, craignant que le temple exige une compensation pour prendre soin des animaux.

Néanmoins, CWI recommande la confiscation et la relocalisation des tigres dans un sanctuaire approprié, ajoutant qu’il a identifié une installation appropriée en Thaïlande et qu’il offre son soutien à l’opération.

Pour lire le rapport de CWI, cliquez ICI


Par HILARY CHIEW

Source : -The Star –

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