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Sakya — La pratique quotidienne d’une Saddhana

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Le terme sanscrit  » saddhana  » ou  » sgrub thabs  » en tibétain signifie  » méthode pour réaliser « . Ce nom désigne des textes plus ou moins développés qui en vers ou en prose, décrivent les différentes étapes de la méditation permettant de conduire à la réalisation ultime de l’état de bouddha. Les plus courts de ces textes peuvent avoir une seule page tandis que les plus longs peuvent en contenir une centaine et quelquefois plus. Ces textes étant des condensés de la méthode pour parvenir à la réalisation, ils constituent la base de la pratique quotidienne du pratiquant du Vajrayana. Ils révèlent une méthode s’appuyant sur la pratique d’une déité particulière. Avant de s’engager dans la récitation quotidienne d’une Saddhana en particulier, le pratiquant aura pris soin de s’assurer qu’il a au moins reçu de son Lama la transmission orale de l’autorisation de pratique (qu’on appelle le  » lung « ). Il est également très bénéfique et quelquefois obligatoire qu’il ait également reçu l’initiation et les explications concernant la déité qu’il envisage de pratiquer.

La pratique d’une Saddhana peut s’envisager en tant que pratique quotidienne effectuée dans le cadre de la vie de tous les jours. Il peut s’agir d’une ou de deux pratiques par jour aussi longues qu’on le souhaite. Il convient d’ajuster la longueur des pratiques en fonction des capacités de concentration et des autres impératifs de la vie quotidienne. C’est également la même Saddhana que l’on pratiquera en retraite, c’est à dire de façon intensive avec trois ou quatre sessions quotidiennes. Il est donc tout à fait possible d’alterner des périodes de retraite et des périodes moins intensives lors de la pratique d’une même Saddhana. Lorsqu’on s’engage dans la pratique d’une Saddhana, on prend en général l’engagement de mener à bien au moins la récitation du nombre minimal de mantras prescrits. Ce nombre varie selon les pratiques mais on considère souvent que le nombre minimal peut être généralement considéré comme étant de quatre cent mille. Bien sûr, on peut aussi s’engager à ne pas abandonner la pratique avant d’avoir eu la réalisation de la déité, par des manifestations de celle-ci en rêve ou dans la méditation, ou encore par des signes de purification ou autres qui sont décrits dans les textes.


Sakya monastère moines
Sakya monastère moines


Bien qu’il existe une grande diversité d’opinion parmi les maîtres du Vajrayana et également une grande différence selon les disciples auxquels on s’adresse, il est raisonnable de considérer que le débutant s’entraînera d’abord à la pratique des Saddhanas les plus simples et de celles qui prennent appui sur les déités aux formes simples et aux qualités de base indispensables que leur pratique permet de consolider plus spécialement. Parmi les pratiques les plus populaires, on trouve celles de Tchenrézi qui symbolise la compassion de tous les bouddhas, celles de Dolma (Tara) qui est considérée comme la mère de tous les bouddhas et qui est très rapide à accorder sa protection et ses bénédictions, celles de Djampeyang (Manjushri) qui symbolise la sagesse et la connaissance des bouddhas, celles de Dorjé Sempa (Vajrasattva) qui représente l’ultime bouddhéité et la parfaite essence du maître spirituel, et bien d’autres encore… C’est donc par ces pratiques qu’il conviendra de débuter avant de s’engager dans les pratiques plus complexes des Yidams de l’Anuttarayoga, la classe la plus élevée des Tantras.


Chaque Saddhana étant un condensé de la voie pour parvenir à la réalisation des bouddhas, il est incorrect de considérer que certaines seraient supérieures aux autres. Le choix de la Saddhana s’effectue en accord avec le Lama et lorsque le pratiquant aura atteint suffisamment de connaissance du bouddhisme et de la méditation, il pourra s’il le désire se consacrer à une seule pratique, toujours en accord avec son Lama. On rencontre souvent des occidentaux nouveaux dans le bouddhisme, qui vous demandent brusquement lors d’une première rencontre quel est leur Yidam (déité de pratique particulière), comme si un seul Yidam leur était destiné, avant qu’ils aient accompli la moindre pratique. Nous espérons que les quelques explications que nous venons de donner sur le choix de la Saddhana permettra de dissiper ces illusions.

Si l’on en vient maintenant au contenu des Saddhanas, on y trouve toujours au moins une partie préliminaire, la partie principale et une conclusion. La partie préliminaire est constituée par la prise du refuge et le développement de la pensée d’éveil. Selon les cas, elle peut aussi inclure diverses pratiques telles la méditation de Dorjé Sempa, l’hommage, les offrandes et les engagements devant la déité, la pratique des quatre sans-limite (amour, compassion, joie et équanimité), etc…

La partie principale consiste dans le développement à partir de la vacuité immanente, du méditant sous la forme pure de la déité pratiquée, de sa prise des consécrations suivie par la récitation du mantra de celle-ci accompagnée par la visualisation d’un processus d’émission et de résorption de lumière qui invoque les bénédictions de tous les bouddhas et qui accomplit le bien des êtres vivants en leur transmettant ces bénédictions et en les transformant en la déité. Il est ensuite nécessaire de résorber la forme visualisée dans la vacuité d’où elle est tout d’abord apparue et de demeurer ensuite immergé dans cet état libre de toute forme ou caractéristique.

La conclusion est constituée par la dédicace du mérite et de la vertu accumulés par le méditant lors de cette pratique, en vue de l’avancement spirituel de tous les êtres vivants vers la libération de la bouddhéité.

La partie principale de la Saddhana contient donc les deux phases de la pratique qu’on appelle la phase de développement et la phase de résorption qui sont les deux phases indispensables à la réalisation de la bouddhéité.


En quoi la méditation de ces deux phases est-elle indispensable à l’obtention de l’état de bouddha ? Il est important de comprendre quels sont les attachements ordinaires qu’il convient de détruire pour parvenir à ce but : il s’agit essentiellement du processus mental de conceptualisation ordinaire et de l’attachement à une forme si pure soit-elle.
Le processus mental de conceptualisation ordinaire est constitué de deux aspects qui sont les pulsions fondamentales négatives (skt. Klesha) du désir-passion, de la haine-agressivité et de l’ignorance, et des actes que ces pulsions induisent, ainsi que du fruit qui en découle, à savoir le concept d’un soi. Le rassemblement des deux accumulations du mérite et de la connaissance transcendante est le moyen qui permet de purifier le premier aspect du processus mental de conceptualisation ordinaire. L’accumulation de mérite purifie les actes qui sont la cause de la renaissance au sein du Samsara ; quant à l’accumulation de connaissance transcendante, elle purifie les pulsions fondamentales négatives à l’origine de ces actes. Le mérite s’acquiert par l’effort envers les actes vertueux et le rejet des fautes, et dans le cadre de la Saddhana, il prospère grâce aux offrandes et aux engagements pris devant la déité, tels qu’on les trouve dans la prière aux sept membres commençant par la prise de refuge et la confession des fautes, ainsi que grâce aux souhaits pour le bien des êtres tels qu’on les trouve formulés dans la prière des quatre sans-limite.


La connaissance transcendante se développe par la reconnaissance de l’essence de vacuité au coeur de tous les dharmas de la manifestation. Cette connaissance doit être présente lors de toutes les phases de la méditation et dans la Saddhana elle apparaît tout d’abord lors de l’énoncé du mantra de la vacuité dans laquelle se résorbent tous les dharmas du Samsara et du Nirvana, avant le développement du méditant sous la forme de la déité.

Le concept d’un soi se trouve quant à lui purifié par le développement de la déité et de son support qui peut être le divin palais du mandala dans le cas d’une pratique développée, ou le seul siège de la déité dans le cas d’une pratique plus condensée. La clé du succès réside ici dans le sentiment très fort que doit développer le méditant, d’être la déité à laquelle il s’identifie. La visualisation qui au début est le résultat d’un processus laborieux et incertain, devient peu à peu plus naturelle jusqu’à s’établir spontanément sans effort.

Toutes les étapes précédemment énoncées appartiennent à la phase de développement dont la pratique permet donc de purifier le processus mental de conceptualisation ordinaire. Mais elle ne permet pas de venir à bout de l’attachement à la forme. L’attachement à la forme pure de la déité qui peut naître à la suite de la méditation du processus de développement doit être purifié par la méditation du processus de résorption qui consiste essentiellement dans la dissolution dans la vacuité de toutes les formes visualisées précédemment.
Il convient ensuite de s’entraîner à reconnaître dans toutes les formes et dans tous les objets perçus par les sens, ce sceau de vacuité. De manière symétrique, la vacuité se reconnaît alors non comme un néant mais comme une plénitude pleine des potentialités de la manifestation, vacuité dont ne s’absente jamais la caractéristique de claire lucidité. Cette méditation capable de mener à l’obtention de la bouddhéité est celle qui reconnaît l’indifférenciation du Samsara et du Nirvana. La Saddhana qui rassemble la méditation sur les deux phases du développement et de la résorption, est la méthode spécifique du Vajrayana pour atteindre à la libération de l’état de bouddha.

NGOR EWAN PHENDE LING

3 rue du bout de la ville

27180 Les Ventes

tel : 02 32 67 80 63

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