Il y a longtemps, Gautama Bouddha a dit que « les humains sont inversés ». Il a dit : « ils croient que ce qui est juste est erroné et que ce qui est erroné est juste. Que ce qui est vrai est faux et que ce qui est faux est vrai. Que ce qui est bon est mauvais et que ce qui est mauvais est bon ». Nous pouvons voir que dans la condition actuelle de notre monde, ce même scénario bat son plein. Nous en sommes littéralement arrivés à réaliser les paroles de Bouddha. Aussi brillants et intelligents que puissent être les êtres humains, l’humanité, même à cette heure très tardive, commence juste à comprendre qu’elle vit à l’envers. A l’envers signifie que généralement, nous vivons pour nous-mêmes et non pas pour le monde entier. Effectivement, nous, être humains, ne comprenons jamais le simple fait que le monde entier – et tout ce qui y vit – n’est qu’une seule famille. Nous vivons généralement pour le seul bénéfice de notre propre cercle personnel et familial et la plupart du temps, nous ne nous soucions pas de notre famille mondiale. Même le combat politique habituel, comme par exemple, celui qui consiste à protéger l’environnement, est gêné parce qu’il est « financièrement précaire ». Au dessus de cet horizon de pollution l’écho des paroles de Bouddha nous hante. Il n’y a pas d’environnement, pas d’êtres et alors bien sûr, pas non plus de marché, et non le contraire. Ce n’est qu’en considérant tous les êtres comme votre propre soi que vous briserez les liens de la dualité. Dans le moindre recoin de notre vie, nous sommes invertis et devons nous remettre à l’endroit. Mais qu’est-ce qui fait qu’un être se remet à l’endroit ?
C’est le cœur. C’est le cœur qui fait qu’un être se remet à l’endroit.
Lorsque vous commencez à ouvrir votre esprit grâce à l’ouverture du cœur, il est dit que vous vous éveillez à la « Vérité ».
Et bien qu’il soit impossible de définir la « Vérité, il devient évident que la « Vérité est la nature inclusive de toute chose. Cette nature qui inclut tout est incompréhensible et dans le même temps, elle est indéniable. Quand vous quittez votre cercle étroit, des considérations plus grandes vous mènent à des vues intérieures plus vastes. Et bien que nous ne puissions pas (à un ou à deux) réparer le monde tout seul(s), ce que nous pouvons faire, par contre, c’est ré-ajuster notre propre vie, pour inclure toute l’existence dans notre cœur ; et alors, dans un sens particulièrement authentique, notre vie même devient une contribution au monde dans lequel nous vivons. En d’autres termes, vous devez arriver à comprendre que rien ne peut être exclu du tout, et que vivre en cet esprit embrase une intelligence sensible qui est imbue de compassion pour chacun des êtres humains. La « Vérité » est dépourvue de partialité, dépourvue de raccomodages et dépourvue de brèches. Par conséquent, la sagesse qui soutient cette compréhension soutient toute l’existence. C’est une conscience tendre et puissante qui transforme une vie pour la faire passer d’une forme égocentrée à une forme dépourvue d’ego. La forme dépourvue d’ego, c’est l’illumination. L’état des choses de ce monde est l’expression extérieure d’une condition intérieure. Le fait de nier l’Un en tout est une source de problèmes dans ce monde ; cependant, quand vous êtes intègre avec la vie, seulement en étant ce que vous êtes, alors votre vie est pareille à un médicament pour un monde souffrant. Ce principe est tout aussi personnel qu’universel. « Cela », cette « Vérité » qui donne vie au blé dans les champs, donne vie à chacun. Plus votre compréhension est inclusive, plus vous incarnez la sagesse dans votre vie quotidienne. Cela ressemble énormément à l’ascension vers le sommet d’une montagne. Au pied de la montagne, votre vue est restreinte et limitée aux environs immédiats. Cependant, au fur et à mesure que vous montez, votre vue s’élargit. Il est important de s’élever au-dessus de ses propres opinions. Celui qui se trouve au sommet de la montagne n’est pourtant pas plus grand que celui qui se trouve au pied de la montagne. Il s’avère simplement qu’au fur et à mesure de votre ascension vers le haut, votre observation s’élargit de plus en plus (en vous ouvrant à l’intérieur) et cela, c’est le tout. C’est un Eveil authentique. Au fur et à mesure que l’on mûrit dans cette ouverture éveillée, les bagages inutiles sont naturellement délaissés sur le chemin, afin de se dissoudre dans le rien, ce qu’en réalité, ils sont. Par bagage, nous entendons le fardeau ; et « fardeau » signifie avidité, colère, haine et égoïsme, tout ce qui apparaît pour diviser la « Vérité ». Même s’il est impossible de diviser, souvent, les humains croient dans les divisions beaucoup plus qu’ils ne réalisent la « Vérité ». Celui qui est éveillé ne porte pas de fardeau ou bien, au fur et à mesure qu’il mûrit dans l’Eveil, il en porte de moins en moins, toujours de moins en moins. C’est par l’intuition de l’essentiel que vous vous éveillez. Donc, persister à exister dans un esprit divisé comme un être humain « normal », signifie vivre à l’envers, pour l’être illuminé. Et vivre à partir du cœur, cela signifie « vivre à l’envers », pour le monde en général (peut-être qu’à présent, cela commence-t-il à changer). C’est pourtant dans ce monde à l’envers que l’on s’éveille. C’est ici que le feu de l’illumination est embrasé et que les flammes sont attisées par le désir brûlant de conscience absolue.
écrit par ShantiMayi.
pour « Tattwa Bulletin »