Le palais du Potala (en tibétain པོ་ཏ་ལ, en mandarin 布达拉宫 bùdálā gōng1), est un palais-forteresse ou dzong du xviie siècle, situé à Lhassa, sur la colline de Marpari (« la colline rouge »), au centre de la vallée de Lhassa. Comprenant un « palais blanc » et un « palais rouge », ainsi que leurs bâtiments annexes, l’édifice incarne l’union du pouvoir spirituel et du pouvoir temporel et leur rôle respectif dans l’administration du Tibet. Construit par le cinquième dalaï-lama, Lobsang Gyatso (1617-1682), le palais fut notamment le lieu de résidence principal des dalaï-lamas successifs, jusqu’à la fuite de quatorzième dalaï-lama en Inde après le soulèvement contre l’armée chinoise en 1959. Aujourd’hui, le quatorzième dalaï-lama réside à Dharamsala dans le nord de l’Inde et le palais est devenu un musée de la République populaire de Chine.
En 1645, le 5e dalaï-lama a tenu une réunion avec les hauts officiers du Gaden Phodrang (Gouvernement tibétain) sur la construction du Palais du Potala sur la Colline Rouge, où le 33e Roi du Tibet Songtsen Gampo avait construit un fort rouge au viie siècle. La même année, la construction a commencé et il a fallu près de 43 ans pour la terminer. Le 5e Dalaï Lama décida d’installer à Lhassa le gouvernement du Tibet au Potala. Il édifia la partie blanche centrale du Potala, et la partie rouge fut ajoutée par Sangyé Gyatso en 1690. Le Potala devint le centre gouvernemental du Tibet. Tous les départements ministériels ainsi que le collège de Namgyal, fondé à Drépung en 1574 par le 3e Dalaï Lama pour la formation monastique, furent transférés au Potala en 16492. Vers la fin de sa vie, le 5e dalaï-lama s’est retiré de la vue publique. Il a passé des années en retraite et a confié les pouvoirs au Régent Sangyé Gyatso. En 1682, à l’âge de 65 ans, il est mort avant d’en terminer la construction. Cependant, il en avait confié la responsabilité à Sangyé Gyatso en lui conseillant de garder le secret de sa mort pour un temps. Le régent cacha au peuple tibétain la mort du dalaï-lama pendant plus de 12 ans, jusqu’à la fin des travaux.
Le Palais du Potala est devenu le palais d’hiver des dalaï-lamas après la construction du Norbulingka, le palais d’été au xviiie siècle, un chef d’œuvre architectural tibétain construit par le 7e dalaï-lama, Kelzang Gyatso. Kelzang Gyatso a aussi constitué le « Kashag » ou conseil des ministres pour administrer le gouvernement tibétain dont les bureaux sont dans le Palais du Potala. Il a encore fondé l’école de Tse située au sommet du Palais. L’école de Tse formait les cadres du gouvernement du Tibet. Les diplômés de cette école qui désiraient travailler dans la fonction publique devaient subir un enseignement plus poussé dans une école religieuse. Les fonctionnaires laïcs étaient principalement formés à l’école de Tse.
Le 7 septembre 1904, le traité de Lhassa a été signé dans le palais du Potala entre les Britanniques et le gouvernement tibétain.
Le Palais du Potala bénéficie d’une protection forte en tant que patrimoine national d’état chinois depuis 1961, à l’initiative de Zhou Enlai. Grâce à cette protection, il a échappé au vandalisme lors de la révolution culturelle4,5,6 où, selon le gouvernement tibétain en exil, plus de 6 000 monastères, lieux de culte et ermitages furent détruits7. Le Palais du Potala a été inscrit dans la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO en 1994.
En 2000 et 2001, le Temple de Jokhang et le Norbulingka ont été admis sur la liste en extension de ces sites. Fondé au viie siècle, le monastère du Temple de Jokhang est un complexe religieux bouddhiste exceptionnel. Le Potala a été totalement vidé de ses 100 000 livres et pièces artistiques, qui ont été transferés à Shanghai, Tianjin et Gansu. Il subit d’importants dommages liés à l’afflux touristique.
Malgré ces protections les autorités Chinoise ont procédé à la destruction des anciens quartiers situés à proximité de ces monuments. Ainsi devant le Potala une vaste esplanade carrée avec des fontaines et deux sculptures neuves de lions chinois dans le style du XV siècle, permet d’accéder au Potala. Les démolitions se sont effectuées rapidement et cela « en dépit de la convention signée avec l’Unesco qui cherche à respecter l’intégrité du cadre historique d’un lieu ».