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Le grand silence

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Pour lui, « la plus grande expérience qu’un spectateur puisse faire en regardant un film est de ressentir le temps ».
Comment intervient la notion de temps dans un film où l’on ne parle pas?
De faire la comparaison avec le « film muet » ne serait pas juste, ici l’expérience du temps n’est pas masquée par l’histoire, mais par le silence.
En effet, un silence qui dure 2h40 et qui résonne comme le murmure d’une prière sur les parois d’une nef ou comme le grincement d’un pas lent sur le planché d’une pièce vide.

le grand silence film
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Une durée justifiée? La question ne se pose plus dans un lieu où la primauté du temps linéaire sur le temps cyclique se trouve inversée. Prendre conscience de cette relativité, c’est faire un pas de plus vers la sagesse dans le monde bouddhiste, alors que la relativité trouve ici son équilibre, son authenticité, sa véritable définition.
De même lorsque Dôgen parle de l’être-temps (Uji), il n’y a pas de séparation entre l’existence et le temps puisque le temps est l’existence.
Ces monastiques ont fait le voeux de vivre dans la solitude au rythme des sons de cloches qui résonnent dans cet univers spatio-temporel qui se répète. Les lignes du temps sont propres à chacun d’eux.

Ce film est le sanctuaire intérieur de leurs âmes.
Le silence est vibrant et méditatif, il ne s’entend pas mais s’écoute. Il est leur sagesse, celle de la contemplation.
Et ce silence, le réalisateur allemand a enfin pu le filmer après des années de demande, et ce, sans le briser.
Les chartreux de ce monastère cartusien fondé en 1084 par St Bruno dans le massif de la Grande Chartreuse, l’ont apprivoisé à la lumière de leur coeur et dans l’obscurité de leur cloître où il est difficile de différencier les ombres.
Les spectateurs viennent armés d’une curiosité qu’ils laissent vite tomber dans l’oubli.
Sans réponse à leurs interrogations, la fascination les prend. L’austérité du film les emporte.
Les chemins du langage ne sont pas celui de Dieu. Seul la nature environnante parle.
Et l’éternité en est le murmure.

Stanislas Wang-Genh
pour www.buddhachannel.tv


Photos : Philip Grönig

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