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L’idéal du bodhisattva – par Geshe Thupten Jinpa

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L’idéal du bodhisattva

texte de Geshe Thupten Jinpa

Bouddha Avalokitesvara
Bouddha Avalokitesvara
L’idéal du bodhisattva fut certainement le plus important des concepts religieux à naître du mouvement bouddhiste mahayana. Le bodhisattva, littéralement «celui dont l’aspiration héroïque est d’atteindre l’éveil», est un être altruiste doté d’un courage incroyable. Les bodhisattvas ont la capacité de se libérer de la souffrance, mais ils préfèrent assumer en premier la tâche d’en libérer les autres. La compassion de tels êtres est sans bornes et transcende toute pensée de division.

Le bodhisattva est l’ami, le serviteur et le parent spirituel de tous sans distinction. La force de la compassion du bodhisattva est représentée par divers moyens, dont l’art visuel. Dans la culture tibétaine, l’expression la plus largement connue de cette compassion infinie est celle décrite dans la légende de Tchènrézi (le bodhisattva de grande compassion) à Mille Bras.

Tchènrézi ressentait pour les être en nombre infini un souci et une compassion si intenses qu’il pensât qu’à moins d’avoir mille bras et mille yeux il ne pourrait jamais accomplir les souhaits de tous. Par la force de son aspiration parfaite, un jour il obtint d’avoir mille bras et mille yeux. Pour les disciples du bouddhisme mahayana cette image est encore de nos jours un symbole religieux puissant.

La compassion que ressent le bodhisattva pour les êtres n’est pas une simple expérience émotionnelle, car son sentiment ne se fonde ni sur l’attachement ni sur des considérations égocentriques, comme de penser qu’être bienveillant contribue à notre propre bien-être physique ou spirituel. C’est, au contraire, un sentiment qui surgit spontanément au plus profond de nous quand nous percevons la souffrance d’autrui et reconnaissons à quel point tous les êtres vivants nous ressemblent.

En d’autres termes, nous nous sentons reliés aux autres et nous éprouvons à leur égard une grande empathie, tout en restant relativement libre d’attachement. Il n’y a ni attachement, ni détachement. Évidemment, une telle compassion demande à être cultivée de manière délibérée. Et c’est la qu’intervient la vue pénétrante – la compréhension profonde. Celle-ci est le navigateur adroit qui dirige le bateau de la compassion. Selon les écritures du mahayana, c’est par compassion qu’un bodhisattva repousse sa propre atteinte de l’éveil alors que la compréhension profonde lui permet de transcender le monde fluctuant de l’existence.

Autrement dit, le bodhisattva suit une route médiane entre la paix solitaire de la non-existence et le flux perpétuel du devenir. La première étape sur la voie du bodhisattva consiste à «développer la motivation héroïque». Le bodhisattva fait le voeu solennel de rechercher l’éveil total dans le but de libérer tous les êtres de la souffrance. Ce voeu doit se fonder sur une compassion profonde et sur la conviction inébranlable de l’importance extrême de dédier sa vie au bien d’autrui. La conviction d’un bodhisattva sera telle qu’il ou elle est prêt à passer un nombre infini de vies, s’il le faut, à accomplir les souhaits de tous les êtres sans exception. La strophe suivante, que le Dalaï-lama cite très souvent, contient l’essence de cette aspiration:

Tant que l’espace durera,
Tant qu’il restera des êtres,
Puissé-je moi aussi demeurer
Pour enrayer la souffrance de tous.

Une fois développée cette motivation héroïque, le bodhisattva s’attellera à pratiquer les six perfections et les quatre moyens. Il fera de cet entraînement le but principal de sa vie. Pour de tels individus, la pratique religieuse ne pourra jamais être simplement une des facettes de la vie, elle sera le fondement et l’unique finalité de la vie. Nombreux sont les textes classiques du mahayana qui décrivent la vie du bodhisattva.

Parmi eux, le plus important et le plus célèbre est sans aucun doute La Marche vers l’éveil de Shantidéva. Poète indien bouddhiste qui vécut au VIIe siècle, Shantidéva est vénéré comme un saint par tous les bouddhistes du mahayana. Au Tibet son texte est la référence de base pour tous ceux qui étudient et pratiquent l’idéal du bodhisattva. Quiconque a entendu le moindre enseignement du présent Dalaï-lama aura remarqué l’immense influence qu’exerce cet ouvrage sur sa façon de penser et d’agir.




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