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La peur

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Thich Nhât Hanh dans sa grande sagesse nous parle de la peur lors d’une conférence en 2006 à la Mutualité à Paris.

Chacun de nous a une graine de peur dans la profondeur de sa conscience-connaissance ; le Bouddha nous invite à reconnaître cette graine de peur en nous. Les moines, les moniales sont supposés reconnaître cette graine chaque jour : « je dois mourir un jour, je ne peux pas échapper à la mort. Je peux tomber malade un jour, je ne peux pas échapper à la maladie. Un jour, je devrai me séparer de celui ou celle que j’aime, c’est inéluctable ». Tout ce que je peux emporter avec moi, ce sont seulement les fruits de mes actions ; je ne peux rien emporter d’autre avec moi : ma maison, mon compte en banque, mes diplômes… je ne peux pas emporter ces choses-là avec moi. Cette pratique nous aide à nous familiariser avec la vérité.

Reconnaitre la peur par la pleine conscience

Reconnaître la peur qui est en nous afin de pouvoir la transformer. On a peur de beaucoup de choses ; on a peur de perdre un jour son travail ; on a peur que la personne qui nous aime aujourd’hui nous abandonne demain ; on a peur des accidents ; on a peur des terroristes. Mais qu’est-ce que le Bouddha nous dit pour réduire la peur ? Les causes de l’accident peuvent se trouver hors de nous, mais elles peuvent aussi être en nous. Et il est fréquent que la cause intérieure déclenche la cause extérieure. Il y a beaucoup de choses à faire pour pouvoir se protéger.

1ère étape – Thich Nhât Hanh souligne l’importance de l’énergie de la pleine conscience comme protection.

Se protéger de la peur par la compassion

La compassion est un agent protecteur ; vous savez qu’une personne sans compassion souffre beaucoup, complètement isolée ; sans compassion, on ne peut pas établir de relation avec les autres êtres vivants, et l’on souffre ; c’est pourquoi la compassion nous soulage, nous donne de la liberté, de la paix et du bonheur. Si vous avez de la compassion en vous, vous êtes protégés ; c’est parce que la compassion se révèle, se manifeste dans la manière de regarder, de parler, d’agir. Et l’autre personne se sent en sécurité avec vous, c’est parce que vous êtes habité par l’énergie de la compassion. Elle sait que vous n’allez pas lui faire du mal ; elle peut toucher cette compassion en vous ; alors il faut cultiver la compassion pour sa propre protection, et on peut en même temps protéger les autres si on a de la compassion. 
Les Israéliens ont peur et ils combattent pour leur survie ; et nous comprenons. Les Palestiniens ont peur, et ils veulent combattre pour leur survie, et nous les comprenons aussi. Les terroristes agissent sur la fondation de leurs peurs ; ils combattent aussi pour leur survie. Et si on a assez de temps pour regarder en profondeur, on voit que tout le monde a peur ; et cette peur va de pair avec la haine, la colère et la violence. Et quand nous sommes victimes de la haine, de la colère et de la violence, nous souffrons et nous faisons souffrir les autres. C’est une chose très claire, très simple à comprendre.

2ème étape – Thich Nhât Hanh insiste sur la compassion comme protection face à la peur.

Les perceptions erronées

Donc si vous avez le temps de regarder… vous pouvez obtenir la compréhension : ils ont peur, ils souffrent ; ils sont victimes de leur peur, de leur colère, de leur haine, de leur violence ; et personne ne se trouve dans la situation de les aider. Pour pouvoir les aider, il faut faire en sorte que cette peur soit réduite, soit enlevée, soit transformée. Et nous savons très bien que la peur est née des perceptions erronées ; c’est le Bouddha qui a dit cela : « la peur est née des perceptions erronées ». Nous avons peur l’un de l’autre, c’est parce qu’il n’y a pas assez de communication ; il y a des perceptions erronées qui nous séparent ; alors il faut faire en sorte de restaurer la communication. La peur, le terrorisme ne peuvent pas être déracinés par les bombes ; c’est parce que la peur et la terreur sont nés des perceptions erronées ; et on ne peut pas enlever, détruire les perceptions erronées avec les bombes, avec les fusils, mais seulement avec le dialogue, l’écoute profonde, la parole aimante qui permettent seules d’aider l’autre personne à corriger ses perceptions erronées. Quand on écoute avec compassion, quand on pratique l’écoute profonde, on commence à comprendre pourquoi l’autre personne souffre, l’autre personne a peur, a de la haine et du désespoir. Et nous pouvons réaliser que cette personne-là est vraiment victime de ses propres perceptions erronées, et on se dit : « plus tard, j’aurai du temps pour pouvoir offrir des informations qui pourront aider cette personne-là à corriger ses perceptions » ; vous êtes motivés par la compassion ; vous êtes là assis tranquillement pour écouter l’autre personne, et c’est déjà là un acte d’amour. Et quand vous réalisez que cette personne est victime de beaucoup de malentendus, beaucoup de perceptions erronées, vous vous promettez que plus tard vous ferez de votre mieux pour aider cette personne à corriger ses perceptions. Une fois les perceptions corrigées, une vue juste est obtenue et la peur sera alors diminuée en même temps que la souffrance. Cette personne a une conception d’elle-même, et elle a une conception de vous, de nous ; et ces deux sortes de perceptions peuvent être erronées ; et c’est pourquoi cette personne a agi ainsi avec de la colère et de la haine. Quand l’on écoute cette personne-là, on peut identifier ses perceptions erronées ; et puis on peut aussi en même temps réaliser que l’on est soi-même victime de ses propres perceptions erronées ; si l’autre personne est victime de ses perceptions erronées, moi aussi je peux être victime des perceptions erronées. En écoutant en profondeur comme cela, on peut réaliser qu’on a eu des perceptions erronées sur soi-même et sur l’autre personne ; et cela nous aide à corriger les perceptions en nous-même. Le père a des perceptions erronées à propos de son fils, et le fils peut avoir des perceptions erronées sur son papa ; alors tous les deux souffrent, et chacun pense qu’il est victime de l’autre personne ; mais tous les deux sont victimes des perceptions erronées. Si les Palestiniens et les Israélites réalisent cela : les deux partis sont tous les deux victimes des perceptions erronées, et que tous les deux combattent pour leur survie, alors pourquoi ne pas coopérer pour pouvoir avoir une survie collective. Je voudrais vous dire que le bonheur n’est jamais une chose individuelle ; la sécurité non plus, ce n’est jamais une chose individuelle. La survie, la sécurité, ce sont des choses collectives.

3ème étape – Thich Nhât Hanh insiste sur le fait que « réduire la peur en l’autre personne c’est réduire la peur en soi-même ».

La souffrance n’est jamais une chose individuelle. Il faut assurer le bonheur de l’autre pour qu’on puisse être heureux. La sécurité n’est pas une chose individuelle ; si les autres se sentent en danger, alors vous êtes en danger aussi ; il faut donc s’occuper de la sécurité de l’autre personne. Si l’autre personne a beaucoup de peurs, alors cette personne-là va devenir une cause de notre peur. C’est pourquoi réduire la peur en l’autre personne c’est réduire la peur en soi-même.

Voici un résumé de cette conférence de Thich Nhât Hanh. Vous trouverez le texte complet sur Buddhachannel en dessous de cette vidéo.

La Paix en Marche – Comment transformer les peurs, par Thich Nhât Hanh




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