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Vouloir réussir versus réussir sa vie

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Hier, suite à une discussion avec une amie, je me suis interrogée sur le potentiel et les limites de « vouloir réussir ».

« Vouloir réussir » est parfois plus figeant que dynamisant. Là où nous souhaitons de la légèreté, de l’harmonie et du sens, nous y mettons souvent des contraintes, des objectifs de performance et du conformisme.

Vouloir réussir est une bonne chose en soi, sans cela nous pourrions sombrer dans l’apathie, dans le « je m’en foutisme ». Vouloir réussir, c’est se donner les moyens de mener à bien nos entreprises.

Cependant, vouloir réussir envers et contre tout ôte à la vie la possibilité de vous amener sur d’autres chemins, d’autres voies à parcourir.

Vouloir réussir, avec le mental fixé sur l’objectif initial, c’est manquer de souplesse quand les circonstances sont contraires. Et si les circonstances sont contraires, c’est qu’il y a une autre manière de faire que nous ne nous autorisons pas, tant nous sommes fixés sur l’atteinte de nos objectifs initiaux.

Vouloir réussir est aussi signe de la peur de l’échec. Qui dit échec, dit faiblesse. Qui dit faiblesse dit vulnérabilité. Et qui dit vulnérabilité dit soumission au regard et au jugement de l’autre. Nous voulons souvent réussir non pas parce que nous croyons que c’est bon pour nous ou bon pour les autres, mais parce que si nous ne réussissons pas ce que nous avons entrepris, nous serons considérés comme des perdants. Et cela n’est pas supportable.
Nous voulons aussi réussir dans nos projets professionnels car il en va de notre situation matérielle. Et là aussi nous pouvons nous enfermer dans des modes de fonctionnement, des emplois, des entreprises en contradiction totale avec nos valeurs, notre éthique par peur de perdre notre confort et notre sécurité.

Mais fondamentalement, la vie n’est pas dans la réussite. Réussir sa vie est être heureux. Et peu importe qu’un projet n’aboutisse pas ou que ce que nous visions n’advienne pas.

Les projets, les situations sont de nature provisoire. Je prends un exemple. J’ai démarché il y a 2 semaines une grande école pour proposer des conférences. J’ai, à cette occasion, rencontré une personne qui s’est avérée plus intéressée par les activités de mon époux que les miennes. Est-ce un échec pour moi ? Bien sûr que non. En élargissant ma vision, j’ai vu les forces en présence et la vie faire son œuvre.

En fait, nous devrions bannir le mot ECHEC de notre vocabulaire, car il n’y a jamais d’échec, juste des enseignements, des expériences. Vouloir réussir de façon obsessionnelle, c’est avoir peur de l’échec. Si nous transcendons cette peur pour nous accorder avec le sens et le mouvement de la vie, nous constatons qu’il y a toujours quelque chose à ressortir de toute situation. Il est même parfois plus riche de ne pas aboutir ce que nous avions entrepris pour nous accorder avec la vie et accueillir les voies qui se sont dessinées sous nos pieds.

Car le secret de la vie est qu’elle se construit sous nos pas. S’il y a des prédestinations, beaucoup dépend de nos actions. Et en fonction de ce que nous faisons, les voies se mettent en place. Si j’ose aborder une personne ou pas, ma vie va être différente. Si je décide de travailler sur ma colère ou pas, ma vie sera complètement différente. Et cela dépend de nous. Nous construisons notre vie à chaque instant. Nous pouvons donc à chaque instant y mettre de nouveaux ingrédients, en enlever, changer les doses. Nos objectifs initiaux peuvent être revus en conséquence. Pas parce qu’ils n’étaient pas bons, mais parce que les conditions ont changé. Nos objectifs doivent s’adapter aux nouvelles conditions.

Pour progresser dans la vie, sur notre chemin de vie, nous avons besoin de nous mettre en route vers de nouvelles destinations régulièrement. En chemin, nous rencontrons des personnes, des expériences, des connaissances, des nouveaux mondes. Cela nous transforme. Nous décidons alors de progresser à nouveau vers la destination suivante, parfois sans passer par la destination initiale. Et alors ? L’important est d’être juste, en mouvement vertueux et en adaptation permanente.

Tout est impermanent, nos vies comme nos situations de vie. La seule réussite à viser est celle d’être heureux. Le chemin pour y parvenir et s’y maintenir est souple, adaptatif, bienveillant, lumineux, aimant. Tout ce qui n’est pas de cet ordre là, il n’est pas nécessaire de chercher à le maintenir.

Vouloir réussir, oui, mais soyons vigilant à ne réserver ce comportement qu’aux objectifs vertueux. Tous les autres objectifs ne sont qu’illusion, transition, conformisme, orgueil ou attachement. Nous n’en avons pas besoin, au contraire, nous devrions nous en séparer pour nous installer dans le bonheur.

Veillons à ne pas tout réussir, il en va de notre vie.

Harmonie Croissance Conseil… Christelle Hauteville-Chadorlan




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