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Lecture des Sutras, Récitation des Mantras, Invocation des Bouddhas

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LECTURE DES SUTRAS, RECITATION DES MANTRAS, INVOCATION DES BOUDDHAS

Introduction



L’adepte qui se contente de vénérer les Bouddhas en accomplissant les rites des prosternations et des offrandes ne peut être un Bouddhiste accompli.


Il lui faut consacrer une partie de son temps à la lecture des sûtras, à la récitation des mantras et à l’invocation des Bouddhas, ces trois pratiques constituent les compléments nécessaires aux trois premières. Sans ces dernière, la vénération des Bouddhas et ses manifestations rituelles seront vidées de leurs significations et risqueront d’être de pure forme.


En effet, la doctrine bouddhiste comporte une base philosophique assez délicate à comprendre si l’on n’arrive pas à se concentrer suffisamment pour appréhender les données et suivre la progression du raisonnement.


Pour ne citer qu’un exemple nous ne pouvons pas saisir les significations des quatre formes de prosternations si nous ne faisons que les exécuter machinalement. La perfection du geste ne suffit pas pour conférer de valeur au rite. Comment devons nous accomplir les prosternations du Coeur Pur, puis celles de l’entrée dans le monde du Dharma, de la contemplation correcte et au dernier degré celle de la parfaite équanimité.


Il en sera de même pour les cinq catégories d’encens : l’encens de la Discipline, celui de la Concentration, celui de la Bodhicitta, celui de la Libération, et celui de libération des connaissances de l’intellect.


C’est pourquoi la doctrine nous enseigne en même temps les moyens de parvenir à l’apaisement de nos sentiments et nos pensées pour obtenir ensuite une concentration parfaite de notre esprit. Ces moyens représentent la partie Pratique, inséparable de l’étude théorique, ce sont : la lecture des sûtras, la récitation des mantras, et l’invocation des Bouddhas.

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Développement

I. DEFINITIONS


1. Lecture des sûtras

Elle consiste à lire distinctement à voix ni trop haute, ni trop basse, et sans chercher à donner d’intonations particulières aux différents passages des textes, les enseignements du Tathâgata recueillis par ses disciples.


Précisons dès à présent que les sûtras sont en nombre considérable, et qu’ils varient selon le degré de compréhension des disciples et des fidèles des différents pays visités par le Tathâgata au cours de ses quarante années d’enseignement.


2. Connaissance des Mantras.

Un mantra est une formule concentrée insistant sur un point essentiel du Dharma, c’est-à-dire de la Vérité Suprême et éternelle, et exprimée dans un langage intraduisible par les vocabulaires humains, et que seuls saisissent les Etres parfaitement éveillés. Ils possèdent cependant la vertu miraculeuse de faire jaillir du fond de notre coeur l’étincelle nécessaire pour nous permettre de nous rendre compte de notre condition de Bouddhéité latente et nous aider à parvenir à l’état de libération totale. Récités avec confiance et ferveur, les mantras nous permettent encore de dominer nos mauvais penchants, d’éloigner les tentations et les dangers accidentels.


3. Invocations des Bouddhas.

Invoquer c’est prononcer avec respect les noms des Bouddhas dont nous sollicitons l’assistance, et le secours, en ayant en vue leurs mérites et leur bonté dans leurs existences sur terre, avec notre détermination de suivre leurs exemples dans notre conduite de chaque jour.

II. SIGNIFICATIONS


Quels enseignements pouvons nous tirer de la lecture des sûtras, de la connaissance des mantras, et de l’invocation des Bouddhas ?


Lecture des Sutras.


Parce que nous sommes des humains, nous vivons actuellement dans le monde des passions (Kama dhatu) et par définition, nous sommes soumis à la contrainte permanente de nos désirs toujours inassouvis, cette contrainte qui non seulement conditionne son comportement à l’état d’éveil, mais encore pèse sur notre subconscient, et façonne nos rêves pendant le sommeil. C’est pour pouvoir résister à ce danger que nous avons besoin d’avoir présentes à l’esprit les paroles du Tathâgatas qui nous démontrent la vanité de nos désirs et apportent des remèdes à nos souffrances et nos angoisses.


Aussi intelligent, aussi doué qu’il soit, aucun d’entre nous ne peut prétendre connaître tous les enseignements des sûtras, c’est pourquoi nous devons les lire et les relire continuellement pour en pénétrer totalement les significations. Un effort constant est nécessaire car au fur et à mesure que nous avançons sur la voie des études, nous nous trouvons en présence des textes de plus en plus abstraits, avec l’intervention fréquente des paraboles et des métaphores, inaccessibles à ceux qui ne veulent pas faire un effort de réflexion profonde.


Récitation des Mantras.


Les mantras, comme il a été dit plus haut, constituent les solutions concentrées de formules saisissantes, sur des problèmes traités par les Bouddhas au cours des siècles. Ils sont exprimés en un langage dont la signification échappe aux humains, mais dont les sons possèdent la vertu miraculeuse d’éveiller la Boddhicitta emprisonnée au fond de notre coeur sous l’accumulation de nos tendances et des acquisitions de notre intellect.


Le simple fait de les réciter a pour résultat d’éloigner de notre esprit toute idée du mal, et de notre corps toute menace de danger ou de maladie. Les plus conseillés, et les plus faciles à retenir sont les mantras destinés à anéantir notre Karma négatif, et à accélérer nos progrès vers la libération définitive, ou à nous préserver des maladies ou des tentations des esprits maléfiques, etc… L’essentiel c’est de les apprendre par coeur et les réciter en des circonstances appropriées. Les conseils de nos maîtres sont nécessaires à ce sujet.


Invocations des Bouddhas.


Comme notre vie mentale est conditionnée dès la naissance par l’Ignorance originelle et modelée au cours des années par les influences du milieu social et surtout par les acquisitions de notre intellect, ce que nous appelons « nos connaissances » ne sont en réalité qu’une accumulation de dogmes et de conventions n’ayant rien de comparable avec la « vraie connaissance » surtout elles ne sont d’aucune utilité, quand il s’agit pour nous de faire face aux souffrances et aux angoisses de la condition humaine.


C’est pourquoi, quelles que soient les préoccupations de notre existence matérielle, nous devons nous efforcer à chaque moment de retrouver notre véritable nature spirituelle, en rompant les réseaux successifs d’illusions (mâya) qui emprisonnent notre Bouddhéité.


Telle une eau bourbeuse qui retrouve sa limpidité après l’agitation, notre mental sera de nouveau apte à réfléchir la clarté des innombrables sources de lumière venue de l’éternelle vérité et qui a pour nom le Vide Absolu (Sunyata).


Pour accéder à cette quiétude absolue, nous devons concentrer toute notre pensée sur la voie à suivre pour parvenir à la rive de l’Eveil, et pour cela, le meilleur moyen consiste à invoquer les Bouddhas qui nous ont laissé de précieux enseignements et des exemples de leurs perfectionnements.


La Concentration est un préalable indispensable à toute méditation, car la pensée humaine est intimement liée à l’Imagination, cette « folle du logis », comme on la qualifie dans les philosophies occidentales. Il faut arriver à dissocier ces deux éléments de notre comportement mental.


Toute réflexion suppose la sélection du sujet et l’élimination des facteurs de perturbation. L’enseignement bouddhique se sert également de deux images frappantes : il compare notre coeur à un cheval en liberté dans une prairie, et notre pensée à un singe parcourant les arbres de la forêt. Comment empêcher leur vagabondage ? En les attachant à un pivot bien orienté de façon à leur permettre de découvrir la vraie voie à suivre. Ce pivot a pour nom la Concentration de notre esprit, nous avons besoin de l’appui d’un moyen infaillible : l’invocation des Bouddhas pour nous servir de guides.


1. Des Sutras, des Mantras et des Bouddhas à invoquer.


a. Des Sutras.

En dehors des recueils originaux les plus anciens et les plus précieux, accessibles seulement à des maîtres de la Sangha, nous avons à notre disposition des traductions faites dans toutes les langues de l’Asie de l’Est, et certains en français, en anglais et en allemand.


Les monastères vietnamiens disposent des traductions en chinois, en japonais, et en vietnamien des Sûtras du Grand Véhicule, que chaque adepte peut lire chez soi devant l’autel du Bouddha.


Ces sûtras sont indiqués pour diverses circonstances de la vie, en particulier pour la Mort, pour les renaissances, tel le Sukhavati Viurha s’adressant au Bouddha Amitabha, puis les cas de maladies, d’accidents, d’angoisses, tel le Vajrasuci, le sûtra du Diamant, ou de demande de rémission des fautes tel le sûtra des Cinq Cents noms de Bouddhas.


Malgré leurs diversités, tous ces sûtras ont une même finalité : nous mettre sur la voie du Dharma et nous guider dans la perception de la Réalité vraie de toutes choses.


b. Des Mantras.

Les membres de la Sangha récitent régulièrement dans leurs incantations du soir les mantras du Surangama Samadhi, du Prajnâ Paramita Hridaya, ceux du Recueil des Dix Mantras, ou des Mantras des cinq pas etc… Pour nous autres adeptes qui ne disposons pas de temps nécessaire, nous pouvons réciter le Mantra du Prajnâ Paramita Hridaya, le plus connu, et les dix mantras sélectionnés. Des conseils de nos maîtres sont nécessaires pour le choix des mantras.


c. Des invocations des Bouddhas.

En règle générale, chaque bouddha est désigné sous une appellation ne comportant pas moins de dix qualificatifs correspondant aux divers aspects de la Perfection qu’il représente. Mais tous font preuve en premier lieu de leur incommensurable compassion envers les humains.


C’est pourquoi il suffit d’invoquer un seul Bouddha pour toucher tous les Bouddhas du Passé, du Présent et de l’Avenir.


Mais pour nous autres humains qui bénéficions des enseignements du Bouddha Sakyamuni, celui du temps présent (de l’actuel kalpa), il est normal que notre pensée s’adresse en premier lieu vers lui. Ceux d’entre nous qui avons choisi la voie du Sukhavati, celle de la Parfaite Sérénité, s’adresse dans ce cas au Bouddha Amitabha.


Ceux d’entre nous qui demandons à renaître au Royaume des Cieux, également comme étape transitoire vers le Nirvana, s’adresseront au Bouddha Maitreya. En cas de maladie, nous invoquerons l’assistance du Bouddha Bhaisajyagurù, le maître de la médecine et des guérisons.


En résumé, cette dernière circonstance mise à part, les trois Bouddhas Amitabha, Sakyamuni et Maitreya, représentent l’ensemble des Bouddhas des temps passé, présent et futur de l’humanité.


2. Apports sur le plan spirituel des pratiques ci-dessus :


a. Lecture des sûtras.

Les enseignements de Tathâgata, recueillis sous la désignation générique de Tripitaka (les trois corbeilles) ne contiennent que des paroles de bonté et de compassion qui constituent l’essence même de la Bouddhéité. Et c’est pour cette raison qu’ils sont empreints d’un accent émouvant qui pénètre jusqu’au fond de notre coeur.


Pour nous mêmes, la lecture des sûtras est en quelque sorte le premier pas vers la Concentration et la Méditation. Pendant que nous nous attachons à comprendre les enseignements de notre Maître Suprême, nos dix activités vitales : la vue, l’ouïe, le goût, le toucher, la parole et la pensée sont mises en veilleuse et nous demeurons préservés de toute tentation du mal affectant notre corps, nos paroles et nos pensées.


Pour notre entourage, membres de notre famille, amis, ou voisins, la lecture des sûtras a également un effet bienfaisant. Elle favorise le recueillement, l’examen de conscience et éloigne tout souci d’ordre matériel en même temps qu’elle met fin aux bavardages inutiles, ou discussions stériles.


b. Récitation des mantras.

A un niveau plus élevé, la récitation des mantras produit des effets bénéfiques analogues. Les syllabes mystérieuses prononcées sur un ton monocorde, ponctuées par des coups des gongs et de tocsin ont une résonance particulière dans notre esprit et l’incite à prendre conscience de la vanité de notre moi comme du monde impermanent qui nous entoure.


La raison en est que les mantras représentent la quintessence même des sûtras et ces formules merveilleuses, que seuls comprennent les Bouddhas, possèdant la vertu de secourir les humains en état de détresse soit physique, soit mentale.


Il suffit de citer, à ce propos, le cas d’ANANDA, qui un jour faillit mourir des pratiques maléfiques d’une sorcière. Sur le point de succomber il appela mentalement le Tathâgata à son secours. Assis au milieu de la situation d’Ananda ; il récita le mantra Surangama Samadhi qui eut pour effet d’anéantir instantanément le sort jeté sur Ananda, puis il envoya Mansjusri pour le ramener au monastère.


La vertu des mantras est toujours vérifiée de nos jours. Le cas du Docteur Thien Thanh est édifiant à ce sujet. Vers les années 1946-1947, ce médecin était en service dans les montagnes de la Cordillère indochinoise. Un jour il s’aperçut qu’il était atteint d’une maladie grave du sang contre laquelle la médecine moderne demeure impuissante.


Dans son désespoir il se souvint brusquement du mantra que dans sa jeunesse il avait entendu réciter par son père dans les cas de maladie grave. Il mit toute sa ferveur à le réciter. Le lendemain il allait nettement mieux. Ses amis se joignirent à lui pour réciter ensemble le mantra intitulé « Des vertus protectrices comparables à une montagne ». Quelque temps après, la maladie disparaissait progressivement de façon inexplicable.


c. Invocation des noms des Bouddhas.

Le Parfait a dit un jour à ses disciples « Après moi, l’humanité connaîtra une ère de destruction totale, ma doctrine sera oubliée, de tous mes enseignements, le dernier sûtra des Temps Présents, le Sukhavati-Vyurha, subsistera pendant une courte période puis disparaîtra également. Alors seuls seront sauvés, ceux qui invoqueront le nom du Bouddha Amitabha (Namo Amitabha Bouddha). Ils recevront la grâce de renaître au royaume du Sukhavati, celui de la Béatitude Suprême, qui est l’étape transitoire vers la Libération totale. »


En dehors des récits des anciens maîtres indiens, chinois et japonais, les effets miraculeux de l’invocation des Bouddhas se vérifient encore dans les temps plus proches de nous. Tel le cas de trois aviateurs français en service en Indochine pendant la 2ème guerre mondiale, le capitaine Touffan, le lieutenant Retourna, et le sous-lieutenant Brillant. Nous étions en 1940.


Ces trois officiers effectuèrent un jour un vol habituel de Poulo Condore vers Saïgon. Au milieu de la mer, par suite d’une panne de moteur, l’hydravion dût tant bien que mal se poser sur les flots. La situation était périlleuse, l’avion pouvait sombrer à tout moment et aucun secours n’était possible avant plusieurs heures. C’est alors que le sous-lieutenant Brillant dont la mère était vietnamienne se souvint des noms de Bouddhas que sa mère avait l’habitude de réciter devant l’autel.


Il imita son exemple, et miraculeusement l’avion se maintenait pendant trois heures en surface. Finalement un bateau de pêche vint au secours des aviateurs. Aussitôt que le dernier des trois eût quitté l’avion, l’appareil sombra au fond de la mer.


Tout le monde se demanda en tremblant pourquoi le fait ne s’était pas produit avant alors que l’avion avait encore ses trois passagers. Le sous-lieutenant Brillant en donna l’explication. De retour à Saigon les trois officiers offrirent une somme d’argent pour édifier une petite pagode à Cat Lai, commune de Thanh My Loi (province de Gia Dinh) en reconnaissance aux Bouddhas.

Conclusion


En conclusion, comme il a été indiqué plus haut, les trois pratiques de la Lecture des Sutras, la Récitation des Mantras, et l’Invocation des Bouddhas, apportent instantanément un apaisement dans notre coeur et chassent loin de nous toutes les causes de souffrance physique ou morale. Elles nous permettent d’acquérir lentement et sûrement des progrès dans la voie de la connaissance vraie qui conduit à la libération définitive de notre condition humaine, au Nirvana, en un mot.


Sur le plan de l’application pratique, l’idéal serait de pouvoir les mettre en oeuvre toutes les trois l’une après l’autre, quand on dispose du temps nécessaire. Mais selon les circonstances et compte tenu également de l’âge et de l’état de santé de chaque sujet, chacun de nous peut adopter la pratique qui lui paraît la plus adéquate, pourvu qu’il y consacre toute la ferveur et la détermination qui l’anime.


www.linhsonphapquoc.org


avec metta


gigi




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