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Des moines bouddhistes et des représentants musulmans appellent les autorités à poster des forces de sécurité devant les pagodes et les mosquées

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Le 10 septembre dernier à Rangoun, des moines bouddhistes et des représentants de la communauté musulmane de Birmanie ont signé un « accord » visant à prévenir de nouvelles violences interreligieuses entre les deux communautés, …

… comme celles qui ont eu lieu de manière sporadique ces derniers quinze mois en différentes régions du pays.

L’accord en question se veut informel, aux dires de ses signataires, mais il vise à empêcher de nouvelles violences entre la minorité musulmane et la majorité bouddhiste de la population de Birmanie. Il a ainsi été proposé d’établir des lignes de communication directe entre les responsables bouddhistes et musulmans au plan national. Il a aussi été demandé aux autorités gouvernementales de poster des forces de sécurité devant les pagodes et les mosquées de manière à empêcher tout éventuel incident de dégénérer en émeutes meurtrières. L’accord a été signé à la pagode Kaythayama de Eastern Dagon, l’une des villes nouvelles érigées en périphérie de Rangoun à la toute fin des années 1980 par la junte militaire alors au pouvoir.

Au-delà de l’aspect inédit d’un tel accord, signé par des moines bouddhistes alors même que les enquêtes de terrain menées ces derniers mois en Birmanie indiquent toutes que le sentiment antimusulman, prégnant dans la population, est largement partagé dans les rangs du clergé bouddhiste, il est frappant de constater que, parmi les signataires bouddhistes, se trouve l’une des personnalités-phare du mouvement antimusulman de ces derniers mois, à savoir le moine Wirathu. Célèbre pour avoir fait la couverture de l’hebdomadaire américain Time, en juillet dernier, sous le titre « The Face of Buddhist Terror », le moine Wirathu ne fait pas mystère de sa volonté de protéger l’identité birmane, associée au bouddhisme, d’une supposée volonté de conquête musulmane venue du sous-continent indien, du Bangladesh voisin en particulier. Ce 10 septembre toutefois, il a déclaré à la presse que les violences de ces derniers mois « avaient de nombreuses causes » et qu’il « fallait trouver des solutions pour y mettre fin ». « Si nous mettons en œuvre ces solutions (…), notre pays pourra connaître une paix durable. C’est la raison pour laquelle je suis ici aujourd’hui afin de signer un accord favorisant la paix », a-t-il précisé devant les caméras, ajoutant que l’accord du 10 septembre avait été préparé à l’occasion de deux rencontres en juin dernier avec des musulmans.

Du côté musulman, un seul représentant d’une communauté pourtant diverse était présent dans la pagode Kaythayama pour signer l’accord. Diamond Shew Kyi, qui s’est présenté comme « un militant agissant au nom de la communauté musulmane de Birmanie », a déclaré qu’il était important d’empêcher l’extrémisme de se développer parmi les religions. « Comme le moine l’a souligné, nous avons des extrémistes de part et d’autre. Nous devons les empêcher d’agir autant que faire se peut, de manière à construire la paix entre nos deux communautés », a-t-il précisé. Propriétaire d’un magasin de pierres précieuses à Mandalay, Diamond Shew Kyi est membre du Peace and Friendship Network, une ONG locale.

L’accord du 10 septembre, sans même interroger la représentativité de ses signataires, interroge les observateurs à plusieurs titres. Il intervient dans un contexte où les tensions entre musulmans et bouddhistes semblent toujours aussi vives. Après les violences meurtrières (près de 200 morts et 140 000 déplacés) qui ont endeuillé l’Arakan et visé la communauté musulmane Rohingya en 2012, cette année 2013 a été marquée par des flambées de violence en diverses régions du pays, les dernières en date s’étant produites le mois dernier dans la Division Sagaing, au centre du pays (sur une rumeur faisant état d’une agression sexuelle par un musulman sur une bouddhiste, une foule en colère a pris d’assaut un quartier musulman et incendié une cinquantaine d’habitations appartenant à des musulmans). Depuis janvier 2013, plus de quarante personnes ont trouvé la mort dans ces violences, parfois brûlées vives, et les victimes sont dans leur très grande majorité des musulmans.


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