Isabelle Ducas
La Presse
(Katmandou) Le quotidien des Népalais est imprégné de traditions et de ferveur religieuse. Chaque demeure possède son petit autel, chaque rue son alcôve abritant l’effigie d’un dieu, chaque quartier ses temples. Les coutumes religieuses semblent inchangées depuis la nuit des temps. Et le mélange des rites hindouistes et bouddhiques, qui se côtoient et se fondent, teinte le paysage de façon unique. Balade à Katmandou.
Dans l’aube naissante, les ruelles de Katmandou s’éveillent lentement. Contournant les vaches sacrées qui fouillent dans les ordures, les Népalais hindouistes se rendent au temple pour le rituel de la puja avec leurs offrandes: encens, fleurs, fruits, poudre de santal. Devant une statue représentant l’un des quelque 30 000 dieux de leur panthéon, ils se prosternent, allument de l’encens, lancent des grains de riz, sonnent des cloches et étendent de la poudre écarlate, qui leur servira aussi à se marquer le front d’un point rouge indiquant qu’ils ont accompli leur prière.
Un coin de rue plus loin, des bouddhistes marchent dans le sens des aiguilles d’une montre autour d’un petit stupa, surveillés par les yeux géants de Bouddha. En murmurant leur mantra sacré, certains tournent le moulin à prières qu’ils ont à la main, d’autres égrènent entre leurs doigts les billes de leur chapelet. Ils répandent aussi leur mantra en actionnant les roues de prières en bronze fixées au mur du stupa. Des fidèles allument des lampions au beurre devant des petits autels honorant les divinités.
Dans les rues, on croise aussi des hommes d’affaires en veston, mallette à la main, qui se rendent au travail avec leur tika au front. Des femmes qui vendent leurs légumes au marché en égrenant machinalement leur chapelet. Des commerçants qui font brûler de l’encens devant une statuette à l’entrée de leur magasin. Et qui, plusieurs fois par jour, vont faire une rapide offrande à une idole cachée non loin dans une niche ou dans un trou à même le sol.
Certes, le voyageur qui débarque pour la première fois à Katmandou risque d’avoir un choc. La ville est polluée et poussiéreuse, des tas de déchets nauséabonds jonchent les rues, la circulation est anarchique, les maisons sont délabrées, les pannes d’électricité sont quotidiennes et de nombreux Népalais vivent dans la misère.
Malgré tout, la magie opère! Katmandou grouille de vie, de couleurs et de sourires. Bien sûr, les odeurs d’égouts sont désagréables, mais elles sont vite masquées par des effluves d’encens. Oui, le bruit des klaxons nous agresse, mais on est charmé par les chants qui résonnent aux moments les plus inattendus. On maudit les motos qui foncent sur nous dans les ruelles encombrées, mais on s’amuse comme des fous pendant une balade en rickshaw. On se demande comment les maisons vétustes tiennent debout, mais on admire leurs frontons de bois sculptés.
Les artisans newars, les premiers habitants de la vallée de Katmandou, sont d’admirables bâtisseurs, sculpteurs et fondeurs de bronze, qui transmettent leur savoir de génération en génération. L’art a trouvé sa place dans les moindres recoins, ce qui donne l’impression de déambuler dans un musée à ciel ouvert, où les oeuvres sont des lieux de vie.
Pour plusieurs touristes, Katmandou est une étape vers les sommets de l’Himalaya, dont on aperçoit les pics enneigés par temps clair. Mais le pays attire aussi de plus en plus d’Occidentaux en quête spirituelle, qui s’offrent une retraite, un cours de yoga ou un stage de méditation dans un monastère. Même si ce n’est pas votre but, vous pourrez vous imprégner de l’aura mystique de l’endroit juste en vous baladant dans les rues.
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