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Qianfoshan, la montagne des mille Bouddhas

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Le bouddha Maitreya est la plus grande statue de tout le nord de la Chine
Le bouddha Maitreya est la plus grande statue de tout le nord de la Chine
L’Extrême Orient fascine souvent les Occidentaux pour l’exotisme de sa culture et de ses pensées, comme le Bouddhisme. Né en Inde, ce courant s’est brillamment exporté en Chine. Qianfoshan, dans la ville de Jinan, est un exemple de la ferveur suscitée dans l’Empire du milieu par l’enseignement du Bouddha. Découverte…

La Montagne des mille Bouddhas

(千佛山Qiān Fó Shān)

On dit souvent que la pensée chinoise est marquée par les «Trois enseignements». Deux pensées «autochtones», le Confucianisme légué par Confucius et le Taoïsme attribué à Lao Zi, ainsi qu’une pensée «étrangère», le Bouddhisme, importé aux VIe siècle de notre ère par le moine Boddhidharma, celui-là même qui est à l’origine du mythe de Shaolin.

Au contact des religions et philosophies déjà en place en Chine, le Bouddhisme Chan (le Zen au Japon), a pris une forme typiquement chinoise : un ensemble de croyances accaparées par le peuple, lequel n’a pas hésité à les combiner avec les idées du Taoïsme. La montagne Qianfoshan, à Jinan, est l’une des plus belles expressions de cette «Voie de l’Eveil» réinterprétée par la civilisation chinoise.

Les 1000 Bouddhas de Jinan

Excellente idée de visite touristique, Qianfoshan est située à 2,5 kilomètres au sud du centre ville de Jinan, capitale de la province du Shandong. Pour rappel, celle-ci compte 90 millions d’âmes et est considérée comme l’un des berceaux de la civilisation chinoise. C’est d’ailleurs là, plus précisément à Qufu, qu’est né le sage Confucius.

La montagne de Qianfoshan, ou plutôt colline si on considère sa hauteur (285 mètres), est aujourd’hui l’un des principaux points touristiques de la ville de Jinan pour avoir été un lieu d’expression de l’engouement pour le Bouddhisme qu’a connu la Chine au VIe siècle de notre ère.

Initialement appelée Lishan, Qianfoshan -qui signifie «Montagne des mille Bouddhas»- s’est transformée sous la dynastie Sui (581-618 après JC), plus précisément sous l’ère dite Kuai Huang (581-600).

Il s’agit d’une période de développement soutenu du Bouddhisme en Chine (jusqu’au VI e siècle). A cette époque, de nombreux temples, statues et monastères ont été érigés par la très active communauté bouddhiste dans tout l’empire.

A Jinan, le nom de la montagne Li Shan est devenu Qianfoshan, en référence à un temple construit au pied de la colline qui s’appelait Qianfo Shi, le temple des mille Bouddhas. Le nom Li Shan a néanmoins été gardé pour le nom de la plus importante route menant à l’endroit : La Route de Lishan

A la même période, de nombreuses statues et figures bouddhiques (visages de Bouddhas ou Bouddhas entier) ont été taillées à même la roche de la montagne ou sur des supports indépendants.

Qianfoshan aujourd’hui

Depuis 1959, Qianfoshan a officiellement été réorganisée sous forme de parc sur 166 hectares. Révolution culturelle oblige, de nombreuses statues et reliques de Qianfoshan n’ont pas survécu jusqu’à nos jours. Bien sûr, certaines ont été reconstruites ou remplacées à partir de 1979, mais force est de constater que le lieu n’a pu échapper intégralement aux tourments de l’histoire nationale récente.

Au-delà de ses trésors bouddhistes, la Montagne des mille Bouddhas est également un véritable paradis pour les amoureux de la nature : une faune et une flore exceptionnelles font du lieu un terrain d’étude privilégié pour les zoologistes et botanistes de Chine et de l’étranger. D’ailleurs, sur son flanc ouest se trouve le Jardin Botanique de Jinan.

On trouve également le Musée provincial du Shandong au nord-est de la colline et le Cimetière des héros de la Révolution Xinhai, ou Révolution chinoise de 1911 à proximité. Le lieu est aujourd’hui accessible aussi bien par bus qu’à pied, et il est devenu un haut lieu du tourisme national chinois.

Il faut dire que ses atouts son nombreux : au-delà de ses magnifiques statues et de sa richesse naturelle, le site offre même, à ses plus hauts sommets, de sublimes panoramas de la ville de Jinan.

Les principaux temples de Qianfoshan aujourd’hui

A ne pas confondre avec la Colline des mille Bouddhas, qui se situe à une vingtaine de kilomètres de Jinan, Qianfoshan regorge de trésors de l’art bouddhique chinois. Nous vous proposons ci-dessous une liste non-exhaustive et subjective.

Le temple Xingguo Chan : le temple bouddhiste (Chan) de développement national (Xingguo) est la nouvelle version, également rebaptisée, du Temple des mille Bouddhas, qui jadis donna son nom à l’ensemble du lieu. Il a été bâti sous le règne de l’empereur Taizhong, deuxième souverain de la dynastie Tang (618-907). Version agrandie du temple initial fondé sous la dynastie Sui, il a subi la marque de l’histoire : au fil des changements dynastiques et des guerres, il a été détruit et reconstruit, notamment en 1468 sous les Ming (1368-1644).

Le parc du Bouddha Matreya : il s’agit de l’une des constructions les plus récentes (construit en 2000) et grandioses de Qianfoshan. Le parc s’étend sur 25 000 mètres carrés et y trône la plus large statue de bouddha de tout le nord du pays (20 mètres de haut, 30 de diamètres).

La divinité honorée, Maitreya (nom sanskrit), s’appelle Mílèfó 彌勒佛 ou Mílè púsà 彌勒菩薩 en chinois mandarin. Il n’est autre que le Bouddha de la prochaine ère, qui doit prendre la succession du Bouddha Shakyamuni (Siddharta Gautama), à l’origine de la religion bouddhiste au sein de l’humanité. Ce dernier avait d’ailleurs prophétisé l’arrivé de Maitreya dans le Sutra du Lotus, avant de quitter le monde des hommes pour le Nirvana (le Paradis bouddhiste).

Certains courants ésotériques voient Maitreya comme le Messie universel que la plupart des religions monothéistes attendent : c’est lui qui devra, selon les croyances, rétablir l’harmonie et la paix entre les hommes.

La figure chinoise de ce Bouddha est radicalement différente de celle née en Inde : à l’image de sa statue à Qianfoshan, il s’agit d’un moine bien portant, chauve et souriant qui est censé avoir grandi dans la caste Brahmane (le Bouddha Shakyamuni était issu de la caste militaire). Son apparence représente la prospérité et le bonheur pour les Chinois, si bien que pour les non croyants bouddhistes, il est devenu une divinité de la fortune et de l’abondance.

Le Bouddha dormant : construit en 1996, il s’agit de l’une des plus belles pièces de la collection de Qianfoshan. Représenté avec un swatiska sur la poitrine, ce Bouddha allongé a été taillé dans un bloc de granite et mesure près de 10 mètres de longueur pour un poids de 50 tonnes.

Wanfo Dong, la caverne de la myriade de Bouddhas : étendue sur 500 mètres de longueur de caves artificielles, Wanfo Dong offre à la vue une multitude de statues bouddhistes creusées à même la roche. Il y aurait environ 28 000 images bouddhistes dans la caverne, dont la plus grande est un Bouddha allongé de 28 mètres de long. Les oeuvres dateraient de la dynastie des Wei du nord (386-535) jusqu’aux Tang et aux Song (960-1279).

Guan Yin, «celle qui considère tous les appels»
Guan Yin, «celle qui considère tous les appels»
Le temple de Guan Yin : il s’agit d’un autre passage obligatoire lorsque l’on se rend à Qianfoshan. Ce sanctuaire est dédiée à Guan Yin ( 觀音 Guānyīn), l’une des divinités les plus populaires de Chine. Cette déesse correspond au Bodhisattva indien Avalokitesvara, une personnalité masculine à l’origine, qui a été féminisée au Japon et en Chine (sous la dynastie Song) par les croyances populaires.

Très appréciée dans le Bouddhisme courant Mahayana (Grand Véhicule), Guan Yin est selon son nom «celle qui considère tous les appels». A titre d’exemple, les femmes souhaitant enfanter lui demandent son aide. On peut sans exagérer la présenter comme l’équivalent pour les Chinois de la Vierge Marie aux yeux des Chrétiens. Son culte ne se limite pas aux Bouddhistes : le Taoïsme la reconnaît comme Immortelle, au même titre que Lao Zi.

Dans le Bouddhisme tibétain et le courant Vajrayana, elle est présenté comme l’incarnation de la compassion. Le titre même selon lequel se présente le Dalaï-lama aujourd’hui (Bouddha de la Compassion).


Nicolas Jucha

Source : www.radio86.fr




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