Accueil Espace Bouddhiste Société “Méditer, c’est combattre ce qui nous rend inhumains”

“Méditer, c’est combattre ce qui nous rend inhumains”

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Philosophe, Fabrice Midal est l’un des plus fins interprètes de la méditation bouddhiste, qu’il enseigne hors des sentiers battus. Explications.
Une méthode cosmopolite

Photo DR / Extrait de la vidéo Youtube « Qu'est-ce que la méditation ? »
Photo DR / Extrait de la vidéo Youtube « Qu’est-ce que la méditation ? »

« Le premier obstacle qui aujourd’hui empêche une juste pratique de la méditation, c’est sans doute de continuer à la concevoir comme une pratique orientale. Il faudrait respecter un décorum, être zen, voire manger des sushis et s’habiller en kimono pour bien méditer. Rien n’est moins exact. La méditation bouddhiste est née en Inde, elle s’est ancrée ensuite au Tibet puis au Japon : or ce sont là trois pays très différents ! La méditation est dès le début une pratique universelle que n’importe quelle culture peut s’approprier. C’est ce qu’ont très bien compris les pionniers du bouddhisme américain, tels Jon Kabat-Zinn – promoteur de la méditation en pleine conscience –, Jack Kornfield ou Sharon Salzberg. Eux ont su enseigner la méditation dans sa rigueur et sa simplicité. Et c’est ce mouvement que je travaille à promouvoir en France. Voilà pourquoi j’ai appelé l’école que j’anime “école occidentale de méditation”, et j’enseigne en veste et chemise. »

Retrouvailles avec le présent

« L’essentiel de la méditation consiste à développer un sens d’attention ouverte au moment présent. Elle nous permet, par contraste, de prendre conscience des modes d’inattention primordiale qui sont les nôtres. Nous vivons en pilotage automatique, en accordant peu d’attention à ce que nous faisons – par exemple, lorsque l’on déjeune sans se rendre compte de ce que l’on a mangé. Du coup, on a le sentiment d’être perdu, de flotter, de ne pas vraiment saisir ce qui se passe. Or, contrairement à ce qu’on pourrait croire, la méditation n’est pas une activité mentale. Elle est du côté de l’incarnation : à travers le souffle, elle permet une inscription corporelle de l’esprit. Enfin, on vit souvent sous la pression du quotidien dans un état de stress permanent. Cela passe notamment par un ressassement de nos soucis. Nous sommes victimes d’une croyance qui consiste à se dire : plus je vais penser à un problème, plus j’ai de chances de trouver une solution. Mais les psychologues, eux, comprennent qu’au contraire plus nous ressassons, plus notre situation se dégrade : nos pensées obsessionnelles nous empêchent d’avoir une relation simple et directe à la situation. Méditer, ce n’est donc pas la même chose que se promener dans la nature. Il ne s’agit pas seulement de jouir du présent, mais de travailler de manière extrêmement précise avec ce qui empêche notre rapport au présent. C’est un courageux travail de désobstruction. »


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