Paix intérieure, paix universelle
Par Sa Sainteté le Dalaï Lama
Bercy, 11 -12 Octobre 2003
Traduit en Français par Lama Matthieu RICARD
Transcrit par Thích Nữ Linh Niệm
Hier et aujourd’hui, ce sont deux jours de vacances, de repos et donc vous tous, mes amis, frères et soeurs, vous êtes tous venus nous rejoindre, je vous souhaite donc la bienvenue.
Donc le sujet de notre conversation aujourd’hui c’est bien celui de la paix. Vous êtes très nombreux, vous êtes certainement venus pour des raisons et des motivations différentes. Certainement un certain nombre d’entre vous sont venus par simple curiosité, d’autres s’imaginent que le Dalaï-Lama va dire des choses très spéciales, extraordinaires qui sortent des choses qu’on entend habituellement, d’autres sont des amis, des gens avec lesquels nous nous sommes déjà rencontrés, qui viennent partager ces quelques paroles en amis.
Ceux qui sont venus par curiosité, vous êtes, bien sûr, les bienvenus, voyez si ce que je vais dire a un sens, si cela vous apporte quelque chose. Ceux qui sont venus en s’imaginant que je vais dire quelque chose de très spéciale, tout à fait nouvelles, je crains que vous soyez déçus. Je n’ai rien à inventer. Je n’ai rien d’extraordinaire à dire. Ceux qui sont déjà venus écouter les conférences ou des propos que j’ai tenus en public, peut-être, allez-vous remarquer qu’il y a déjà des choses que j’ai déjà dites dans le passé donc si pour vous, c’est une répétition, vous pouvez vous boucher les oreilles à ce moment-là pour vous épargner les répétitions.
Donc, à ces moments-là, vous pouvez regarder autour de vous. Il y a plein de choses à voir, des gens qui sont habillés de différentes façons, qui ont des expressions de toutes sortes. Il y a plein de choses à regarder au lieu d’écouter ce que je dis. Surtout et aussi, il y en a certains d’entre vous qui vont peut-être s’endormir, faire la sieste. C’est toujours amusant de voir comment ils tombent petit à petit en hochant la tête. Vous verrez peut-être même ça sur l’écran aussi. Et ça arrive aussi je vois il y a des gens qui baillent pendant que je parle. C’est une chose à observer et donc que vous pouvez compter combien de fois ils baillent.
Vous êtes venus un dimanche après-midi, peut-être, vous êtes venus comme une promenade, peut-être, vous vous êtes venus par intérêt, pour les propos, mais réfléchissez à ce qui vous a poussé à venir. Que ce soit pour vous promener ou pour écouter quelque chose l’idée, bien sûr, d’entreprendre même cette promenade ou cette écoute n’est-ce-pas que nous recherchons. Vous recherchez au travers cette démarche quelque chose, une certaine forme de bien-être, de satisfaction. Personne ne cherche le contraire. Que ce soit les êtres humains, les êtres vivants, les animaux, chaque être a au fond de sa conscience cette aspiration, cette tendance en se disant : puisse-je trouver quelque confort, quelque satisfaction, quelque plénitude. On ne peut s’empêcher d’aspirer à plus de bien être. Je pense également que ce n’est pas seulement une aspiration que nous avons tous en commun celle d’aller vers un mieux être mais du fait que cette aspiration est partagée par tous les êtres sensibles, par tous les êtres vivants. C’est aussi un droit que nous avons tous, un droit au bien-être de façon égale, et je dis assez souvent que le bien-être ou le sentiment de plénitude, de satisfaction profonde, est pour moi, le but de l’existence. En effet, si on réfléchit lorsque l’on se trouve confronté à des souffrances extrêmement puissantes, des souffrances telles qu’on n’en voit pas l’issue que ce soit une maladie très grave, ou des souffrances mentales dont on ne voit pas la solution venir. On sait que ce n’est pas une condition dans laquelle souvent on a envie de continuer à vivre. Certains vont même perdre la vie volontairement.
Dans d’autres cas, la vie s’en trouvera écourtée car vivre constamment dans la souffrance est aussi quelque chose qui finit par dégénérer, qui sera répercutée sur notre santé et sur notre corps. On sait également que les personnes qui ont plus le goût de vivre généralement, cela est démontré par les études psychologiques sociales, ont tendance à vivre plus longtemps. Ils semblent donc avoir trouvé en eux un certain élément de sérénité, de paix intérieure, de goût de vivre. C’est quelque chose qui est plus en harmonie avec le fonctionnement de notre corps et bien sûr, avec celui de notre esprit.
Qu’est-ce l’on peut, qu’est-ce cela veut dire finalement la paix ? Peut-on, est-ce que se limiter aux êtres animés, à la vie ? Peut-on parler d’une paix par exemple, pour l’environnement, pour les forêts, pour les fleurs. Peut-être, d’un certain point de vue, on peut se dire que la paix pour la nature c’est de suivre son cours. C’est-à-dire que les plantes poussent, restent un certain moment puis se flétrissent et dans la mesure où elles peuvent suivre ce cycle c’est une forme de paix par rapport à une dévastation, une calamité qui va venir détruire cette fleur avant qu’elle ne suive son cycle.
Mais, bien sûr, le mot paix s’applique principalement aux êtres animés qui ont de sensations, de joie et de douleur et qui donc, ont une aspiration et aussi naturellement un droit à vivre en paix c’est-à-dire à vivre dans un état où ils ne sont pas constamment l’objet de pression, de violence et de tout autre facteur venant de l’extérieur qui leur est imposés, qui vont leur créer du tourment, de la souffrance physique ou mentale. Donc, le fait que nous aspirions naturellement à une certaine forme de satisfaction, de plénitude, justifie l’aspiration que nous avons aussi à vivre en paix.
Cette paix, donc, ce droit de vivre à l’aise tranquillement, sereinement en suivant nos aspirations, il peut être perturbé par des catastrophes naturelles, des difficultés extérieures mais il est aussi et constamment troublé, perturbé. Cette tendance à la paix est détruite par le résultat de l’intelligence humaine, de l’utilisation de l’homme de son intelligence pour nuire à autrui et c’est ce qui se traduit par des conflits. La façon dont fonctionnent nos esprits, nous fait en sorte que nous nous trouvons confronté à des points de vue différents, et que souvent on essaie d’imposer par la force, par la violence, par la destruction ces points de vue.
Donc la destruction de la paix c’est une fabrication de l’esprit de l’homme. Et dans ce sens, c’est aussi a l’esprit humain de trouver les remèdes à cela. Rechercher la paix c’est donc rechercher les causes, et remédier aux causes qui font que nos esprits créent toutes ces souffrances et les imposent à autrui et éviter qu’elles nous soient également imposées à nous-mêmes. Si l’on regarde l’histoire du siècle qui vient de se terminer, le 20è siècle, on voit à quel point, il a été marqué par tant de guerres, de conflits qui ont pris des proportions jamais vues. Certes, il y a toujours eu des guerres, des conflits, des batailles mais jamais à ce point, à jamais il n’y a eu tant de destructions, tant de souffrances, tant de morts. Et c’est, sans doute, aussi pour ça que dans la deuxième partie du 20è siècle, on a vu se développer avec tant de forces des mouvements pour la paix, une réflexion sur la façon de favoriser la paix pour le futur.
Lorsque je regarde des images ou des récits, j’entends parler des deux premières guerres mondiales. Il est vrai qu’on entend dire que lorsque des pays voisins sont entrés en guerre comme la France et l’Allemagne, par exemple, eh bien, on voit à la suite au début du conflit que du fait l’animosité croissante entre ces deux pays, des citoyens, on voit qu’ils vont rejoindre les forces armées avec non seulement détermination mais presque avec enthousiasme, avec une joie d’entrer dans la guerre pour défendre leur pays ou attaquer ou repousser l’agresseur. On voit, on lit des récits et on voit sur les visages dans les documentaires de cette espèce de joie, de force, de détermination et d’enthousiasme pour aller servir dans les forces armées.
Et plus tard, lorsqu’on voit des images, des conflits de la deuxième moitié du 20è siècle, on ne sent plus du tout cette même atmosphère. On a l’impression que lorsqu’on dit aux gens qu’ils sont mobilisés, qu’ils doivent servir pour aller faire la guerre que, il y a visiblement plus du tout le même enthousiasme. Au contraire une sorte de désespoir, de gens qui se disent : N’y-aura-t-il un autre moyen que d’aller faire la guerre, ce n’est certainement pas une chose désirable et beaucoup plus de mouvements contre le début et la continuation de ces guerres de la deuxième moitié du 20è siècle ?
Il y a certainement un changement de mentalité. J’ai observé auprès de l’un de mes amis qui est un grand physicien allemand, Basoker me disait qu’il est maintenant très âgé et il me disait que quand il était jeune lorsqu’il rencontrait ou qu’il parlait à un Français, il avait tout de suite un sentiment de mal à l’aise, quelque chose un sentiment d’inimitié mais que plus tard bien sûr tout cela avait totalement changé et que maintenant tout cela il n’avait plus la moindre de trace de ce sentiment qu’il avait eu lorsqu’il était jeune.
Et sans doute, cela était dû à une meilleure connaissance entre les peuples. Les gens maintenant pour des raisons d’économie, de tourisme, politique, voyagent beaucoup plus, connaissent l’information. Ils connaissent beaucoup mieux les modes de vie et ce qui se passe dans les autres pays donc il y a une sorte de rétrécissement, de rapprochement entre les pays du globe et donc cela contribue à diminuer malgré tout, cette notion d’ennemi, d’états totalement séparés du nôtre, d’êtres humains qui sont totalement différents de ce que nous sommes et cela, bien sûr, est un facteur qui s’il continue à se développer, favorise cette notion de bonne entente, de paix.
Egalement, des limitations entre pays qui étaient si marqués auparavant, ont tendance maintenant à s’effacer dans bien des cas, Exemple de l’Union Européenne. Certes c’est une Union qui a été demandée par les nécessités économiques initialement malgré tout cette notion de séparation absolue entre Nations et toutes ces pensées nationalistes ne peuvent que peu à peu s’évanouir au fur et à mesure que ce genre d’association comme l’Union Européenne devient de plus en plus forte et généralisée. On peut aussi voir comment les peuples du monde réagissent à la suite de l’invasion de l’Irak et de la guerre en Irak et comment des millions de personnes spontanément bien que cela ne concernait pas directement pour la plupart des cas de leur propre pays ont manisfesté dans les rues pour la paix. Et contrairement à une sorte d’atmosphère belliqueuse qui peut-être, a prévalu précédemment même si maintenant les gens ne savent pas tout, tout le monde n’est pas bien informé sur les raisons qui ont déclenché tel ou tel conflit, telle ou telle guerre mais en général dès qu’on prononce le mot de guerre au lieu de susciter de l’enthousiasme, il suscite plutôt un sentiment de répulsion quelque chose dont on voudrait, on souhaiterait se passer. Et dans bien des cas, certains peuples qui étaient opprimés par des dictatures ou des systèmes totalitaires comme aux Philippines, de l‘ancienne Union Soviétique c’est par la population, le désir de la population non seulement de s’émanciper de ce régime totalitaire mais aussi par un mouvement populaire qui va vers plus de paix que ces changements ont pu être produits, c’est à cause du soutien de l’ensemble de la population vers une situation plus pacifique que par exemple le cas des Philippines, la démocratie a pu être établie.
Dans le même sens, la réduction des armements nucléaires que mêmes les pays qui possèdent l’arme atomique que réduisent le nombre de ses armes tout cela bien sûr est une direction qui est appréciable. Donc je crois que l’on observe quand même de plus en plus dans le monde une forme de profonde lassitude à l’égard de la violence, des conflits, des guerres, une sorte de dégoût, de se dire il faut d’une façon ou d’une autre que l’on réduise de cela au lieu de l’encourager comme cela pouvait être le cas précédemment, d’essayer de mettre un terme, trouver un moyen afin de réduire la violence et les guerres.
Nous sommes maintenant du 21è siècle. Donc ce qui importe à ce point, c’est vraiment de tirer les enseignements, des grandes destructions du 20è siècle et de se dire qu’allons-nous faire à partir de maintenant. Personnllement vu mon âge, je suis un homme du 20è siècle. Vous, certains d’entre vous qui sont présents, qui sont présents ici, qui êtes des adolescents 10, 12 ans un peu plus. Vous êtes les êtres humains du 21è siècle, nous, les hommes du 20è siècle, allons bientôt vous dire au revoir. Cela souligne l’importance de vous, les jeunes. Bien sûr, l’avenir est imprévisible, on ne peut pas dire voilà, cela va se produire de telle façon, dans tel ordre. Néanmoins le futur c’est quelque chose qui est ouvert à toutes les possibilités. Le passé, on ne peut revenir ce qui est fait est fait. Le futur, au moins une partie de ce futur, est entre nos mains.
Il est donc nécessaire que nous ayons une vision à propos de ce futur. Par exemple, ce qui concerne les événements du 11 Septembre qui se sont produits à New-York et à Washington c’est presque quelque chose d’impossible à croire, que cela puisse se produire de la sorte. Et pourtant c’est bien un produit de l’intelligence humaine d’avoir pensé à utiliser des avions de ligne qui allaient loin qui étaient dont les réservoirs étaient remplis de carburant, et de les utiliser comme des bombes vivantes enflammées pour détruire et tuer d’autres êtres humains. Cet acte à peine concevable, il a demandé des mois de préparation, de réflexion, d’intelligence. L’intelligence était là bien sûr. Donc, il y a deux choses qui étaient nécessaires à cela : la technologie et l’intelligence humaine. Sans ces moyens modernes, ces avions, bien sûr, cela ne serait pas produit mais sans aussi les facultés de raisonnement, les facultés de planifier, de penser au moindre détail, cette intelligence aussi à servir et à accomplir cette destruction. Il y a aussi un élément de détermination farouche, de personnes qui ont dit : « je vais jusqu’au bout de mes plans, je vais faire tout ce qu’il faut, à tout prix pour réaliser cela. Cet acte de destruction, il demande non seulement de l’intelligence mais aussi il a demandé une certaine forme de détermination, de courage des personnes qui étaient prêtes à tout et ne reculaient devant rien. Généralement, le progrès technologique, l’intelligence, la détermination, on les considère a priori comme des qualités – oui, mais derrière cela il y avait une motivation, une intention.
Cette intention, c’était un profond ressentiment, la haine et cette motivation, à elle seule, a suffi pour utiliser le progrès technologique, pour utiliser l’intelligence humaine, pour utiliser la détermination à des fins de destruction et de souffrance. Donc, il a suffi que derrière ces outils, ces qualités, que sont l’intelligence, la détermination, il a l’intention extrêmement destructive, extrêmement nocive pour que cette calamnité se produise.
Maintenant comment contrecarrer de telles attitudes, de telles façons d’être, de telles actions destructrices. On peut, bien sûr, utiliser des moyens de contrôle, essayer de combattre le terroriste, d’essayer d’arrêter quelques individus, de neutraliser quelques groupes qui s’engagent dans des actes de terrorisme mais on voit bien que malgré qu’on fasse çà ici et là qu’on essaie de le généraliser, ce sont quand même des solutions tout à fait temporaires presque superficielles car en fait c’est essayer simplement de contrôler des activités d’un certain nombre d’individus. Alors contrôler les activités des individus c’est quand même très différent d’essayer de changer la mentalité, les intentions, les esprits des gens. Contrôler, il y a donc deux façons de changer ou de contrôler les êtres, c’est soit de les contrôler physiquement, soit de changer de leur esprit. Contrôler physiquement, çà peut faire aussi des animaux. On peut domestiquer un éléphant sauvage, un cheval, des tigres. Pour l’être humain, c’est beaucoup plus facile d’ailleurs parce que- bon- ils ne sont plus costauds que les éléphants, aussi féroces que les tigres physiquement, donc il suffit parfois, peut-être, de les pousser avec un bâton, de piquer avec une aiguille, de leur donner avec quelques tapes c’est plus facile de contrôler un être humain qu’un éléphant, c’est évident.
Mais en ce qui concerne le changement de notre état d’esprit c’est beaucoup plus difficile dans le cas des êtres humains notamment si en eux-mêmes, ils ont une haine féroce et une détermination extrême à nuire alors à ce moment-là presque rien ne les arrêtera et il sera presque impossible d’imaginer qu’on pourra les contrôler uniquement, physiquement. De la même façon, lorsque l’on parle de désarmement, il y a, bien sûr, un désarmement extérieur mais aussi, je parle d’un désarmement intérieur. Le désarmement extérieur, il est essentiel, important, peut-être, difficile mais finalement celui qui est à la source de toute chose c’est le désarmement intérieur, c’est lui qui a la source de tous les problèmes, de toutes solutions c’est lui auquel nous devons accorder toute notre attention.
Donc le désarmement extérieur pourqu’il soit possible il faut qu’il y commence, qu’il y vienne de cette notion de désarmement intérieur. Il y a dix quize ans j’ai rencontré un diplomate avec qui je me suis entretenu, qui faisait partie des différentes commissions de désarmement et de réduction de désarmements nucléaires. Et il disait aussi : « S’il n’y a pas une vraie profonde volonté politique qui vient du cœur et de l’esprit des hommes, eh bien, le désarmement c’est presque sans espoir. » Le désarmement extérieur, il est bien sûr essentiel et nous devons à tout prix l’inclure dans cette vision du futur dont je vous parlais, peu à peu garder présent de l’esprit, cette vision à long terme qui est celle d’un monde qui serait démilitarisé, dont tous les armements disparaîtraient. Cela bien sûr est quelque chose qui doit faire partie de nos objectifs et de nos visions à long terme.
Donc il est certain qu’il faut un plan pour faire cela. Il faut envisager une progression, commencer par les armes les plus dévastrices, commencer par éléminer toutes les armes nucléaires, biologiques, chimiques et puis dans une deuxième étape, éliminer toutes les armes offensives, et ainsi peu à peu en arriver graduellement à un désarmement global. Pour cela, il est essentiel aussi que le commerce des armes des pays qui fabriquent, qui les vendent de par le monde il est essentiel que peu à peu ils soient contrôlés, réduits et disparaissent. La France n’est-elle pas un grand producteur et un grand marchand d’armes dans le monde ? N’est-ce pas triste de penser que beaucoup d’êtres humains meurent en ce moment dans le monde avec des armes qui ont été fabriquées ici dans notre pays ? Donc pour çà il faut développer une forme de détermination, une volonté il faut que nous exprimions et engendrions cette volonté. Donc là on en vient à cette notion de désarmement intérieur. C’est pour ça que donc ce que nous parlions c’est réaliser la paix extérieure au travers par la paix intérieure.
Quelles sont les fondations de cette paix intérieure, de désarmement intérieur ? C’est certainement le potentiel que nous avons pour développer et exprimer la tendresse, l’affection, l’amour altruiste, la compassion. Ce potentiel nous l’avons mais ce qui compte ici, c’est tout d’abord de le reconnaître, d’éprouver de l’intérêt pour son développement et de faire tout ce qu’il faut finalement pour qu’il fleurisse, pourqu’il s’épanouisse, pour qu’il prenne de plus en plus d’importance en nous-mêmes. Lorsque je dis çà il ne s’agit pas de méditation, il ne s’agit d’une pratique religieuse, il ne s’agit pas d’une croyance, c’est quelque chose qui doit être un fait d’expérience. Il s’agit de comprendre, de reconnaître par la réflexion en regardant notre propre expérience de comprendre les bienfaits qui découlent du développement de l’affection mutuelle, de l’amour altruiste, de la compassion, de comprendre les bienfaits qu’ils nous apportent à nous pour notre harmonie personnelle, de comprendre les bienfaits qu’ils apportent à la société. Non seullement de les comprendre mais de mieux les connaître et de les faire connaître c’est-à-dire de promouvoir ces valeurs humaines celle de l’altruisme, de la compassion au sein de l’éducation et c’est donc en fait ce qu’il faut, c’est une prise de conscience, une appréciation, d’apprécier l’altruisme et la compassion à leur juste valeur.
Et au cours de ces dernières années, mes rencontres et une collaboration avec des spécialistes des sciences cognitives montrent à quel point, révèlent l’importance de l’entraînement de l’esprit vers l’altruisme et la compassion. En effet, ces spécialistes des sciences cognitives distinguent dans la partie frontale du cerveau, ils se sont aperçus que les personnes qui avaient le plus de goût de joie de vivre, d’enthousiasme, d’intérêt mais aussi d’altruisme qui étaient plus portées à la compassion, à l’amour des autres plus ouvert aux autres, disons, qu’ils avaient une activité plus forte dans le cortex préfrontal gauche et que par rapport les personnes qui étaient beaucoup plus enfermées sur elles-mêmes, qui avaient le moins goût de vivre de tendance de l’altruisme, avaient une activité plus forte du côté droit.
Et ce qui est intéressant, c’est ce qu’ils ont observé des sujets qui s’étaient entraînés pendant longtemps à développer l’altruisme et la compassion qu’ ils ont vu que cela se traduisait par une activité renforcée considérablement du côté gauche. Cela montre que cette idée de transformation de l’esprit ou d’entraînement de l’esprit, ce n’est pas simplement une sorte d’idée utopique ou théorique mais que cela des répercussions aussi sur le plan de notre physiologie. Personnellement du point de vue politique, je me considère plutôt comme un socialiste donc, mais aussi du point de vue du cerveau, je préfère la gauche. Donc effectivement, ceux qui préfèrent le cerveau droit ils sont plus déprimés, moins altruistes. Et l’importance de la tendresse, de l’affection, d’une présence bienfaisante, on ne saurait trop insister sur son importance au cours de notre développement, de notre vie, ces mêmes scientifiques m’ont parlé d’expériences conduites avec des singes et que des singes, les petits singes qui étaient restés laissés tout le temps auprès de leur mère et qui bénéficiaient de l’attention, la tendresse de leur mère, normalement ils devenaient des petits singes normaux qui aiment à jouer, qui sont relativement paisibles, qui ont un comportement, disons, normal. Et que les petits singes qu’on avait séparés dès la naissance de leur mère très rapidement tout d’abord, ils restent sans jouer, ils n’ont pas cet esprit ludique quand ils sont ainsi privés de la tendresse de leur mère et en plus ils sont beaucoup plus agressifs, anxieux, ils réagissent d’une façon plus brutale et on ne peut attribuer à çà qu’au manque de tendresse, de présence affectueuse.
Sa Sainteté le Dalaï Lama
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