Le Hojo était un des principaux bâtiments du Temple de Tofukuji. Ce temple est certainement le lieu le plus original à Kyoto par l’introduction de ses jardins d’un nouveau style..
Construit en 1235, reconstruit en 1890, le temple est entouré par quatre jardins Zen très particuliers. En effet, en 1939, le fameux jardinier Mirei Shigemori remplaça les jardins Zen construit à l’époque Kamakura par une vision moderne et abstraite faisant de ces jardins un nouvel art moderne liant traditions et modernité.
Quatre jardins entourent le bâtiment du Hojo :
l’un au Nord, l’autre à l’Est, un troisième au Sud et le dernier à l’Ouest.
Quatre jardins, quatre directions pour la pensée,
quatre formes d’expression, quatre merveilles de Mirei Shigemori.
Par ses jardins, la renommée de Shigemori a fait le tour du monde.
LE JARDIN DU NORD
Constitués de pavés carrés, dans un tapis de mousses diverses amoureusement entretenues à la pince à épiler par des jardiniers triés sur le volet, ce damier dense adossé au Hojo s’éparpille et éclate pour se perdre sous les frondaisons proches. La qualité des mousses est essentielle pour mieux révéler la complémentarité entre la pierre et le végétal, entre la structure et l’invisible. Cet échiquier permet à l’oeil de jouer à l’infini avec les perspectives et les absences. Par sa densité du début, ce jardin amène l’esprit à saisir les espaces sans quadrillage. Comme toute logique ou structure qui disparaît dans la diversité de la nature, ce jardin Nord se fond dans l’exubérance des arbres environnants. Une médiation à l’automne alors que les feux rougeoyants des érables brûlent le coeur du poète est semble t-il un remède aux petits maux du quotidien.
LE JARDIN EST
Sept piliers en pierre représentent les principales étoiles de la constellation de la Grande Ourse dans le ciel. Ces piliers proviennent d’une autre partie du temple de Tojukuji. Sept piliers s’appuyant sur une mer de sable aux vagues figées, mais chaque jour refaites. Sept appuis pour construire sa vie, comme le sont les sept merveilles du monde, les sept jours de la semaine… Toujours entourés de mousses, comme les rives d’un continent rassurant, cette mer minérale défie le temps et les saisons. Un jardin minéral dépasse l’éphémère, le vivant. Il s’inscrit dans l’insondable, l’indicible, l’incommensurable, si petit soit-il.
LE JARDIN SUD
Assis sur les marches du Hojo, le méditant peut contempler le monde. Entourés par les Cinq Montagnes Célestes, faites de mousses, quatre groupes de pierres réprésentent les 4 îles « Eiju, Horai, Koryo et Hojo ». Ces îles sont au milieu du jardin de sable « Hakkai » avec ses huit Mers. Ainsi l’Univers sous ses yeux, le méditant vit-il l’éternel mouvement entre chaque élément existant. il suffit de cueillir une fleur pour transformer l’Univers entier, disait le Bouddha. Il suffit dans ce jardin immobile de sentir une brise douce pour changer tout l’équilibre du lieu.
LE JARDIN OUEST
Il est un clin d’oeil au damier de pierres et de mousses du Jardin du Nord. Le damier est devenu arbuste. En effet, des azalées taillées représentent à la fois les pions d’un jeu d’échecs et l’échiquier lui-même. Impossible de séparer l’un et l’autre comme il est impossible de séparer à l’horizon la mer et le ciel. Appuyé contre un mur, le végétal dompté tend à revivre, et le jardinier le ramène à la structure du carré, l’anti-cercle de vie, pour encore plus de beauté. Le monde et l’anti-monde se côtoient.
De Kyoto, Alain Delaporte-Digard pour Buddhachannel
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