Dans son dernier bulletin, l’Organisation météorologique mondiale estime que les émissions de CO2 contribuent pour 63% au réchauffement climatique mondial. D’où les multiples idées cherchant à diminuer ses émissions intolérables pour la planète. L’idée de l’enfouissement n’évitera pas les émissions mais capturera le CO2 afin qu’il ne puisse se propager dans l’atmosphère. La récupération du gaz doit s’effectuer au moment de la combustion pour le comprimer et le renvoyer bien loin sous terre. Les experts estiment le volume sous les continents ou sous les mers à 10 000 milliards de tonnes de CO2, soit suffisamment de place pour stocker la totalité des émissions mondiales durant des siècles.
L’idée paraît donc simple. Le plus compliqué résidant essentiellement dans sa réalisation. Tout d’abord le coût de l’enfouissement est élevé pour les entreprises. Cela s’élève à 60 euros par tonnes de CO2 enfouie. Pour l’instant, cette somme semble rédhibitoire en comparaison des prix des quotas d’émission que les usines peuvent acheter entre 20 et 30 euros la tonne.
Ensuite, un autre doute soulève une problématique du long terme. Actuellement, personne ne peut affirmer être sûr à 100% que les réserves de CO2 ne laisseront pas le gaz s’échapper.
Un coût élevé et encore beaucoup de doutes
La nécessité de trouver des sites idéaux semble ainsi primordiale pour le développement de ce concept. Les sites concernés ne sont pas légions. D’anciens carottages non repérés ou des secousses sismiques pourraient permettre au CO2 de s’échapper, annihilant dans le même temps tous les efforts consentis. Il apparaît donc bien difficile de garantir une fiabilité totale sur plusieurs centaines d’années. Ces deux grands points d’interrogations poussent les experts à n’envisager le développement de cette pratique d’enfouissement du CO2 qu’à partir de 2020.
Seul un site en Allemagne souhaite tenter l’expérience. Après un an de forage, la ville de Ketzin, à 40 km de Berlin, devrait recevoir en son sol près de 60 000 tonnes de CO2 à partir de l’été prochain et pendant deux ans. Günter Borm, professeur au Centre de Recherche de la Terre (GFZ) de Potsdam, présente ainsi le projet : « Nous allons équiper le site de toute une série de capteurs qui nous aideront à vérifier la pérennité d’un tel stockage. Il n’y a rien de dangereux : le site choisi est très stable et le gaz que nous injectons est le même que celui utilisé pour gazéifier la limonade ».
Ce projet co-financé par l’UE, l’Allemagne, la France et plusieurs universités et entreprises européennes coûtera 35 millions d’euros. L’objectif n’est encore qu’expérimental : « vérifier la faisabilité du « stockage géologique » du CO2 » continue Mr Borm.
Pour tout dire, même certains militants écologiques doutent de l’efficacité d’un tel procédé : « On ferait mieux d’affecter les énormes investissements nécessaires à ce stockage au développement des énergies renouvelables. » déclarait ainsi Matthias Seiche, de la Fédération allemande pour l’environnement et la protection de la nature (BUND).
L’enfouissement du CO2 pourrait donc s’avérer utile en complément des développements de différentes énergies renouvelables mais ne paraît pas pouvoir devenir une solution autonome sur le court terme.
Antoine Ginekis pour www.buddhachannel.tv