Bonsoir et bienvenue à Westwerk pour cette soirée avec Philippe Coupey. Philippe est moine zen. Il vit à Paris, mais on a souvent l’occasion de pratiquer avec lui ici en Allemagne, quand il vient diriger des sesshin organisées par les dojos de notre école.
Peut-être juste un mot à propos de notre école : Maître Taisen Deshimaru est venu du Japon en France en 1967. Il s’est installé dans un petit appartement à Paris et a commencé à enseigner le zen. Ce qui lui importait, c’était avant tout de transmettre la pratique de zen ici en Europe.
Il disait que les Européens avaient suffisamment de philosophie et de théorie et que ce qui manquait, c’était une méthode pratique pour réaliser l’éveil. Il a enseigné cette pratique, zazen, à Paris, dans toute la France et plus tard dans toute l’Europe et le monde.
Il a fondé une centaine de dojos et un grand temple près de Paris, la Gendronnière, qui est devenu le centre de notre école. Maître Deshimaru est mort en 1982 et depuis, ses anciens disciples, dont Philippe Coupey,
perpétuent l’enseignement de leur maître.
Philippe est l’éditeur de deux livres sur l’enseignement de Maître Deshimaru, disponibles à l’entrée. L’un d’eux, La Voix de la vallée, est épuisé. Il a été plus ou moins mis à l’index aux États-Unis, car il contient des critiques concernant d’autres écoles… Peut-être que Philippe en parlera.
Ensuite, un débat peut être ouvert — nous ne sommes pas ici pour proclamer la pure doctrine du zen. Vos questions sont les bienvenues.
Le Vide
Ph.C. : Je crois qu’il a fait un très bon discours ! Il m’a donné quelques idées…
C’est vrai, j’arrive juste de Paris et comme j’entrais dans l’aéroport de Hambourg, j’ai dit à ma secrétaire, « Mon Dieu, je n’ai rien préparé pour cette conférence et ma tête est complètement vide ». Et ma secrétaire a dit : « C’est très bien, ça ! » (Rires.) Alors j’ai réfléchi un peu à ce sujet.
Le vide est juste un changement continuel. Et dans un changement continuel, il n’y a rien. Il n’y a rien de personnel, il n’y a pas de pensées personnelles. Voici mon état d’esprit à cet instant. Je ne sais pas ce que je vais vous dire. J’ai essayé de me souvenir de quelques-unes des déclarations faites par Uli, ainsi je pourrais piocher dedans…
Il n’avait pas de temple.
Oui, j’ai rencontré Maître Deshimaru en 1972. Il était disciple de Kodo Sawaki, dont vous pouvez voir l’image partout ici ce soir. Ce fut un grand maître, et en fait il n’avait pas de temple. On l’appelait « Kodo sans demeure ». Il voyageait juste d’un lieu à l’autre. J’ai été surpris quand j’ai entendu qu’il avait coutume de voyager avec une pleine remorque de livres. Je suppose que c’était pour avoir, lui aussi, des idées quand il devait parler.
Maître Deshimaru continua de la même manière. À la toute fin de sa vie il créa le temple de La Gendronnière, mais je ne crois pas qu’il avait l’idée d’un temple/monastère tels que certains en développent aujourd’hui en Occident. Il n’avait pas vraiment beaucoup de structure externe qui le contrôlait d’une quelconque manière.
Il n’avait qu’un très petit rapport avec la Sotoshu (la Sotoshu est comme le Vatican). Il n’était même pas reconnu par eux. Mais aujourd’hui, ceci apparemment est en train de devenir très important : non seulement faire partie d’une structure — ce qui est nécessaire, je suppose — mais entrer dans les situations extrêmes de ces structures, entendez par là des monastères, ou temples, où l’on vit et pratique.
Une chose est vraie : tout le monde pratique dans le zen. Que l’on soit dans un temple ou en dehors, comme moi, la pratique de l’assise est absolument cruciale et essentielle. Mais on doit se montrer très prudent, je pense, sur le fait de se retrouver dans de telles structures.
Le zen a commencé avec Bouddha. La transmission a commencé quand Bouddha a tourné une fleur dans sa main et que Mahakashyapa, son plus proche disciple, a souri. C’est un commencement très beau, délicat, parfumé. Pourtant, Bouddha est mort sans avoir vécu dans un monastère.
Les monastères ont réellement commencé après sa mort. Après que Bouddha est mort, ses disciples ont composé les premiers sutras de mémoire. Et ils ont vécu dans des monastères, avec toutes les règles que cela comportait. Ils comprenaient l’enseignement du Bouddha comme étant un enseignement de discipline et de foi : foi dans le Bouddha, foi dans les autres bouddhas avant lui.
– Suite de cette soirée : lien www.zen-road.org
Commentaires sont fermés