« Deux courants se sont toujours affrontés dans l’histoire du bouddhisme, et rarement réconciliés : il s’agit de l’approche subitiste et de l’approche progressiste. L’approche subitiste est celle du Ch’an chinois, du Zen japonais, du Mahāmudrā et du Dzogchen tibétains. Il s’agit d’une approche non duelle à double titre. D’abord au niveau du ‘fruit’, de l’aboutissement du chemin qui est désigné comme l’identification avec l’esprit du Bouddha, et où toutes les structures dualistes s’évanouissent, au-delà des paires d’opposés. Mais elle est non duelle également au niveau du ‘chemin’ dans le sens où elle ne postule pas une séparation entre la dimension inconditionnée, l’état de Bouddha, et la dimension conditionnée, celle de notre existence normale. Elle ne parle pas d’un chemin à parcourir pour atteindre cette dimension inconditionnée, mais nous invite à y entrer de plein pied, directement. Il y a union entre les deux dimensions dès le départ.
Cette approche non duelle et subitiste est particulièrement digne d’intérêt car on ne la retrouve que rarement dans notre culture judéo-chrétienne. L’approche progressive, plus orthodoxe en contexte bouddhique également, est celle du bouddhisme ancien, et des courants et pratiques majeures du Mahāyāna, notamment au Tibet après la défaite des courants subitistes au Concile de Samyé. » (source)